Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un diamant gros comme le Ritz (bis) Francis Scott Fitzgerald

Publié le par Jeanne-A Debats

 

livresJ’ai le regret de vous annoncer la fin tragique de Francis Scott Fitzgerald à l’âge approximatif de 44 ans*, il y a environ 63 ans*’. L’auteur de Gastby le Magnifique n’est plus à présenter, aussi ne le ferai-je point, d’abord parce que ça m’arrange, ensuite  parce que, pédago dans l'âme, je crois à la nécessité des recherches personnelles en cas de coup de foudre soudain pour un nouvel intérêt obsessionnel, de plus, ça m'arrange une deuxième fois et parce que , surtout, pour finir, je ne pourrais rien vous dire que vous n’apprendriez sans mal de notre ami Wikiqui S. Eplanteparfois-Maipassissouventqueça.F. Scott Fitzgerald, 1921

(Pour ceux que ça titillerait quand même, son histoire ainsi que celle de sa femme Zelda fut follement romantique, façon entre-deux guerres, au point que c’est un réel truisme** que de le dire, de même que d’ajouter qu’ils furent les héros de leur propre roman****)

 

 

 

 

 

Un diamant gros comme le Ritz est une bonne grosse nouvelle d’environ cent mille signes, peut-être un peu plus, limite novella.

Elle raconte l’histoire d’un descendant de Washington ayant découvert une (littéralement) montagne de diamant qui se terre, paranoïaque, dans le palais voisin du trésor en compagnie de ses esclaves, de son fils et de l’adorable Kismine.

 Tout va très bien dans le meilleur des mondes clos et quand, par hasard, un étranger s’avise de tomber dessus involontairement, on s’en débarrasse sans trop d’états d’âmes. Jusqu’à ce que le fiston invite un de ses copains de classe…

Zelda Fitzgerald, 1922

L’intérêt de cette nouvelle est tout entier dans l’atmosphère fantastique, mythologique, que Fiztgerald tisse petit à petit, en commençant par la toponymie déjà (Ville nommée Hadés, Collège Saint Midas), puis qui glisse lentement mais implacablement vers la démesure, la richesse invraisemblable de Braddock le père, ses solutions ultimes pour la conserver, et le désastre annoncé d’une pleine piscine d’hubrys dans laquelle on plonge à sa suite, au point de tenter de négocier avec Dieu...******

Et c’est toujours à la fin de ce genre de nouvelle, que je me pose deux questions :

a) Comment les gens font-ils pour ne pas voir que c’est de la SFFF ?*******

b) Le rapprochement avec les histoires de « mondes perdus » ou Ridder Haggard est-il si difficile que cela ? Pourquoi est-ce que j’entends dans la voix de Braddock des accents de Celle-qui-doit-être-obéie ?

Ah oui, mais non, pardon, ce n’est pas de la SFFF, c’est une fable philosophique. Bon sang, mais c’est bien sûr !

Cruché-je !

Navrée.

288px-Rolls-Royce Spirit of Ecstasy 


 

* Je ne sais pas compter.


*’Toujours pas.


** Hop un truisme !


*** Hop, un deuxième !****


**** Jusqu’à trois je sais, après je compte en troll :

 Un, deux, trois, beaucoup, puis beaucoup-un, beaucoup-deux, beaucoup-trois… etc, jusqu’à des tas, des tas-un… bref !*****


***** On peut compter en marronniers aussi, je pense, mais ça prend plus de place.


****** Qui, dans cette histoire, a clairement appris à négocier au Marché Égyptien d’Istanbul ou avec Bruce Willis dans le Cinquième Élément.


******* Parmi les gens qui haïssent cette nouvelle********, il serait intéressant de connaître ceux qui font également profession de détester la SFFF.*********


******** Il y en a et c’est leur droit.**********


*********Je vous le dis tout de suite : dans ma famille de fous, on approche un joli 99 pour cent, sauf le snob de service qui ne parviendra jamais à avouer même sous la torture qu’un texte de Fitzgerald le fait suer.***********


********** Si !


*********** Moi, j’y arrive très bien. Cf : « Le propos de Gastby le Magnifique m’emmerde, rien à battre du malaise des parvenus face au rejet de la jet-set de l’époque ! En revanche, quand Fitzgerald m’emmerde il le fait avec style, ce qui n’est pas donné à tout le monde.************ Cela dit, ça ne le sauve que pendant dix minutes… »*************


************ Seulement à Proust et à Flaubert.*************


************* Un /e troll/esse velu/e s’est glissé/e dans ces lignes, Lectrice/teur, ma/on semblable, mon/a frère/soeur, sauras-tu la/e dénicher ? *************’


*************’Et oups, un/e autre !


************** Et à quelques auteurs ou romancières*************’’ encore en vie à qui je ne veux pas retirer le beurre des nouilles**************


*************’’ Et oups, un/e autre !


************** Eco, ça ne compte pas, il a sûrement de quoi s’acheter une motte de beurre grosse comme le Ritz.

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos :

1. Francis Scott Fizgerald, 1921, par Gordon Bryant pour Shadowland magazine

2. Zelda Sayre Fitzgerald, 1922, par Gordon Bryant pour Shadowland magazine

3. Spirit of Ectasy in front of a Rolls Royce Silver Shadow par Dan Smith. Licence Creative Commons

Partager cet article
Repost0

Un diamant gros comme le Ritz.*

Publié le par Jeanne-A Debats


Pour ceux qui ne sont pas au courant, vu que je le clame à qui veut l’entendre, je suis actuellement à Istambul, non loin de l’hôtel Pera qui vit passer Hemingway et qui prétendait avoir reçu Agatha Christie* les dix jours où elle disparut mystérieusement et revint avec l’intrigue du « Crime de l’Orient-Express », tandis que son mari faisait des pieds et des mains pour devenir son ex.

Moi, j’aurais été ce monsieur tout de même, j’aurais hésité : quoique sans doute invivable (et pour cause) (mais pas sûr), la dame avait déjà tué virtuellement quelques trentaines de gens. Donc demander le divorce, voire ; mais de trois mille bornes, pas de Brighton. Bon, je suis mauvaise, la pauvre Agatha était trop atterrée pour songer à supprimer le traître ; même les plus grandes ont leurs faiblesses…

En tout cas, j’ai l’impression que la partie d’Istambul où Agatha aurait pu trainer et où Hemingway a sûrement vomi n’a guère changé depuis leur passage, internet en plus.  Il se pourrait même que des descendants infiltrés de Vlad Dracul y espionnent encore l’ennemi :


2011-08-10 16.13.36

Cela ne vous fait pas l’effet d’une belle demeure de vampires ? Surtout le lourd rideau rouge au deuxième ?********


Istambul est exactement ce à quoi je m’attendais : du marbre et de l’albâtre toiturés de tôle, du plâtre redoré à l’or fin, tout cela dans des tons bleu passé, des pourpres délavés sous des lustres monumentaux cernés de miroirs et étincelants de pampilles. Notamment celui-ci, offert par la reine Victoria au Sultan qui menace depuis le plafond du palais de Dolmabaçe et qui est, je crois, le plus grand du monde.*******lustre à Dolmabaçe

 En fait, la seule chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est ça : les pampilles.

Je ne pensais pas qu’un jour on m’amènerait à reconsidérer ma vision des pampilles, moi qui ai choisi la Voie de la Pampille, il y a fort longtemps, et qui me croyais ceinture noire 150ème  dan en la matière.

Je vous ai dit que j’adorais les pampilles ?

Chez moi, il y en a partout, des cristaux aussi, des fleurs de pierre ou de faïence soutiennent des boules de noël anglaises farfelues, des danseuses en porcelaine de Dresde font la nique aux masques d’orcs sur des coffrets à jeux d’échecs russes, tout cela sur fond de miroirs de Venise et de toiles de Jouy.

Genre ça :

Photo 004

Je m’imaginais kitsch, moi.

Mais je m’avoue vaincue, haut la main, et par des experts millénaires. Personne ne battra les Turcs, sauf peut-être les Viennois et encore.

J’ai rendu les armes devant ceci :


spoonmaker-diamond(Il est encore plus gros que ce que vous voyez, sisi)

 

D’ailleurs, pour bien le voir, j’ai été obligée de remettre mes lunettes de soleil. Je vous jure que c’est vrai : ce bidule étincelle tant qu’il est impossible d’en distinguer les détails à l’œil nu.

Ceci, c’est le diamant Spoonmaker, celui que Melina Mercouri et ses potes négligent au profit de la dague du Sultan (pas mal non plus**) dans Topkapi, le film de Dassin.***

Topkapi-1964

 

 

 

 

Son nom vient de ce que l’escroc qui l’avait acheté à son découvreur,  un pauvre pécheur (ou fermier, ça dépend des versions), l’avait échangé contre des cuillères*****. 

Les pauvres sont crétins, que voulez-vous ?

(C'est sans doute la raison pour laquelle ils sont pauvres.)

Voilà, les voyages forment la vieillesse et j’aurais appris au moins une chose : mon intérieur est sobre, mon intérieur est zen, et peut-être même feng shui. Je n’ai plus qu’à devenir bouddhiste et suivre la Voie du Design Postmoderne ******.


 

 

 

* Je demande pardon à Francis Scott Fitzgerald pour l’emprunt et lui promet en échange, puisqu’il est mort  (vraiment), une chronique de cette nouvelle fantastique fantastique **** dans Requiescant in bibliotheca, en échange.


**  dagueN’est-ce pas ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*** Dassin Jules, pas Dassin « Voilà les Dalton ».

**** Non, c’est pas un doublon.

*****L’histoire ne raconte pas combien de cuillères ; à ce stade, il y avait pourtant sûrement de quoi donner la becquée à quatre ou cinq générations de terriens ou s’évader de Guantanamo en creusant un tunnel sous l’Atlantique.

******Appartement meublé d’un matelas, deux oreillers, un portable. Eventuellement, une litho d’Andy Warhol au mur.

******* Preuve que les Anglais, quand ils s'y mettent, peuvent être super forts en pampilles également.

******** Je crois que les Turcs les ont repérés aussi, car en ce moment, ils se documentent à mort sur les vampires : la bit-litt fleurit avec encore plus de bonheur sur les étagères stambouliotes qu'à Paris.

Publié dans Omphalos

Partager cet article
Repost0

Hell is living without you

Publié le par Jeanne-A Debats

 

Publié dans Butins et zappings

Partager cet article
Repost0

Le mammouth landais s'acclimate très bien en Belgique.

Publié le par Jeanne-A Debats

 

hossegorQuand j’étais gamine et en vacances l’été, mon grand-père, le vieux djennoun, nous faisait lever à cinq heures du mat et on commençait à charger la caravane et le voilier sur son chariot. On sortait la vieille cantine militaire (parachutée par les Américains en 43) la pelle (parachutée par les Canadiens en 44) et les gilets de sauvetage (parachutés par les Anglais en 45). J’ignore si on emmenait la Gatling (Brigades internationales, 36) mais ça aurait pu être le cas, vu que les préparatifs en question renvoyaient les apprêts des futurs explorateurs de la Cloche tibétaine au rang de check-list de Vanity-Case.

Tout cela dans le brame furibard de mon grand-père et ma grand-mère, en pleine forme depuis quatre heures du matin. Ces deux-là ne surent jamais partir sereinement, ce qui est un comble quand on connaît leur nom de famille *.

Et où allions-nous comme cela, armés, bardés, sellés, bridés, tels des héros de Jules Verne ?

Oh, terriblement loin.

Au moins cent kilomètres.

Dans un petit village des Landes au bord de la mer, alors inconnu des guides touristiques en ces temps reculés.

Hossegor.

Une autre planète.

De la lande, de la dune, des blockhaus un peu partout (mur de l’Atlantique oblige)**, de magnifiques maisons basques clairsemées au bord du lac ouvert qui donne sur l’océan…

Le rêve.

Une fois arrivés après un voyage de trois heures ponctué de nausées enfantines, d’arrêts pique-nique, de pannes récurrentes (le vieux djennoun croyait s’y connaître en mécanique et la déjà antique DS faisait de son mieux pour le conforter dans cette opinion), on garait la caravane et on sortait la pelle.

Aussitôt, on se relayait pour creuser la tranchée autour de notre bivouac. Le vieux djennoun avait lu César, il trimballait donc des idées très arrêtées sur la nécessité d’un campement rationnel, avec zone de défense avancée, barbacane, prévention des cyclones et autres remparts contre les écureuils qui en ces ères révolues étaient de véritables bêtes féroces.***

On craignait également les raids de chenilles processionnaires.

Quant à moi, je m’interrogeais : Spartacus aurait-il pu prendre ce fort-là comme il l’avait fait de celui de cet abruti de Gaius Claudius Glaber ? J’en doutais. Mon grand-père ne sous-estimait jamais l’adversaire.

Puis on allait poser des filets dans le lac afin que le calvaire de ma grand-mère soit complet dès le lendemain midi : qui se taperait d’écailler les poissons myopes prisonniers de nos nasses, hein ? Je vous le demande ?

Mais je n’oublierai jamais l’odeur de plastique du gilet de sauvetage qui m’enveloppait jusqu’aux genoux**** ni la sensation agréable/désagréable du short mouillé, au fond du bateau rouge, glissant dans un crissement doux entre les joncs sur les flots couleur de lait  aux aurores.

Parfois au retour, on passait devant la jetée d’une grande maison silencieuse, très belle, blanche avec des colonnes, des colombages rouges et verts et cernée d’hortensias si énormes qu’ils en prenaient des statures de plantes carnivores et le jardin des airs de jungle primaire.

Et le vieux djennoun disait d’un ton particulier :

–– C’est la maison de Rosny Aîné.

Je le savais bien pardi, mais j’acquiesçais sans rien ajouter.

Il n’était pas besoin d’en dire plus.

Magie.

 Je voyais Helgvor du Fleuve Bleu se dissimuler derrière les pins parasols, Eyrimah se mirait dans les eaux calmes et le félin géant ronronnait entre deux pilastres. *****

Helgvor

J’ai appris depuis, lors d’une conversation avec Serge Lehman, que cette même maison avait été longtemps un phalanstère d’écrivains, Rosny y avait reçu Blasco Ibañez (Une de mes futures idoles, auteur de l’immortel « Quatre cavaliers de l’apocalypse »)***** Paul Margueritte et d’autres dont j’ai oublié les noms.

J’ajoute à l’intention d’une mienne amie qui, outre son talent dans le domaine fantastique est aussi la grande prêtresse du muffin, que l’un de ses favoris,  Julien Gracq, y passa également.

Bref.

À ce stade, vous vous demandez peut-être où je veux en venir avec mon évocation de ces âges farouches où je traînais en short dans la forêt landaise poursuivie par deux ou trois Sciurus Vulgaris (Sciuri Vulgares, pour les puristes).

C’est très simple : j’ai l’immense honneur d’être nominée cette année encore pour le prix Rosny Aîné et comme vous venez de le lire, pour moi ça veut dire beaucoup.^^

Votez donc pour moi.

plaguers

Siouplé.

Cela dit, je ne suis pas nominée toute seule, il y en a d’autres…


Romans :

- Vincent Gessler : Cygnis (L’Atalante)

Votez pour lui, Vincent est l’agité du bocal de la SF Suisse, peut-être que ça le calmera (et puis comme il n’est pas là, les votants échapperont à cette manie qu’il a d’embrasser tout ce qui lui tombe sous la main quand il reçoit un prix) et Cygnis est un merveilleux roman.

- Michel Jeury : May, le monde (Robert Laffont)

Votez pour lui, Michel est le Comte de Champignac de la SF, c’est un homme adorable et un écrivain parfait, May le Monde est un extraordinaire roman également.

- L. L. Kloetzer : CLEER (Denoël)

Votez pour lui, Laurent est le Mr Smith de la SF, son costume est une splendeur et il est très gentil pour un type issu de la matrice. (Et son roman est superbe.)

- Xavier Mauméjean : Rosée de feu (Bélial)

Bon votez pour lui, y’a des dragons, mfffffffffff. ^^

- Laurent Poujois : L'Ange blond (Mnémos)

Votez pour lui, je ne le connais pas mais son roman est très, très bon.

- Laurent Whale : Les pilleurs d'âmes (Ad Astra)

Votez pour lui, Laurent est le pirate de la SF, il a une superbe moto et des pistolets de duel, il ne peut pas être totalement mauvais, (et son roman est le meilleur space op que j’ai lu depuis longtemps)

 

Nouvelles :

 

- Oliver Castle : Atomic Girl et moi (in Super-héros !, Parchemins & Traverses)

Votez pour lui, je ne le connais pas, mais cette nouvelle valait le voyage.

- Lionel Davoust : L'Importance de ton regard (in L'importance de ton regard, Black Coat Press)

Votez pour lui, il est le paparazzi (Zo, pour les puristes) pour dauphins de la SF, c’est cool, et l’Importance de ton regard est vraiment une très belle nouvelle.

- Thomas Day : La Ville féminicide (in Utopiales 2010, ActuSF)

Votez pour lui (mffff) il est le champion ex aequo du tee-shirt improbable de la SF (avec René Marc Dolhen). (Mais j’ai pas lu ;)

- Sylvie Denis : Les Danseurs de la lune double (in Galaxies n°9)

Votez pour elle, elle est la Dame Discrète de la SF et sa nouvelle est formidable.

- Kanatas : Poussière (in AOC n° 14)

Votez pour elle / lui, je ne le/ la connais pas du tout, j’ai pas lu, mais y’a pas de raison !

- Timothée Rey : Suivre à travers le bleu cet éclair puis cette ombre (in Des nouvelles du Tibbar, Les Moutons électriques)

 Votez pour lui, il est le dieu du titre hallucinant de la SF (sans compter ses performances dans le happening esthétique culinaire) et sa nouvelle est splendide.

Bref.

VOTEZ POUR NOUS !!!!!

Siouplé.

 

 

 

 

* Serin, sisi

** Ils ont presque tous disparu, cette année, je n’en ai vu qu’un du côté de Libourne.

*** Vous ricanez mais vous n’avez jamais été mordu par un écureuil, moi si.

****Je n’avais pas exactement le format d’un FFI moyen à l’époque.

***** Dans le meilleur des cas, c’était un gouttière lacéré de glorieuses cicatrices qui régnait sur les trois jardins avoisinants.

****** Autre livre du Top Familial auquel l'héritier n'échappera pas, surnommé tendrement « les quatre Ginettes » parce qu’en espagnol, cavalier se dit « jinete ».

Oui, je sais.

 

 

 

 

 

 

(Illustrations : 1 Chamsay; 2...? 3 F.Perrin)

Partager cet article
Repost0

Aucune étoile assez lointaine...*

Publié le par Jeanne-A Debats

20Soyons claire : je n’ai rien contre le foot.

Enfin presque rien.

Si l’on s’abstient de me proposer une soirée finale de coupe du monde (même arrosée de ce thé étrange qu’on s’obstine à me servir quand je demande de la bière), si les joyeux drilles du pub en bas de chez moi évitent de tenter de me rouler un palot au motif que leur joueur favori vient de marquer un but, si le présentateur du journal de TV parvient à me glisser quelques nouvelles du monde entre deux pronostics de match, tout va bien.

Et si en prime, on renonce à m’expliquer la règle du hors-jeu que je REFUSE de comprendre depuis 45 ans, je suis prête à accepter beaucoup de choses…

Ou plutôt à les ignorer résolument, le sourire aux lèvres.

Vivre et laisser vivre, c’est ma devise, même quand des supporters plus maquillés qu’un 4X4 volé par la mafia tchétchène envahissent mon quartier en bramant « Allez je-ne-sais-qui » (mais en deux ou trois lettres).

En revanche, lorsque ces mêmes supporters se mettent en tête de conquérir l’espace, alors je dis STOP.

Je pourrais me laisser aller à une certaine forme de médiévisme non prévue par mes professeurs.

THOU SHALL NOT PASS !

 


Je m’explique.

Un certain Kronberger ** a découvert récemment une nébuleuse planétaire d’une rare beauté.

La voici :

 

 kronberger61

 

Kronberger 61***

(Photo éditée par le site CERN)

Et le site de décrire la chose comme étant EN FORME DE BALLON DE FOOT !!

Je suis outrée.

Tout simplement.

Alors je ne sais pas QUI s’est mis dans la tête que cette nébuleuse ressemblait à un ballon de foot, du journaliste ou du découvreur, mais je m’insurge.

De là où je suis, moi, je contemple :

 un cerveau, un esprit  sur fond d’étoiles.

Enfin bon, ça ne devrait pas m’étonner qu’un supporter de foot ne voie pas la différence

 

 

 

* Pardon, Serge.

** Non, pas Kronembourg

*** Sinon ce serait 1664 et non 61, suivez un peu !


 


Publié dans Mauvais esprit

Partager cet article
Repost0

Éloge de la synergie ( en pataugas) 2

Publié le par Jeanne-A Debats

HomeMais évidemment, comme le faisait justement remarquer Pierre Pevel hier, tout le monde n’a pas besoin de béta lecteurs, surtout s’il a un éditeur (et un bon).

Sauf que l’éditeur lui-même est un béta lecteur de pointe, high tech même*, et en général il est suivi par son sbire infâme, j’ai nommé : sa /son correctrice/ teur**, qui fait grosso modo le même boulot que le type de béta lecteur dont je causais tout à l’heure.

La seule chose qu’ils ne font pas, ces deux-là,  c’est celle-ci :

« Woah ,c’est bien ! »***

Puis, plus rien.

Ce type de béta lecteur bon pour l’ego, nul pour le reste, ne se retrouve jamais dans l’éditeur.

L’éditeur peut très bien COMMENCER sa phrase par :

« Woah, c’est bien… »

Et c’est là qu’il faut rentrer les épaules et attendre que le « MAIS » du Commandeur tombe. Rien de ce qui a été prononcé AVANT ce « MAIS » ne compte. Tenez-le vous pour dit et concentrez-vous.

Perso, je suis toujours tentée dans ces cas-là ( Quand on en est à « Woah, c’est bien !») de demander :

« Cut the shit, passons aux choses sérieuses ! »

Je n’aime pas perdre du temps à me faire lustrer le poil avant qu’on ne m’estoque. Mais ça, c’est moi. Mon ego, je le mets dans le livre fini, imprimé, distribué, dans les mains du lecteur. Avant, il n’existe pas en quelque sorte, il est en gestation.

Personne ne vexe une femme enceinte en lui disant :

« Là, ta gastrulation est un peu molle du genou et toutes les cellules en train de migrer vers l’épiblaste n’ont pas encore atteint le degré de maturation nécessaire. »

Ou alors, la dame est quelqu’un de TRES angoissé. ***

 

Le truc rigolo, c’est que malgré toutes ces relectures, il restera quand même des couillonnades !!!****

C’est ça qui est fou.

Un exemple ?

Plaguers.

Ce roman a été lu par une bonne quinzaine de gens différents, si ce n’est plus.

Et au dernier moment, tandis que je planchais sur le Bon à Tirer, encore une semaine et le bouquin partait à l’impression, je m’aperçois d’un truc :

Scène A

Deux personnages meurent, ils sont pulvérisés par une vague d’énergie.

Scène B

Leurs camarades emportent les cadavres censément réduits en cendres trois lignes plus haut.

ARGH.

Quinze relectures, dont quatre ou cinq de redoutables pros, et personne ne l’avait vu et moi encore moins. La seule différence, c’est que j’avais eu le temps (deux mois) d’oublier le texte tandis que les autres avaient la tête dans le guidon. Mais ce sont eux qui m’ont permis d’oublier, figurez-vous, qui ont donné au roman la part d’étrangeté nécessaire dont j’avais besoin pour le relire d’un œil neuf. L’enfant avait grandi sans moi, je me suis aperçue qu’il avait besoin d’aller chez le coiffeur.

Deux mois plus tôt, j'aurais trouvé cette longueur adorable.

 

...

(à être continué)

 


 

 

 

* Bon c’est une évidence, mais je le dis quand même : si vos 15 bétas lecteurs ont dit un truc et que l’éditeur dit autre chose, ne brandissez pas vos avis contraires comme des étendards. Discutez, si ça vous fait plaisir, mais si au bout de dix minutes, l’éditeur persiste, y’a de grosses chances que ce soit lui qui ait raison. C’est son boulot.**********

** Je trouve marrant que la plupart des correcteurs soient des correctrices, mais selon moi c’est largement corrélé avec le côté maso indéniable de l’écriture.

*** Y’a aussi l’option « Vous êtes une super star de l’édition, vous vendez à un million d’exemplaires dans 140 pays et plus personne n’ose rien vous dire car même si vous sortez un guide des tabatières des îles Kerguelen à travers les âges, ça se vendra au moins à deux millions d’exemplaires dans 280 pays.

Mais dites-vous bien un truc, si on ne vous corrige plus rien, la plupart du temps, ce n’est pas parce que vous ne commettez plus d’erreurs… (Et la conclusion, je vous laisse y arriver tout seuls^^).

**** OK, l’écrivain TRES angoissé, c’est un peu pléonastique, comme groupe nominal. Mais ça se soigne, sisi. Trouvez un/e copine/ ain (un/e bon/ne), faites-lui régulièrement vos adieux au music hall, ou crevez d’horreur parce que votre manus est en lecture et ça passera. MAIS SURTOUT, SURTOUT n’emmerdez JAMAIS un autre écrivain avec vos doutes. Il a les mêmes, ou a eu les mêmes, pas la peine de lui tendre un miroir grossissant où il aura le plaisir mitigé de se retrouver sous votre avatar.******

***** Sans compter celles qu’on a rajouté en corrigeant.

****** Bon si c’est quand même un/e très bon/ne copain/ine, bien sûr vous pouvez, ça peut même être encore plus efficace parce que là, lui/ elle saura de quoi vous parlez et aura la bonne réaction : UN PUTAIN DE COUP DE PIED AU CUL !!

 Mais si c’est juste une connaissance, évitez. Y’a pas de raison de faire souffrir des gens qui ne vous ont rien fait.*******

******* Vous ne raconteriez pas votre épisiotomie ou votre cancer de la prostate à n’importe qui, hein ? Eh bien, c’est pareil !*******

******** Ou alors, tenez un blog  et larmoyez dessus à pleins baquets : les gens qui viendront malgré tout pour vous regarder geindre seront volontaires a priori.^^

********* Un des refrains favoris de Gérard Klein (Immortel éditeur de la collection l'Àge des Étoiles et de la collection Ailleurs & Demain) est "Le client a toujours raison" **********. Or, votre premier client, c'est l'éditeur, c'est même lui qui va payer le plus cher, même s'il espère vaguement faire AUSSI du blé avec votre prose.

********** Preuve que Gérard Klein ne dit pas QUE des conneries (Il en édite aussi, mais seulement pour des raisons commerciales************)

*********** Preuve qu'il ne fait pas QUE des conneries ! ************

************Douze notes de bas de pages, Yesssssssssssssss!

Partager cet article
Repost0

Éloge de la synergie (en Louboutin) 1

Publié le par Jeanne-A Debats

 

Home« Sans technique, le talent n’est qu’une sale manie. », disait le regretté Georges Brassens à propos d’autre chose, il ajoutait que vu la hauteur des talons, un souteneur s’avérait bien souvent, hélas, un mâle nécessaire*. 


 C’est que c’est une tâche ardue que de donner du plaisir aux autres.** Surtout que, de la même manière dans le déduit, la seule chose qu'on connaisse à peu près, c’est ce qui nous fait plaisir à nous, et encore, cela, dans le meilleur des cas, on l’a appris à la dure. ***


Mais pas tout seul.


Car tout ce que la masturbation intellectuelle en solo**** risque de nous apporter, c’est d’être encore plus sourds à notre entourage.*****

Et donc, compte tenu du fait que nos ailes de géants nous empêchent de marcher******, j’avoue que tenter le décollage en talons aiguilles sans personnel au sol est une idée qui ne m’a jamais traversée.

Je garde une reconnaissance fervente à mes nombreux et précieux aiguilleurs du ciel :

 Joseph Altairac, Ayerdhal, Karim Berrouka, Sébastien Desbois, Jean-Claude Dunyach, Magali Duez, Anne Fakhouri, Denis Guiot, Menolly, les membres de l’atelier d’écriture du forum de Parchemins et Traverses, Mireille Rivalland, David Skurnick, Emmanuel Tollé  et d’autres encore que je ne nommerai pas parce qu’ils préfèrent sans aucun doute oublier ces passages pénibles de leurs vies. Quoi qu’il en soit, et malgré les aléas de la vie et de l’histoire, tous, cités comme anonymes, sachez que vous avez pour toujours une place spéciale dans mes pensées, ne serait-ce qu’à cause de cela.


Bref, tout ça pour dire que le dragon ne s’est pas envolé tout seul, juste bercé par le chant plaintif de son génie naturel, vu que le génie naturel en question possède plein de défauts rédhibitoires, notamment celui de réinventer avec une constance qui force le respect  le fil à couper le beurre, l’eau tiède et les nouilles au beurre.*******

J’ai d’abord eu des béta lecteurs.


Le béta lecteur est une sale race, je vous préviens.

 Il ne comprend rien à rien, se fait chier à vos passages les plus aboutis ou les plus poétiques (quand il les repère), croit voir une faute de syntaxe dans un tour de force stylistique, traque la virgule comme un épagneul une portée de lièvres, ou au contraire en sème des kilos, tant que vous vous demandez s’il ne les achète pas en gros chez Leroy Merdier, vous fait remarquer que si votre personnage continue à sourire comme ça entre deux répliques d’un dialogue qui dure depuis plus de deux pages et il va nécessairement souffrir de crampes atroces à la troisième, n’a pas les bases culturelles pour comprendre à demi-mot ce que vous insinuez lourdement depuis 70000 signes ou alors il les a tellement qu’il sait dès les cinq cents premiers comment l’histoire doit finir, est allé vérifier le trajet de vos héros dans une carte connue de lui seul et vous démontre par A+B que s’ils étaient passés par là, ils auraient été dévorés par une portée de blattes géantes ou arrêtés par les troupes napoléoniennes. Il sait également qu’il faut trois jours pour traverser la forêt de Compiègne en patins à roulettes et que par conséquent votre timing est déplorable.


 Il ne vous rate jamais, le béta lecteur est une ordure !


Mais n’oubliez jamais ceci :

VOUS LE NON-PAYEZ POUR ÇA ! ********

Et sa seule présence est un cadeau des dieux.


Alors, ravalez votre morgue hautaine, Routiers et Capitaines, répondez éventuellement avec humilité, que vous « aimeriez mieux ne pas », mais écoutez ce qu’il vous dit sans vous faire prendre quand vous planquerez les putains de virgules surnuméraires sous le premier tapis volant qui croisera dans les parages.


Là où le béta lecteur est extrêmement précieux, c’est au moment où il vous réécrit un truc parce que c’est comme ça qu’il le sent.


Non, ce n’est pas de l’intrusion (enfin si), mais ça n’est pas grave. Parce que hein, vous êtes grands, c’est votre texte, si ça ne vous plait pas, ne prenez pas (mais poliment). En tout cas, ce qu’il fait à ce moment là, l’intrus, c’est qu’il vous montre TRES exactement ce qui fonctionne mal selon lui. Alors, il a peut-être tort mais au moins c’est déjà clair, à vous de voir si c’est valide en prime.


L’avantage du type qui refait en un coup de cuiller à pot votre phrase si amoureusement ciselée durant des semaines de doutes existentiels sans se demander si par hasard, il ne va pas vous vexer à mort : c’est qu’il VOUS FAIT GAGNER UN TEMPS FOU !!

Parce que je ne sais pas vous, mais moi quand on me dit « Là, c’est maladroit. », ben je suis con*******, dans la mesure où la phrase est correcte grammaticalement, je ne vois pas forcément le souci.


Alors peut-être que vous ne choisirez pas la solution proposée, peut-être que vous mettrez un point d’honneur à trouver MIEUX quitte à y fondre deux ou trois neurones au motif que c’est VOTRE BORDEL DE TEXTE et que l’art doit venir tout entier de vous, (Moi, je n'ai pas ça, hein ? Si c’est mieux, je prends. En remerciant éperdument du cadeau. Mais la seule chose qui soit plus grande que mon ego, c’est ma feignasserie.) peut-être donc. Mais en attendant, vous savez où ça coince pile et parfois vous avez même une idée sur le genre de rustine à poser. Tout bénef.


Rengainez votre orgueil où vous voulez, (Non pas :  lorsqu’il s’agit d’un orgueil d’écrivain, c’est rarement anatomiquement possible.), respirez un grand coup et relisez attentivement la proposition.


Un auteur adulte n’a pas peur d’être un peu réécrit.**********

( à être continué)

 

 

 

 

* Pardon.

** Désolée.

*** Navrée, vraiment.

**** Ce ne serait pas un pléonasme, ça ?

***** Je ne peux pas m’en empêcher, c’est nerveux.

****** Bon d’accord, je change de métaphore... sans conviction.

******* Remarquez toutefois la progression nécessaire dans l’acquisition des compétences.

********  Il n’est pas exclu tout de même que vous lui offriez un café crème à la gare du RER.

********* La preuve, j'ai réussi à faire neuf notes de bas de pages parfaitement inutiles, juste parce que j'adooooooore la NdBdP

********** Bien sûr, si le type vous réécrit ABSOLUMENT tout, posez-vous des questions : sur lui d'abord, sur vous, ensuite. Mais surtout sur vous.

Partager cet article
Repost0

Aphorisme 8

Publié le par Jeanne-A Debats

C'est au pied du mur qu'on constate l'étendue du désastre.

Partager cet article
Repost0

Aphorisme 7

Publié le par Jeanne-A Debats

Personne ne s'est encore jamais avisé de la parenté lexicale entre charnière et charnier, pourtant...

Partager cet article
Repost0

Aphorisme 6

Publié le par Jeanne-A Debats

Si la cheville de Cléopâtre avait été plus grosse, elle n'aurait pas eu de cuisine intégrée.

Partager cet article
Repost0

<< < 1 2 3 > >>