Cowboys & Envahisseurs
La différence entre le paradis et l’enfer, ce sont les films1 qu’on y voit disait je ne sais plus qui2. En ce qui me concerne, je ne me plains pas : Dieu4 sait que je cherche, je ne vais pas me mettre à geindre non plus.
Donc hier, je suis allée voir « Cow-boys & Envahisseurs » avec cette attente perverse qui saisit l’amateur du BON nanar de combat attendant de voir ses espoirs les plus fous réalisés.
J’ai cru être exaucée quand après trois minutes de pellicule, le héros, perdu pieds nus en plein désert, pourtant amnésique et blessé sérieusement au côté ne pense qu’à une chose : détacher le joli bracelet inconnu5 qui lui enserre le poignet.
Ça aurait pu passer si, pour ce faire, il n’avait pas appuyé ledit bracelet sur son genou et tapé comme un sourd avec un silex, TOUT ÇA SANS SE BRISER LA ROTULE ! Merveilleux, je riais déjà.
Après, ça s’enlise un poil dans la barbe soigneusement non faite des héros, notamment celle de Harrison Ford qui reste très consommable à cent-dix ans mais campe un des ces pères autoritaires problématiques en pleine faillite pédagogique tels que les Zétazunis adorent nous présenter. Nonoobstant, à la fin, rassurez-vous, tout le monde pardonne tout le monde car tout le monde a réussi à articuler « Je t’aime, Fils/ Papa »6 sans même tordre excessivement la bouche7.
Les affaires reprennent dès l’arrivée des Apaches, même si je fus TRES DÉÇUE à un moment : le passage psychédélique n’ayant pas le grandiloquent génial du « Blueberry » de Kounen8. Malgré la collaboration très remarquée du colibri dont on se demande ce qu’il fout là.9&10
Ne vous méprenez pas, j’ai adoré ce film. Je ne me suis pas ennuyée une minute, j’ai eu des fous rires11 dévastateurs12, je ne vous le conseille cependant pas : le compagnon avec lequel je le regardais, pourtant grand fan de nanars devant l’Éternel, s’étant fermement prononcé après la séance :
« Jeanne, c’est la dernière fois que je te laisse choisir le film »
On ne saurait être plus clair.
Je ne sais même pas s’il me rappellera un jour.
Bon, mais en fait, la séance était gâchée dès le départ. Avant même que le film commence et vous savez pourquoi ?
À cause des bandes annonces.
Notamment celle de la Guerre des Boutons.
Parce qu’à mon ahurissement total suivi d’une rage bien solide, j’ai constaté :
QUE LES GLORIEUX LONGEVERNE CHARGEAIENT EN SLIP ET EN MARCEL !!!!
Et ça, c’est quand même scandaleux en plus d’être un comble.
Pour parfaire le travail, je n’arrive pas à imaginer ce qu’ils auraient pu faire, à part imaginer que Lebrac tombe amoureux de l’Aztec des Gués13.
Je ne savais pas qu’on pouvait pousser le political correct13 jusque là.
Louis Pergaud doit se retourner dans sa tombe, j’irai lui porter des œillets rouges pour le consoler.
1. Et aussi les bandes annonces.
2. À moins que ce ne soit Sartre3.
3. Ou peut-être son frère.
4. Non, ni Gérard Klein, ni Philip K Dick ne sont au courant.
5. Un peu lourdingue côté esthétique.
6. C’est marrant, mais quand on s’engueule dans ma famille de fous, le truc ne marche absolument pas.
Je vous jure, j’ai essayé. Ça donne :
« Tu te payes ma tête, en prime ? »
7. Cela dit, il est un peu exorbitant d'en demander plus à Jon Favreau qu’à Tennessee Williams ou Mc Cormick.
8. Tout le monde ne peut pas transformer des spaghettis à l’encre de seiche en concepts métaphysiques.
9. « Why the duck ? » comme disent les Marx Brothers et l’Oncle Joe depuis qu’il a appris que les canaux se pendent en Belgique quand il pleut.
10. Il revient à la fin et on n’est pas plus avancé.
11. Strictement non prévus par le réalisateur.
12. Strictement reprouvés par mes voisins.
13. Devenu fille pour l’occasion, sinon, ce n’est pas drôle.
13. Ou la connerie pudibonde, au choix.13
13. En ce qui me concerne, le choix est fait.