Fragments d'une fantasy antique
C'est une semaine assez faste pour moi que celle qui vient de s'écouler puisque d'une part "Métaphysique du vampire" vient de sortir et que mon éditeur Xavier Dollo des éditions Ad Astra m'a assuré que le livre est très beau (comprendre : "exactement comme on le voulait") quoiqu'il semblerait que l'imprimeur ait oublié le vernis sélectif.
(Sanglots.)
Bon, ça n'est pas très grave.
En outre, à l'occasion du colloque : "L'Antiquité gréco-latine aux sources de l'imaginaire contemporain: fantasy, fantastique, science-fiction" auquel j'ai la joie de participer le 9 juin, il paraîtra une anthologie du colloque "Fragments d'une fantasy antique" dirigée par David K. Nouvel pour les éditions Ménmos.
(voir ici le programme du colloque)
La couverture est très belle à mon avis même si je l'ai découverte sur internet.
(Enfin, le cas où l'on demande aux auteurs d'une antho, si la couv' leur plait est plus improbable qu'une chute de neige sur Mercure^^)
Ma nouvelle s'intitule "Le miroir d'Electre" et rend compte d'une tentative de gestion rationnelle du vaudeville parental chez les Atrides.
Au passage, je m'en prends gentiment et avec amour à la psychanalyse selon le sain et antique principe qui bene amat bene castigat*.
Ce n'est pas la première fois que je m'attaque directement à un mythe grec, je m'y étais déjà essayée dans "Mayday", (jeu de mots assez transparent, en ce qui concerne l'idéntité de l'héroïne et qui rend assez bien compte du fait qu'il y a longtemps que je me suis tournée du côté pourri de la référence********) nouvelle parue dans l'anthologie "Les Héritiers d'Homère" chez Argemmios.
Par nature, la mythologie gréco-latine*******, qui est la source de mon amour pour la SF***, sous-tend l'ensemble de ce que j'écris d'une façon ou d'une autre, ne serait-ce que pour "casser" ledit mythe.
Cela dit, quand j'aborde le sujet en full frontal, ainsi que dans Mayday ou le Miroir d'Electre, je ne parviens pas à le voir autrement que dans nos parages modernes et sur le ton de l'ironie, même féroce.
Je serais incapable de traiter ces mythes en contexte. C'est sans doute lié à ce fond profondément rationnel (justement) ou même (n'ayons pas peur des mots) cartésien et positiviste dont je ne parviens pas à me départir******** jusque dans mes écrits fantastiques.
Je crois bien que, n'en déplaise à mes anthologistes préférés qui ont tenté de m'attirer en Fantasy, je ne suis rien d'autre qu'un écrivain de SF.
S'il y a boule de feu dans mes histoires vous pouvez être certains que je vous expliquerai pourquoi à un moment donné.
Mais ça, c'est sûrement la faute aux Latins. C'est bien leur genre.
* C'est du latin**
** Le casting, c'est le bien.
*** Ce qui ne présente pas le moindre caractère d'originalité : un auteur de SF sur deux se drape dans ses lectures enfantines des exploits d'Hercule pour expliquer sa fascination pour les super héros.****
**** Ça n'est pas faux, je suppose, mais camoufle la réalité honteuse de base : un type en slip de spandex jaune et noir, c'est SEXY, Nom de Zeus !*****
*****N'empêche que j'ai passé une partie de ma préadolescence couchée en travers de l'énorme bouquin "Mythologie Générale" de Félix Guirand aux éditions Larousse (il me semble) (celui-là, et un Atlas fabuleux, deux fois grand comme moi lui aussi, qui s'intitulait "La Terre est ronde" ).
****** J'aimais bien les égyptiens aussi, à l'époque. Mais c'est un peu comme les dinosaures, les pharaons : à un moment donné, le côté nécrophile******* du truc vous frappe en plein front. (Notamment, ce passage terrible où Isis à la recherche des morceaux de son époux, en récupère un, primordial pour la conception de leur fils Horus, et que nombre de versions s'obstinent à appeler "Le Doigt d'Osiris" ; ce que je trouve, au choix, ou hypocrite ou rigolo selon les jours, mais toujours un brin dégueu.)
(Et, en ce qui concerne les dinosaures, la file de squelettes monstrueux au Museum d'Histoire Naturelle finit par avoir raison des passions les plus incontrôlables. Enfin, chez moi).
******* Dit la fille qui s'apprête à écrire une série full vampires inside.
********Sans compter l'envie d'emmerder le monde doublée d'un solide rembourrage d'iconoclastie maniaque.
********* Soit dit en passant, ce n'est pas (et je ne parle pas que pour moi) parce que la référence est transparente, qu'elle est inutile, superfétatoire ou lourdingue. Certains critiques veulent voir une facilité dans la chose, ils ne s'interrogent pas sur la réalité du monde à ce moment-là. Par exemple, refuser de faire une référence évidente à un moment donné d'une histoire à une oeuvre de SF antérieure, ce n'est pas "refuser la facilité", c'est parler d'un monde parallèle où la SF n'a pas été inventée. Or, moi, je tape pas dans l'Uchronie ; Roland C. Wagner me ferait les gros yeux, il aime beaucoup l'Uchronie. C'est une de ses meilleures copines.