Le 11 septembre aujourd'hui, je m'en fous... *, **, ***
Que ceci soit bien clair : je SAIS très exactement ce que je faisais le 11 septembre, il y a dix ans. Je me souviens de TOUT. Je pourrais vous raconter minute par minute ma prise de conscience ce matin-là et ma compréhension des images relayées sur tous les écrans, ma certitude que le monde allait changer de paradigme et pas en bien.
J'ai même écrit à l'époque une nouvelle qui paraitra bientôt dans l'anthologie Ghost Stories aux éditions Lokomodo et dont la fin s'encastre dans ces deux tours.
Si le 11 septembre est pour moi une journée de deuil, c'est parce que j'ai vu tomber plus lourde la chape de plomb occidentale sur le monde arabe qui n'avait pas besoin de ça, parce que mes rêves d'intégration pour mes élèves, pour mes voisins, s'envolaient en fumée et délires complotistes.
Alors, je refuse de m'associer publiquement de près ou de loin à celui des Américains du Nord quant à leur certitude divine d'être au-dessus des contingences et cataclysmes des guerres dans le monde.
Je ne dis pas que je me réjouis de cela, trois mille morts c'est toujours atroce ; mais il est toujours terrible le prix de l'arrogance et du mépris, surtout à l'échelle d'un pays, et je peux citer trois cent mille autres morts dont on ne dira rien parce qu'ils n'étaient pas américains et dont le dixième anniversaire n’arrachera pas l'ombre d'un souvenir, d'un soupir, à quiconque.
* D'autant plus qu'on est le 12
** CF chansons de brassens
*** Et puis flutabec et cornegidouille, c'est quand même à cause du 11 septembre que les douaniers suisses m'ont barboté cet été la bouteille de raki stambouliote destinée à Ayerdhal (qui aime les sucettes à l'anis) au motif ahurissant que je ne l'avais pas achetée en Europe.
Et là, il y a vraiment de quoi prendre le deuil.