Censure dans l'ascensoeur spatial.e

Publié le par Jeanne-A Debats

Mes bien cher.ère. s frère.s zé mes soeur.e.s

La situation est grave et l’écriture inclusive nous tuera tous ! Alerte à Malibu, les féminazghul.e.s sont là ! Leur.e.s cisailles rouillé.e.s tentent de découper nos couill.e.s en tranche.s.[1]

Mais le pire n’est pas là, non le pire , c’est quand un.e allumé.e se met en tête de revoir les vieux dessins animés de notre enfance[2], ou ose s’attaquer à un chef d’œuvre classique en le revisitant sous l’angle du sexisme, voire sans pudeur, allez c'est gratuit, sous l’angle des violences faites aux femmes[3].

La saloooope !

 

[1] Bon, j’arrête mes conneri.e.s, oups !

[2] La Belle au bois dormant, au hasard. Qui met en scène un type embrassant une femme inconsciente, agression sexuelle (5 ans et 75 000 € d’amende.)

[3] Blow up, au hasard. Qui met en scène un type qui violente des modèles nues. (5 ans et  75 000 € d’amende.)

 

Dites, il faudrait vous calmer et cesser de réagir comme si on vous cassait vos jouets, les gens. Ou qu’on « brisait vos rêves d’enfants ».

Moi aussi, j’ai peur de relire ou revoir certains livres ou films qui enchantèrent ma jeunesse.

Le petit père Robert Merle[1] par exemple, un de ces écrivains qui m’ont formée, accompagnée toute ma vie, jusqu’à ce que nous rompions unilatéralement à cause de Fortune de France. Je ne jurais que par lui aux alentours de mes 16 ans. Je n’ose plus ouvrir ces pages pourtant lues et relues. Parfois, il me remonte des phrases, et le rouge de la honte et de la colère les accompagnent sur mon front : comment est-ce que j’ai pu MARCHER à... ça ?

2001, l’odyssée de l’espace, un des films de ma vie : quasi pas UNE nana, sauf une vague scientifique qui échange trois mots en russe et "l’hôtesse du vide" qui range des stylos dans les poches des mecs endormis. [2]

 

[1] Les femmes dans Malevil : pas une pour rattraper l’autre, toutes viande à mec. Sauf une, la prof d’allemand  imbaisable et névrosée. Bravo.

 

[2] Yes ! Dois-je y voir une métaphore sexuelle ?

Prise sur le fait, la coquine !

Prise sur le fait, la coquine !

Alors, oui 99 pour 100 de la productions fictionnelle du MONDE (voire de l’Univers) transporte de bons relents nauséabonds et sexistes[1]. Depuis 5000 ans.

Deal with it et acceptez qu’on le montre.

Personne ne songe à brûler Homère, Perrault, Shakespeare ou Antonioni. Même pas Céline, allez, c’est vous dire si c’est dangereux.

EN REVANCHE, je suis persuadée qu’il est important que nous regardions et pointions ces productions anciennes sous cet angle. Cela ne doit pas en être la seule lecture, bien sûr, il ne faut pas zapper le contexte, MAIS il ne faut pas non plus se laisser susurrer par la fiction que c’est OK d’embraser une fille pas enthousiaste parce qu’à la fin, elle dira oui.

 

[1] Quand c’est pas raciste, validiste, grossophobe, transphobe, homophobe, antisémite, islamophobe, lesbophobe, biphobe, panphobe, polyphobe, SFphobe et j’en passe des meilleur.e.s, des grave.s et des salé.e.s.

(Et là, il la coince contre le mur, malgré le fait qu'elle lui ai explicitement demandé d'arrêter)

C’est dangereux, parce que c’est ainsi qu’on construit un inconscient, c’est ainsi qu’on raconte qu’une agression n’est pas une agression mais un acte d’un romantisme échevelé.[1]

Ça ne coûte rien de le démontrer pourtant, comme énoncé plus haut, on ne va pas jeter tout ça aux ordures, ni le retourner, ou couper des scènes. Ne serait-ce que parce que en dehors de ça, parfois, le texte ou le film sont excellents.[2]

Mais si on en parle, on désamorce. Si on pointe « ça, c’est sexiste, ce n’est pas plus réaliste qu’un film porno et une femme qui dit non, pense non, en vrai dans la vraie vie . », eh bien, on murmure à l’inconscient des gens que « Oui vraiment ça n’est que de la fiction pensée dans des époques au contexte différent. Cela ne doit pas dicter, même inconsciemment, nos comportements. »

Car oui, la fiction manipule nos comportements. Quand je vois mon fils, le Grem, autiste de son état, ressortir de bon vieux préjugés sexistes à sa sauce perso, je n’ai pas besoin de chercher loin le coupable : mon regard glisse vers l'écran allumé diffusant son dessin animé préféré.[3]

Déconstruire ces conneries avec lui n’est pas une partie de plaisir, je vous jure. C’est pourtant nécessaire.[4]

 

[1] Sans parler de 50 nuances de Gray, qui est une glorification constante du viol et du harcèlement, et qui n’a pas la moindre excuse SAUF que le bouquin fait justement la synthèse ultime des putritudes qu’on nous fourre à tout.e.s dans le crâne depuis le début des temps.

[2] Définitivement PAS 50 nuances qui a l’air d’avoir été écrit par mes 4° sous acide.

[3] En ce moment La Belle et la bête, je ne vous livre pas la grille sexiste^^

[4] Ne serait-ce que pour l’empêcher de m’acheter du PQ rose au motif que je suis une fille.

 

 

(je préfère le Cocteau mais c'est pas mieux, qu'est-ce qu'il fout à l'espionner pendant son sommeil ?

(je préfère le Cocteau mais c'est pas mieux, qu'est-ce qu'il fout à l'espionner pendant son sommeil ?

A côté de cela, on peut voir toutes les vraies censures s’imposer :

La clope dans les films (plan fumeux du ministère de la culture) ou dans Lucky Luke, par exemple. Ou bien, plus loin de nous, des livres qui ont le front de présenter des thèses évolutionnistes, ou du simple cul.

Et je comprends qu’on s'inquiète :

« Où est-ce que ça va s’arrêter ? Freinons des quatre fers pour TOUT ! »

Quitte à plonger tout droit dans le déni de réalité.

Quitte à défendre au nom du droit à « rire de tout » , un connard télévisuel qui se croit drôle en faisant une vanne ignoble sur les femmes battues et qui nous joue les calimeros dépassés par l’ampleur du désastre. Tandis que les « Je suis Charlie » ressortent de sous les pavés gluants.

Eh bien non, lui, il n’a pas l’« excuse du contexte » , les gens. Il n’a pas l’« excuse de l’art » . Qu’il vire et direct.

Sans bisou magique.

Comme tous ceux qui, consciemment désormais, propagent une culture du viol sur toutes les ondes et sur tous les papiers.

Censure dans l'ascensoeur spatial.e

Soyons clairs : nous sommes tou.te.s sexistes, tou.te.s.

Même moi.[1]

Nous avons été formés par ces textes, par ces images. Notre inconscient érotique ou social s'en est nourri. Y échapper est un combat constant. Souvent contre nous-mêmes.

Il est temps de relire nos classiques, de les expliciter sans peur, sans culpabilité de les avoir aimés, sans déni, sans crainte de les revisiter sous l'angle du sexisme qu'ils transportent et sans cesser de les aimer pour autant. Ce serait nous détester nous-mêmes.

Allez en paix.

Bisou


[1] J’ai beau me surveiller comme le lait sur le feu, je sais que j’en demande plus à mes élèves filles qu’à mes élèves mecs. Au motif apparemment cool, que pour elles ce sera plus dur et que je les veux aussi indépendantes que possible. Mais en attendant, je ne leur passe pas grand chose et je laisse les gars dans leur merde (« Ils s’en sortiront toujours ») (Sauf que non, et c’est injuste pour tout le monde.)

 

 

 

 

 

 

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C
Très intéressant (je me sens toujours mal à l'aise en revoyant certaines scènes de Star Wars ou de Blade Runner).
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