La Grève des Sables Inconstants
De Jules Sempron.
Jamais un sans deux, voici le tome deux de ma trilogie, « trois genres, trois cataclysmes », aujourd’hui la fantasy est à l’honneur.
Dieu sait que j’aime la fantasy normalement !!
Certains de mes meilleurs amis en éditent voire en écrivent (moi-même…), sans oublier ceux qui en traduisent ou se contentent de me refiler leurs bouquins, je ne parle même pas de mes émois de quinqua devant certain torse poil arboré trop brièvement le temps d’une saison par un grand brun à l’œil de velours et aux dreadlocks ravissantes que j’ai eu – tout le temps de sa contribution* au Trône de Fer** – furieusement envie de renverser sur son cheval, mais alors là je dis stop !
Halte-là.
La Grève est tout d'abord un roman de la stase et de la patience (celle avec laquelle j’ai dû dealer pour obtenir l’ouvrage de mon revendeur favori n’étant pas la moindre). Son héros, Doal, un jeune homme désespéré à la suite d’un grrrrrand chagrrrrin d’amuuuur, solitaire, immobile, par définition et par excellence, s’est vu envoyé par sa Cité, l’antique Erosanne, dans la forteresse de la Grève des Sables Inconstants, déserte et oublié de tous.
Du haut des remparts (oubliés également) de la forteresse, Doal scrute la mer entre Erosanne et l’Hargeland, l’Ennemi Héréditaire qui ne s’est pas montré depuis trois siècles. Il faut avouer que l’endroit n’étant pas attirant pour deux sous, on le comprend déjà l’Ennemi. Et là, Doal attend, tel le héron, mais sur ses deux pieds tout de même.
Le roman prétend s’articuler autour de la grève, interface mobile et immobile entre le connu et l’inconnu, le permis et l’interdit, être ou ne pas être (Ah non, tiens pas celui-là. Quoique. Et dans ce cas précis, l’immortelle réplique de Shwarzy dans Last Action Hero, vous monte aux lèvres***) cette frontière inconstante et mouvante entre les deux pays belligérants permet à notre Héron, pardon à notre Héros, de s’évader dans un monde onirique.
À ce stade, vous vous prendrez à rêver (à votre tour) que l’échassier mou-du-genou que vous vous farcissez depuis cent pages***** fera peut-être une descente dans un monde merveilleux et simple où tout se règle sur le pré****** à grands coups de sabre courbe...
Eh bien point du tout ! Vous vous en remangez pour deux cents autres à contempler la mer et les fantômes qui hantent le Héron et ce jusqu’à la fin, où les Méchants****** débarquent enfin, et on ne sait pas s’ils vont buter tout le monde car l’auteur nous laisse en plan juste au moment où ça devenait fun !
Cet homme n'est pas humain.
Bref, si vous avez des insomnies et que vous connaissez déjà le code civil par cœur, je ne saurais trop vous recommander ce livre.
Sinon , je lis souvent ici ou là de hardis critiques affirmant que tel ouvrage aurait gagné à une coupe de cinquante, voire cent pages, perso et sur ce coup, je ne crains pas de bramer :
Il y a TROIS CENT PAGES de trop dans ce roman !!!
C'est qu'on se fait chier, nom de Zeus !
Tout du long.
Avec une constance qui force le respect et ajoute une nouvelle nuance à la notion d'ennui féroce et dégoulinant. Je sais bien que l'absence totale d'intrigue est à la mode mais franchement, faut pas pousser Gandalf dans les orties, sinon il le prend mal le bougre.
Voilà.
C’est mon avis
Et je le partage, sans l’amoindrir.
* Trop brève, je l’ai dit ?
** Oui, je vais souvent à New-York rien que pour voir des séries pas encore sorties en France, pas vous ?
*** NE PAS ÊTRE ! ****
**** Sur le ton de « Il y aura du boulot pour les graveurs de stèles lorsque les anatomo-pathologistes auront enfin identifié les débris »
***** Votre courage est sans égal.
****** Ou dans l’arrière-cour de la taverne.
******* Enfin, ils ne sont pas si méchants, ils ont leurs raisons vous comprenez, le Héron vous l’explique à longueur de rêverie, quand il cesse de s’interroger sur le sens de sa no-life.