Llanto para las condenadas a muerte anunciadas
La nuit, parfois, me prennent ce que j’appelle des rêves d’impuissance.
Je voudrais mugir de rage et de tristesse jusqu’à ce qu’on m’entende, mais ma voix éraillée, brisée, malade, n’est plus qu’un souffle humide au bord de mes lèvres. Mon corps devient trop lourd pour que je puisse le porter, le sommeil m’entraîne tandis que je me débats** pour garder les yeux grands ouverts…
Ce matin, je fais un cauchemar en plein jour, un cauchemar espagnol.
Il me vient une horrible interprétation du Llanto para la Muerte de Ignacio Sanchez Mejiaz….
Il est cinq heures à nouveau, cinq heures à toutes les horloges biologiques des filles de la Manche, d’Andalousie, d’Aragon, du Pays Basque ou de Castille.**
Leurs draps blancs se couvrent d’écume et de sang. La mort pond ses œufs de fièvre au creux de leurs ventres abandonnés. Leurs chambres d’amour s’irisent d’agonie. Leurs fronts brûlent comme des soleils.
Il est cinq heures exactement et elles contemplent le taureau dans l’arène puisque les Espagnols l’y ont laissé entrer…
Je ferme les yeux sur l’Espagne.
Je ferme les yeux sur l’Europe.
Je ferme les yeux.
Et je ne peux même pas hurler.
* oui.**
** Et je ne souris pas.