Le bébé avec l'eau du bain... *

Publié le par Jeanne-A Debats

Le bébé avec l'eau du bain... *

Oui, le viol est une arme de domination, oui les mecs arrivés de Syrie ou d'ailleurs sont peut-être encore plus susceptibles d'en commettre que nos propres salopards.
(Parce qu'ils viennent d'endroits violents et qu'ils n'ont pas survécu pour rien, parce qu'ils sortent d'une culture encore plus patriarcale, parce qu'ils ont des revanches à prendre et que les femmes sont toujours en première ligne pour payer ce genre d'addition.)
ET :
(J'ai pas dit "mais")

Nuançons nos propos, ne servons pas la soupe à l’extrême droite qui va en profiter pour virer d'autres femmes (les syriennes et autres réfugiées) elles aussi victimes du patriarcat. Les ONG qui travaillent dans les camps de réfugiés occultent assez facilement ce problème devant les "urgences vitales"
(Et ça c'est NOUS voyez-vous, quand on ne fait pas gaffe, quand on ne signale pas dès l'entrée que nous protègerons les femmes, parce que c'est n'est pas un problème URGENT. Vous voyez le message qu'on envoie aux jeunes mecs de ces endroits ? "Vous pouvez violer les vôtres" . De là à passer à "Vous pouvez aussi violer les nôtres", il n'y a qu'un pas.)

Mais hélas depuis toujours, on vit la bonne vieille hypocrisie : il y a les femmes qu'on peut violer, les pauvres et les putes, et puis les gentilles bourgeoises. Et ça c'est TRES MAL. Non là, y'a que leurs maris.

(C'est pourquoi je suis abolo : dès lors qu'on peut acheter le ventre d'une femme, ça signifie qu'on peut acheter le mien tout autant. Que je suis un objet. Mais il se trouve que je suis un objet "de luxe", alors les migrants pas touche. L'hypocrisie patriarcale elle est là : il y a les femmes respectables qui sortent pas en minijupe et qui se vendent "pour un anneau d'or" et les autres qui se vendent pour trois euros et qu'on peut prendre si on veut, le gibier tout venant. )

(Je suis rapide là, je sais)
(Autant le dire illico : je ne crois pas à la mixité dans les situations de crise extrême.)


Rappelons que les migrants ne sont pas UN groupe mais un ensemble d'individus disparates venus de partout qui ne devrait pas porter les agissements de quelques-uns comme la marque de ce qu'ils sont.

Je suis scandalisée par ces vagues de viols et d'agression, ET presque autant par l'instrumentalisation qui en est faite. On parle de silenciation des femmes au nom de la cause. (Et c'est vrai directement : voir l'histoire de la militante ONG allemande découragée de porter plainte)

Mais ce qu'est en train de faire l'extrême droite est une autre forme de silenciation indirecte : c'est pas le patriarcat, c'est pas eux -- dont pas les 1000 mecs allemands par jour qui vont dans ce clandé en Allemagne -- ce sont les réfugiés les agresseurs -- (TOUS les réfugiés) la cause des femmes comme arme du racisme.

IL FAUT NUANCER bordel. Refuser les réponses simples qui peuvent se résumer dans les coms à "Fusillons ces socials traitres bisounours qui nous mettent en danger en acceptant les réfugiés", sisi je l'ai lu un nombre hallucinant de fois depuis ces affaires.

Affaires qu'il FAUT porter au grand jour, plaintes qu'il FAUT déposer, ET aussi se livrer à des actions de sensibilisation dans les camps (là je suis pas sure que ça marche, justement parce que ce ne sont pas UN groupe mais des gens de partout, et que contrairement à ce que NOS discours européens laissent croire, nous ne parlons pas à UNE communauté). Il faut poursuivre ces hommes et les mettre en taule, comme nous ferions pour les nôtres, parce qu'ils sont devenus les nôtres.

(Eh oui)

Parce que l'alternative, c'est qu'on laisse des gens se noyer en Méditerranée ET que les femmes soient quand même violées. Les syriennes ou nous, les syriennes ET nous.
Les bonnes femmes, quoi.
Et ça, c'est insupportable.
Repassez-moi du homard.
Merci.
Bisou.

 

* C'est de très mauvais goût, j'en conviens aisément.

Militance

Publié dans Mauvais esprit

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Et la silenciation, c'est aussi et encore et toujours le déni, le "ça n'existe pas chez nous" . Le nez devant les faits, évidemment, les responsables sont bien obligés d'admettre (un peu ) et "mettent en garde les femmes": "Protégez-vous un peu que diable, TENEZ VOUS A DISTANCE ". Elles font comment pour se tenir à distance, si on les encercle en groupe? Dire dans le même souffle, "Hélas, c'est la manifestation d'un phénomène de société que la police connaît déjà (ahaha le phénomène des migrants étant plus récent, on retombe dans une vérité historique gênante ! ) mais à une moindre échelle au cours de festivités populaires, le dire AVANT, appeler tout le monde à être solidaires, actifs, réactifs, prompts à intervenir et à appeler les secours., donc autoriser à intervenir dans un monde où les gens n'osent plus le faire, encore plus peur de se voir coller un procès que de prendre un mauvais coup). Bref éduquer la société !
Répondre