Interstellar, ta gueule à la récré !
J'avais promis à Laurent Genefort, Nicolas Barret et Pixel Somnium de dire ce que je pensais d'Insterstellar.
En sortant, le Guéridon (1) et moi, on fumait.
De rage.
Fous furieux tous les deux.
Du coup on s'est partagé la besogne à lui le technique et la psychanalyse,
à moi le rêve de l'espace...
BRISÉ
Ça partait bien pourtant :
Papounet allait chercher l'exclusion temporaire de Fifille qui s'était battue pour avoir défendu l'idée selon laquelle les hommes s'étaient bien posés sur la lune, contrairement à la propagande gouvernementale.
On voyait bien ce tas de gros crétins piétiner l'histoire de l'espace au nom de son inutilité supposée, à quoi Papounet, ingénieur à la mâchoire rabotée, opposait l'IRM qui aurait pu sauver sa propre femme jadis, s'il en était resté un en fonctionnement (Mais pourquoi ils fonctionnent plus ? C'est pas clair...) comme preuve que l'espace avait apporté de grandes choses à l'humanité.
(Déjà, ça puait l'excuse à la con, le "je-vais-honteusement-dans-l'espace- mais-si-si-je-vous-jure-que-ce-sera-utile" mais j'étais naïve, j'ai rien vu venir.)
Je bichais, tout en me disant que récemment encore je m'étais fritée sur ce thème avec un poteau (Coucou Nico Blondeau comment va Philae ?) et je me demandais ce qui s'était passé sur cette planète depuis mes vingt ans pour qu'on ait jeté à la poubelle des hubris scientifiques de l'humanité (Pas très loin de la théière qui brûle pas les doigts et qui en fout pas partout.) une de ses plus belles, plus pures rêveries de savoir, celle qui me pousse parfois à flirter avec la métaphysique.
(C'est dire !)
Puis, tout va bien, la Nasa revient en force, Papounet file dans l'espace pour tester le plan A à savoir trouver la nouvelle planète qui accueillera l'humanité suffocante.
(Vous ne voulez pas connaître le plan B -- bien qu'il soit le seul rationnel au départ mais baste -- d'ailleurs les héros non plus pendant les 3/4 du film, alors que vous spectateur vous avez pigé à la première seconde.)
Et là paf !
Commence la Grande déception.
Nolan n'aime pas l'espace.
Il s'en fout.
Il s'en balance à un point tel, que c'est vachement plus cool de nous montrer un bon quart d'heure de messages poignants qu'ils reçoivent de la Terre, plutôt que Saturne, ses anneaux, son mignon trou noir tout neuf.
Mais alors il s'en carre tellement que pendant la plongée dans ledit trou noir... Ben on a quoi en gros plan la majeure partie du temps ?
Les visages figés de ses héros derrière le plexi des casques avec les loupiotes bleus clignotantes virant à l'orange des fois qu'on ait loupé l'allusion à 2001.
Sisi.
(Enfin, ils sont censés incarner l'angoisse et l'anticipation émerveillée en même temps.)
Moi, je voulais VOIR CE FUCKING TROU NOIR, virez-moi ces macaques maquillés au LED !
Et tout le temps, mais TOUT LE TEMPS, on vous oppose la philo à deux balles du grand-père bougon-mais-qui-a-les-pieds-sur-terre-LUI avec celle, forcément perverse, de ces gros salopards mégalo-homicides de la Nasa.
Et le message du truc , c'est quoi ?
Oh ben le Kansas, c'est quand même vachement plus mieux.
Et quand on aura l'anti-gravité, ben on pourra aller jouer au base-ball dans l'espace.
Qu'on ne verra pas, parce que comme décor, on a droit à un village mormon du fin fond du Kentucky, c'est plus cosy sur une station spatiale.
Interstellar, le film sur l'espace que l'espace on s'en branle.
Peut-être que Kubrick en avait un poil trop fait dans le genre, je veux bien, mais là c'est tout l'inverse.
Pour résumer ma pensée :
Gravity (pour ne pas le citer) est un très grand film sur l'espace, Interstellar est un (très grand?) film sur les casques de cosmonautes.
Avec des robots sympatoches, c'est vrai, mes seuls sourires du film.
Quand je cessais de baver.
Et faut VRAIMENT que les Américains arrêtent de regarder le Magicien d'Oz en boucle, merde.
(1) à titre d'info, le Guéridon est l'homme plein de courage, de grâce et d'abnégation qui me fait la joie de partager mon quotidien et mes nouilles au beurre.