Zut, Umberto Eco n'est pas mort ET JE SUIS TRÉS DÉÇUE !
Pas qu'il soit encore en vie, hein ?
Je ne veux pas la peau du type qui a écrit Le Nom de la Rose, quand même pas.
Mais dès le deuxième post dans cette catégorie, il m'oblige à rompre une promesse que je m'étais faite sous votre nez : ne dire que du bien des livres dont je causerai.
Et là, avec Le Cimetière de Prague, ben, c'est fichu, je ne peux pas. Oh, c'est divinement écrit, prodigieusement documenté, parfois on voit passer Dumas (avec son pantalon) et JE ME SUIS FAIT SCHMIIIIIIIIIIIIREUH....
Terrible.
Affreux.*
Je ne crois pas au personnage, que voulez-vous ? Il est tellement antipathique, sans l'ombre d'une lumière (à la page 170) que je ne peux plus continuer. Je m'ennuie, j'attends qu'il crève, ce n'est quand même pas normal ! Même dans La Mort est Mon Métier (Merle), j'étais parvenue à empather avec Rudolf Hoess, c'est dire...
Mais là, ce n'est juste pas POSSIBLE. Le héros est tellement con, borné, veule, fourbe, fou, anti hommes, femmes, enfants, chats, chiens, guéridons, que non.
Il n'est même pas -- et c'est le comble -- crédible, à ce stade. Du coup, on s'en tape de ce qui lui arrive, on se fiche de l'histoire de l'italie, on en a rien à carrer du Manifeste des Sages de Sion, parce qu'on n'avale pas une minute que cet abruti manipule quoi que ce soit dans l'ombre : IL N'EXISTE PAS.
(En tout cas, on se dit qu'on préfère qu'il n'existe pas, puis on pense à la Norvège, et on se dit brrr, c'est pas si évident.)
Bon, on peut se dire que Eco en a sûrement remis une louche, voire une pelleteuse, pour que les mals comprenants, sachent immédiatement que non, lui, Eco n'est pas antisémite, mysogine, raciste, confit dans le christianisme le plus hypocrite, le plus répressif et le plus épais, etc, etc.
Que le livre se positionne contre tout ça justement (Et on le comprend d'être précautionneux, quand on voit le "Malentendu Starship Troopers", au hasard. ).
Mais non, non, non et non, je suis navrée, mais trop c'est too much, vous n'auriez pas dû, colonel Jones !
À un moment, même le traducteur craque. On sent qu'il n'en peut plus de ce sale mec. Il lui fait dire "flic"** ou "fric"**', je ne sais plus, mais ce dont je suis à peu près sûre c'est que ce mot-là est une erreur de traduction, compte tenu de l'ambiance générale, du ton et du style superbe de ce même traducteur.
Cela dit, le héros non plus ne s'aime pas, alors le lecteur serait un saint, s'il y réussissait.***
Or moi j'aime les persos, j'ai besoin d'aimer au moins un petit poil les persos pour m'intéresser à ce qui leur arrive.
donc bon.
NON.
Voilà.
Un conseil, si vous avez envie d'Italie au mois d'Août relisez Giuseppe Tomasi di Lampedusa.
Le Guépard, c'est toujours aussi sublime.
D'ailleurs, j'y retourne immédiatement...
* Ma seule consolation, c'est qu'il y a forcément quelqu'un dans le monde qu'un de mes bouquins fait chier quelque part. C'est bas comme revanche, j'en conviens, je ne dis pas que c'est juste, je dis que ça soulage.
** et **' dans les deux cas, ça colle bien avec le sujet du roman.
*** Et mes prétentions à la sainteté, vous vous en doutez, sont assez minces...