Manque d'R

Publié le par Jeanne-A Debats

 

Monsieur R. m'écrit :


"Oh moi je ne suis personne de connu. Je ne suis même pas un pseudonyme connu, c'est dire à quel point mon identité est peu importante. Tout au plus, j'échange quelques propos râleurs ici et là. Donc, il n'y a pas vraiment de contexte, je suis probablement ce qui se fait de plus proche de l'observateur neutre sans affiliation : tout le monde m'agace pareil.

Vous dites que la SF ce n'est pas ses acteurs. Je concèderai que ce n'est pas que ses acteurs. Mais l'orientation critique est donnée par des gens. Ce sont des gens qui décident que tel ou tel aspect est primordial. Par exemple, à lire certains, on pourrait croire que la SF en tant que genre est obsédée par l'exactitude scientifique, ce que, à mon avis, dément une quantité hallucinante d'ouvrages étiquetés SF. Ce sont également des gens qui décident, j'y reviens, qu'on peut être écrit avec les genoux et être un chef d'oeuvre. Ou qu'une écriture fabuleuse n'est pas une excuse à une idée convenue. Ce sont des gens qui décident que tel ou tel manuscrit méritent les honneurs du genre. Bref, ce sont des gens qui décident que ce qu'on écrit est de la bonne SF ou de la mauvaise SF. Et quand on claque la porte de la SF, il me semble qu'on claque en fait la porte au nez de tous ces gens. Je trouve la pose un peu ridicule, comme toute pose, mais je me dis aussi que le canon et ses zélateurs peuvent être fatigants."

R.

Personne n'est jamais personne, j'ai horreur de cette formulation.^^

Donc ce que tu dis, c'est que sans discuter à tu et à toi avec les gens, tu les lis et les regarde se battre. (Ce dont je me doutais parce que l'article auquel tu as fait référence au début, fallait quand même le trouver^^.)

Bien. Poursuivons.

Tu parles "orientation critique" donnée par qui s'il te plait ? Le journal Bifrost rêve d'avoir 700 abonnés (700 ! o_o C’est à peine un peu plus que deux fois les Thermopyles !) (Mais non, j’ai pas traité la rédaction de Bifrost de pédales, mais non !), et c'est notre journal le plus pointu, le plus lu et le mieux fait (Et Arioch sait que j'en pense des choses !).

Le lectorat dans sa grande majorité se tamponne des arrêts critiques de Bifrost. Ensuite, tu vas trouver des chroniqueurs (internet) plus ou moins non affiliés, plus ou moins blogueurs, qui, une fois de plus, touchent un nano monde au coeur d'un micromonde. Ce ne sont pas eux qui « font et défont » les écrivains de SF en France :

un succès d’estime fandomique ne fait pas un succès en librairie, ça se saurait, et l’inverse est, également, ô combien vrai.

Parce que la vérité, c'est ça : c'est que non seulement le fandom est MINUSCULE, mais en plus il ne fait que se parler à lui-même. Nous sommes des têtards dans un marigot, en guerre larvée pour un nénuphar.

Ce qui est d'autant plus ridicule que puisque nous sommes si peu nombreux il y a largement la place pour tout le fandom sur la moitié de la feuille^^.

La majorité des lecteurs connaissent vaguement le nom des auteurs qu'ils lisent, mais ils ignorent totalement qu'un discours "critique" s’écrit dessus. (C’était mon cas, il y a deux mille ans) D’ailleurs, le sauraient-ils qu'ils s'en tamponneraient pareil  (C’est toujours mon cas : je ne lis que ce que j’ai envie de lire point barre. Et l’envie ce ne sont jamais les critiques qui me la donnent ; tout au plus, vais-je confronter mes avis avec les leurs, ENSUITE. Le seul truc que je regarde vraiment dans un magasine, ce sont les catalogues de parutions prévues.).

Ils ont bien raison de s’en tamponner, les lecteurs, d’ailleurs, parce que la grille d’analyse du discours critique sur la SF est loin d’être posée. Pour l’instant, ce sont des amateurs qui prennent en charge. Et par Thor et Zeus, ça se sent l’amateurisme ! Même chez les plus doués de la génération actuelle. Lorsque ces critiques parlent de style justement, je frémis : à la louche je dirais qu’ils sont  1/9 à savoir de quoi ils causent et à posséder les bases littéraires nécessaires pour pouvoir seulement prétendre à ce type d’analyse.

Si je fonde beaucoup d’espoir dans la création de sites universitaires du type Res Futurae pour pallier ce vide criant, si certains chroniqueurs de génération SF ou KWS (ou de Bifrost même) peuvent prétendre au niveau requis, pour l’instant, les critiques sur le style pour la plupart, ça donne surtout :

a) c’est bien écrit, style fluide : traduction «  J’ai lu facilement. »

b) c’est SUPER bien écrit, style orné : traduction « Le type emploie des figures de style ou des mots dont j’ai pas saisi le quart mais j’ai bien compris qu’il le faisait exprès, alors même si c’était un peu difficile par moment, j’ai été bluffé. ».

c) c’est mal écrit : traduction « J’ai eu du mal à lire, mais je serais infoutu de vous expliquer pourquoi »

d) c’est super mal écrit : traduction « Je fais une critique du dernier BW. »

Ainsi, contrairement à ce qu’il m’arrive de ricaner, certes le style ça existe, je suis même à peu près sûre d’en avoir un moi-même, mais je préfèrerais largeos que nos critiques lâchent le style plutôt que continuer à raconter n’importe quoi et confondre leur ressenti de lecteur avec une véritable analyse littéraire.

 Un écrivain tels que ceux que j'épingle pourrait tout à fait jusqu'à ignorer les critiques du fandom, puisqu'aussi bien, ce n'est pas lui qui achète la majorité de son tirage (Oui, j’exagère un chouïa avec cette histoire de « collègues pas rancuniers », reste que lors des soirées de lancement, faut se bousculer entre auteurs pour trouver UN lecteur, base, sans prétention critique ou littéraire. Et si en plus on veut qu’il n’appartienne pas au fandom, à ce stade, c’est la quête du graal !^^).

Alors manquer d’espace parce que ces gens-là, ou d’ailleurs d’autres acteurs de Lilliput ont dit ceci ou cela ? Et partir en se drapant sur l’air de la marche funèbre ? Rien qu’une pose, comme tu dis, une pose de dandy, qui me les broute menu à force, surtout quand elle fait publiquement profession de me mépriser, ou mépriser mes potes.

Par définition, le mépris, ça me gonfle.

Tout le monde ou presque d’ailleurs, fait profession de mépriser le fandom, de s'en plaindre, c'est une pose à la mode. Ben, pas moi. En fait, j'adore le fandom malgré les (ou à cause des*) personnalités avec lesquelles je m'entends plus ou moins (ou pas du tout).

Évidemment, oui, ces maniaques vont te tomber dessus si tu réemploies une idée utilisée par John de la Hure en 1912 dans les aventures de Hauwel le lampiste (Et encore, pas sûr... perso, j’ai la référence allègre et sans complexe, personne n’est jamais venu me chercher des poux là-dessus, sauf… Bifrost^^ et si ça m’a énervée pas mal, ce n’est pas ça qui me fera partir en jetant l’ET avec l’eau de Dune**).

Mais on s’en fout, non ? Ce qui compte c’est d’être lu ; et quand on fait partie du fandom, de discuter avec d’autres malades mentaux qui ont lu l’intégrale de John Carter et viennent avec toi profiter du meilleur disney du siècle*** en jouant avec les lunettes 3-D.

Parce que faire partie du fandom, c’est avoir à portée de mains, d'yeux et d’oreilles une masse d’informations incroyable sur l’histoire du genre, un multivers de connaissances inouïes sur ses auteurs, une université galactique où toutes les disciplines sont représentées (De la physique de la matière condensée à la sémiotique en passant par la théologie et l’art du tissage artisanal ou du vernis à ongles pailleté) une bibliothèque de möbius éparpillée un peu partout en France mais dont il suffit d’éplucher les catalogues pour trouver absolument ce que l’on veut, un café virtuel et infini où les brèves de comptoir sont dites en klingon et les aperos servis en haut-nain ou en laadan, où parfois bourré, un ingénu fou d'espoir tente de te faire comprendre pourquoi les neutrinos ne vont pas plus vite que la lumière, t'explique comment faire en sorte que la tension de surface du l'eau n'empêche pas le café de se mélanger et où aller pour trouver la dernière édition de la guerre des méduses parue en 1852. Le fandom, c’est un puits de sciences foutraques et désordonnées où l’on puise sans fin le savoir, le rire et le SOW.

Quant à la liberté d’écrire ou de penser ce que l’on veut, de la SF ou d’autre chose, c’est en soi qu’on la trouve, comme partout ailleurs. Il est ridicule de la demander au fandom.

 

 

 

 

 

*J'ai un faible pour les psychopathes, misery loves company.

** Ouais désolée, les mecs, aucune chance.^^

*** message subliminal  : allez voir John Carter !!

 

 

 

PS: j'allais oublier le coup de l'exactitude scientifique : perso si on part sur ces critères, je crois que les deux tiers de mes bouquins filent à la benne direct sans passer par la case librairie.

Car si, lorsque je parle de baleines je sais à peu près ce que je dis, même si j'ai préféré me renseigner auprès de cétologues plutôt qu'auprès de Melville, si les blessures de mes héros ou leurs maladies ont souvent reçu le coup d'oeil expert de David Skurnick, médecin, si mes anomalies spatiales ont fait ricaner certains physiciens joyeux de ma connaissance, si, - donc - je tiens à user d'une certaine cohérence (dans l'espace personne ne vous entend péter), reste que la science doit à mon sens s'effacer devant la poésie et le propos, même dans le coeur dur de la SF selon Eric Picholle^^. Arrêter d'écrire parce qu'une infirmière ou un médecin vous a dit que cette scène-là où vous utilisez un IRM de travers est pas crédible, est tout aussi ridicule que la remarque. Si la SF, littérature du "pas de côté", est incapable de supporter la moindre entorse au réel, qu'elle s'occupe d'aller garder les moutons dans le Larzarc au lieu de causer du posthumain.

Publié dans Fandom et Parpadelles

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R
<br /> Bon j'ai dormi là-dessus et tout et finalement, je ne suis toujours pas sûr d'être convaincu. Mais rendu à ce stade la conversation, je pense que j'ai déballé toutes mes munitions et que nous<br /> touchons aux limites de la communication écrite. Par conséquent, si j'ai le plaisir de vous rencontrer au détour de je ne sais quel événement, je vous offrirai une bière et nous pourrons<br /> réessayer de nous convaincre mutuellement de la justesse de nos vues, en faisant des gestes explicatifs, un peu comme les gens qui discutent de topologie. En attendant, je vous remercie<br /> sincèrement pour la conversation, c'était intéressant.<br />
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J
<br /> <br /> Moi aussi j'ai dormi et j'en arrive aux mêms conclusions formelles que toi^^<br /> <br /> <br /> so au plaisir de discuter de cela et d'autres choses IRL :)<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> Alors, dans l'ordre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je crois que ce qui peut être agaçant, en tout cas moi ça m'agace alors que je ne suis même pas auteur, c'est la différence de traitement en dépit des qualités réelles d'un bouquin. Je trouve<br /> qu'on fait souvent preuve à l'égard de vieux bouquins vénérables d'une bienveillance qu'ils ne méritent pas. Par exemple, je suis convaincu que la plupart des livres qui composent "Les chefs<br /> d'oeuvre de la SF" (la collection j'entends) n'occuperaient pas plus qu'un quart d'heure du temps d'un comité de lecture avant rejet. Parce qu'il y a des textes qui sont purement et simplement<br /> ridicules. Et que même si on les remet en contexte, ils restent ridicules. Sauf si on les considère uniquement dans leur rapport au genre, ce que je trouve malhonnête. Lire "oui, mais c'étaient<br /> les années 50, c'est normal que les personnages soient de grossières caricatures, que les situations soient ridicules et la structure consternante de banalité", ça me gonfle parce que ce n'est<br /> pas vrai.<br /> <br /> <br /> Donc, oui, je trouve agaçant le double standard. Et à écrire, ça me ferait bien chier de me faire reprocher des défauts que le même critique passerait soigneusement sous silence pour un texte<br /> historique (une critique à la "quoiqu'un peu daté, cela reste parfaitement lisible").<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Concernant mon histoire de préface, je clarifie : dans une préface, on tient en général un discours critique. On contextualise l'oeuvre, on la situe par rapport au genre, on parle des ses<br /> inspirateurs, peut-être de ses continuateurs, on expose ses thèmes, on regarde un peu ses mécanismes, ce genre de trucs. C'est ce que j'appelle, peut-être abusivement, un discours critique. Bon.<br /> Ce genre d'analyse est, à mon avis, influencée par les convictions du discoureurs, par son approche personnel du genre : ça sert sa thèse. Et quand c'est imprimé, avec une couverture un peu moche<br /> mais pas trop, ça fait sérieux. Et ça va rester.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En fait, je pense que l'essentiel de mon propos est : il y a des instances légitimantes dans le milieu SF. Elles ne sont pas formées par le tout venant, pas par les bloggers enthousiastes. Ce<br /> sont des gens qui sont reconnus par leurs pairs et dont l'avis a du poids. Quand ils vont défoncer un bouquin, ce ne sera pas pour de mauvaises raisons, ils auront des critères, ces critères ne<br /> seront pas remplis, boum, on passe à autre chose.<br /> <br /> <br /> Les critères des instances légitimantes d'un genre, c'est le genre.<br /> <br /> <br /> Ça clashe quand les critères ne sont pas jugés pertinents par l'auteur passé au gril. Remettre en cause ces critères, c'est quitter le genre. Potentiellement avec fracas en faisant caca sur les<br /> ceusses qui approuvent ces critères. Ce qui n'est évidemment pas très élégant.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bon ce message est tout croche, j'en suis bien désolé. Mes certitudes sont probalement moins fermement établies que prévues.<br />
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J
<br /> <br /> Je crois que ce qui peut être agaçant, en tout cas moi ça m'agace alors que je ne suis même pas auteur, c'est la différence de traitement en dépit des qualités réelles d'un bouquin. Je trouve<br /> qu'on fait souvent preuve à l'égard de vieux bouquins vénérables d'une bienveillance qu'ils ne méritent pas. Par exemple, je suis convaincu que la plupart des livres qui composent "Les chefs<br /> d'oeuvre de la SF" (la collection j'entends) n'occuperaient pas plus qu'un quart d'heure du temps d'un comité de lecture avant rejet. Parce qu'il y a des textes qui sont purement et simplement<br /> ridicules. Et que même si on les remet en contexte, ils restent ridicules. Sauf si on les considère uniquement dans leur rapport au genre, ce que je trouve malhonnête. Lire "oui, mais c'étaient<br /> les années 50, c'est normal que les personnages soient de grossières caricatures, que les situations soient ridicules et la structure consternante de banalité", ça me gonfle parce que ce n'est<br /> pas vrai.<br /> <br /> <br /> Oui, mais l’écrivain moderne qui se la jouerait concurrent avec ces textes dont tu parles serait dans le contresens absolu, de mon point de vue. Outre le fait qu’il n’y a nullement écrit que<br /> le critique DOIT à l’auteur contemporain la moindre parcelle de son attention…<br /> <br /> <br /> Ce n’est pas parce que Bidule Lampion, critique de haut vol, confesse un attachement que lui-même sait coupable, pour les aventures échevelées de Hauwel le Lampiste au pays des soviets (John<br /> de La Hure 1912) (ce qui prouve au passage que John de La Hure est un grand précurseur de l’uchronie, tout de même^^) qu’il méconnaîtra les qualités actuelles d’un bouquin de SF paru les six<br /> derniers mois.<br /> <br /> <br /> S’il le fait, ce ne sera pas au nom ni à cause de ses lectures anciennes, mais parce que le bouquin tout neuf aura contrevenu à l’idée que Bidule Lampion se sera construite de la SF au fil<br /> des ans (notamment, il y a 40 piges quand il lisait les aventures de Hauwel le Lampiste sous sa couverture au lieu de dormir sagement comme un bon garçon). Même si par hasard, il se trouve des<br /> similitudes entre les idées de La Hure et le bouquin contemporain. Et même ça, le critère sfiste peut très bien ne pas être le motif de rejet : tout simplement le bouquin lui-même peut ne pas<br /> l'avoir intéressé MALGRE son appartenance indéniable au genre et son obédience à TOUTES ses caractéristiques éventuellement souhaitables. Perso, je vois passer de grandes sagas fantasy (non je<br /> donne pas les titres, je veux pas nuire, j'aime pas ça) qui malgré leurs indéniables qualités littéraires (style, invention, persos, ce que tu voudras) me font sombrement chier, alors que la<br /> moindre bouse de Gemmell qui lui au moins est fun et se prend pas au sérieux m'a passionnée. Et non je ne conseillerai pas le premier aux dépents du second^^ni vice renversa.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce dont tu parles néanmoins est intéressant ; c’est ce qu’appelle le PHD Simon Bréan, un des contributeurs éminents de Res Futurae, l’HYPERMNÉSIE de la SF ; cette tendance de<br /> l’AMATEUR ÉCLAIRÉ de SF à ne rejeter/disqualifier AUCUN texte paru dans le genre pendant ses périodes « préhistoriques ».<br /> <br /> <br /> Tendance qui s’explique notamment de 4 façons :<br /> <br /> <br /> a) le corpus SF de ces âges farouches est relativement faible, éliminer des livres sur des critères qualitatifs contribuerait à l’amaigrir encore<br /> <br /> <br /> b) le genre est si décrié qu’il se radicalise et s’hyperprotège en conservant jusqu’à ses pires moutons noirs ultimes<br /> <br /> <br /> c) l’amateur de SF éclairé est un ancien ado boutonneux qui ne veut pas renoncer à ses amours d’antan (cela dit, qu’il évite de relire « La ville sous globe » d’Edmond Hamilton,<br /> s’il entend conserver encore quelques points de santé mentale et une vision ensoleillée de ses émois adolescents)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> d) puisque nul autre que les amateurs éclairés de SF ne se sont intéressés au genre, les dits amateurs se sont sentis investis de la mission consistant à en préserver les moindres bribes<br /> coûte que coûte.<br /> <br /> <br /> e) La Sf est par nature une littérature de la provoc et du mauvais goût, (enfin je dis ça par MA nature^^) éliminer du genre, ceux qui en font preuve serait un autre contresens pour la<br /> plupart de ceux qui ont choisis le genre exactement pour ces raisons-là et en les revendiquant.<br /> <br /> <br /> Il est d’ailleurs amusant que les mêmes qui la quittent dans un grand envol de cape le fassent sur le thème de la rébellion quand ils y sont entrés également pour les mêmes raisons.<br /> <br /> <br /> (je sais pas si je suis bien claire là ?)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> De facto, ce sera j’espère le rôle de « mouvements » typo Res Futurae, mais aussi de tous les universitaires qui sont en train d’introduire en douce le genre dans les amphithéâtres<br /> de notre belle patrie que de trier enfin le bon grain de l’ivraie. Mais c’est leur boulot, pas celui de l’amateur éclairé qui a bien le droit de s’accrocher comme il veut à ses amours anciennes<br /> et ses révoltes passées.<br /> <br /> <br /> Donc, oui, je trouve agaçant le double standard.<br /> <br /> <br /> Je prétends moi, qu’il ne joue pas en défaveur du contemporain et que ces deux optiques ne courent pas sur le même champ de course. Les rapprocher n’a pas de sens.<br /> <br /> <br /> Et à écrire, ça me ferait bien chier de me faire reprocher des défauts que le même critique passerait soigneusement sous silence pour un texte historique (une critique à la "quoiqu'un peu daté,<br /> cela reste parfaitement lisible").<br /> <br /> <br /> (voir plus haut)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Concernant mon histoire de préface, je clarifie : dans une préface, on tient en général un discours critique. On contextualise l'oeuvre, on la situe par rapport au genre, on parle des ses<br /> inspirateurs, peut-être de ses continuateurs, on expose ses thèmes, on regarde un peu ses mécanismes, ce genre de trucs. C'est ce que j'appelle, peut-être abusivement, un discours critique. Bon.<br /> Ce genre d'analyse est, à mon avis, influencée par les convictions du discoureurs, par son approche personnel du genre : ça sert sa thèse. Et quand c'est imprimé, avec une couverture un peu moche<br /> mais pas trop, ça fait sérieux. Et ça va rester.<br /> <br /> <br /> Ouaip, mais ce ne sont pas les mêmes qui écrivent préfaces et critiques, qui n’ont d’ailleurs pas la même fonction, et par ailleurs, une préface, y’a qu’à la demander ^^<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En fait, je pense que l'essentiel de mon propos est : il y a des instances légitimantes dans le milieu SF. Elles ne sont pas formées par le tout venant, pas par les bloggers enthousiastes. Ce<br /> sont des gens qui sont reconnus par leurs pairs et dont l'avis a du poids. Quand ils vont défoncer un bouquin, ce ne sera pas pour de mauvaises raisons, ils auront des critères, ces critères ne<br /> seront pas remplis, boum, on passe à autre chose.<br /> <br /> <br /> Les critères des instances légitimantes d'un genre, c'est le genre.<br /> <br /> <br /> Ça clashe quand les critères ne sont pas jugés pertinents par l'auteur passé au gril. Remettre en cause ces critères, c'est quitter le genre. Potentiellement avec fracas en faisant caca sur les<br /> ceusses qui approuvent ces critères. Ce qui n'est évidemment pas très élégant.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce n’est pas élégant et c’est outrecuidant aussi. Ça part du principe qu’on doit des trucs à ce monsieur à qui on n’avait rien demandé, surtout pas de faire carrière de sa plume.<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> "la pensée rationnelle ne me paraît pas être l'apanage de la SF"<br /> <br /> <br /> Ben, moi non plus.<br /> <br /> <br /> Mais il s'avère que j'ai une tendance personnelle, et donc forcément perverse, à considérer comme faisant partie de MA science-fiction (car je ne sais pas ce qu'est LA science-fiction) tout texte<br /> dont l'auteur a eu comme propos de mettre en scène une réalité différente de celle qui fait, au quotidien, consensus, et a utilisé une pensée que MOI, lecteur, je ne peux que considérer comme<br /> rationnelle. ce qui, je n'en disconviens pas, est éminement subjectif.<br />
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R
<br /> Vous me faites bien des honneurs en me consacrant un billet.<br /> <br /> <br /> En préambule (de Rousseau, évidemment), Je confesse que j'aime beaucoup lire les gens se disputer. Je ne sais pas pourquoi.<br /> <br /> <br /> Je sais que le fandom est tout petit. Je crois que c'est justement pour ça qu'il peut être difficile à vivre. Par exemple, et c'est évoqué dans le texte dont je parlais, le nombre de chefs<br /> d'oeuvre dont plus personne ne se souviendra dans six mois est trop élevé à mon goût. Ou la défense exaltée de trucs que, personnellement, je juge nullissimes, au prétexte qu'ils appartiennent au<br /> genre, section vieilles idole. Et je comprends que ça fasse chier que Machin fasse la moue devant mon dernier-né tout mignon et rose alors qu'il trouve du génie à McBidule, avec ses personnages<br /> en carton bouilli, ses aliens communistes et ses 347 mots de vocabulaire.<br /> <br /> <br /> Bref, je suis sur qu'en tant que somme d'individus, le fandom c'est super sympa. En tant que groupe, bein c'est un groupe, avec les phénomènes de groupe qui viennent avec : les modes, la<br /> ghettoïsation, l'intégrisme, les représentants autoproclamés, l'ostracisme alouette.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je trouve intéressant les trois exemples de sites sérieux que vous donnez : je connais quasiment tous les noms d'intervenants. Et ils se recoupent. C'était précisément mon propos : la critique<br /> sérieuse, professionnelle, carrée, documentée, celle qui fera date, c'est une poignée de gens. Je ne dis pas que c'est usurpé ou quoi que ce soit de désagréable, je dis qu'il y a une vision, sans<br /> doute pas aussi homogène que je veux bien le croire, de ce qu'est un bon texte de SF. J'ajouterai que tout le monde n'est pas égal face à la diffusion de ses idées, malgré le bel internet. Une<br /> jolie préface pleine de points de vue éditée dans une collection un peu prestigieuse, à l'heure actuelle, ça pèse sans doute plus lourd qu'une note de blog. C'est probablement plus pérenne aussi.<br /> <br /> <br /> Et je crois qu'être apprécié et étudié par la critique sérieuse, professionnelle, carrée, documentée, qui fera date, c'est beaucoup plus gratifiant que d'être liké par Kikounet27. Et que ça fait<br /> beaucoup plus mal d'en être méprisé. Donc oui, je conçois qu'on peut s'en foutre, qu'on peut se satisfaire de compter ses ventes. En ce qui me concerne, je sais que ce ne serait pas le cas, mais<br /> je suis vaniteux. De plus, dans un contexte où les ventes sont quasiment certaines d'être extrêmement faibles, on ne peut même pas trop espérer se consoler par le nombre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pour la question de la scientificité, moi je suis plutôt d'accord. Convenez que ce n'est pas le discours tenu par tous. Je ne crois par ailleurs pas confondre  pensée rationnelle et<br /> exactitude scientifique. Je dis juste que :<br /> <br /> <br /> - le niveau moyen de scientificité d'un texte de SF me semble être : Ta Gueule, C'est Quantique/Relativiste/Positronique/NonAristotélicien;<br /> <br /> <br /> - la pensée rationnelle ne me paraît pas être l'apanage de la SF.<br />
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J
<br /> <br /> Vous me faites bien des honneurs en me consacrant un billet.<br /> <br /> <br /> Ah bon ? Je ferai attention la prochaine fois et je me montrerais aussi impolie qu’un éditeur qui ne sait pas comment te dire non.^^<br /> <br /> <br />  En préambule (de Rousseau, évidemment), Je confesse que j'aime beaucoup lire les gens se disputer. Je ne sais pas pourquoi.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Parce que c’est fun. Un peu plus de pop corn ? Une bière ?<br /> <br /> <br /> Je sais que le fandom est tout petit. Je crois que c'est justement pour ça qu'il peut être difficile à vivre. Par exemple, et c'est évoqué dans le texte dont je parlais, le nombre de chefs<br /> d'oeuvre dont plus personne ne se souviendra dans six mois est trop élevé à mon goût.<br /> <br /> <br /> Perso, j’ai aussi un problème avec la notion de chef d’œuvre proclamé en trois mois. Il y a une tendance en effet à brailler au génie dès qu’un plumitif quelconque (au hasard moi) dépasse la<br /> moyenne si peu que ce soit. C’est, je le crains, le problème de la SF (et non pas seulement le fandom pour le coup) de vouloir à toute force produire un opus qui la fera enfin reconnaître. Ce<br /> serait touchant si d’aucuns écrivains proclamés génies un instant ne mettaient pas ensuite des mois, des années, voire jamais, à s’en remettre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ou la défense exaltée de trucs que, personnellement, je juge nullissimes, au prétexte qu'ils appartiennent au genre, section vieilles idole. Et je comprends que ça fasse chier que Machin fasse la<br /> moue devant mon dernier-né tout mignon et rose alors qu'il trouve du génie à McBidule, avec ses personnages en carton bouilli, ses aliens communistes et ses 347 mots de vocabulaire.<br /> <br /> <br /> Ben pas moi. Je ne comprends pas comment on peut se sentir personnellement diminué parce que le type qui n’a pas aimé un bouquin en aime d’autres…<br /> <br /> <br /> Ce qui compte c’est qu’il aime ou pas LE SIEN, non ?<br /> <br /> <br /> Un écrivain n’est au fond en concurrence qu’avec lui-même, son bouquin convainc ou pas, point barre. Les lectures précédentes du critique n’y font que dalle à part, effectivement, lever<br /> significativement son niveau d’exigence. Et c’est normal ! Peut-être même souhaitable.<br /> <br /> <br /> Bref, je suis sûr qu'en tant que somme d'individus, le fandom c'est super sympa. En tant que groupe, bien c'est un groupe, avec les phénomènes de groupe qui viennent avec : les modes, la<br /> ghettoïsation, l'intégrisme, les représentants autoproclamés, l'ostracisme alouette.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Euh… oui. So what ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je trouve intéressant les trois exemples de sites sérieux que vous donnez : je connais quasiment tous les noms d'intervenants. Et ils se recoupent. C'était précisément mon propos : la critique<br /> sérieuse, professionnelle, carrée, documentée, celle qui fera date, c'est une poignée de gens. Je ne dis pas que c'est usurpé ou quoi que ce soit de désagréable, je dis qu'il y a une vision, sans<br /> doute pas aussi homogène que je veux bien le croire, de ce qu'est un bon texte de SF.<br /> <br /> <br /> Le nombre de mouches laissées pour mortes dans le sillage de ces gens à l’issue de leurs discussions entre eux à propos des « bons textes de SF » s’inscrit en faux contre ta<br /> conclusion d’homogénéité.^^<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  J'ajouterai que tout le monde n'est pas égal face à la diffusion de ses idées, malgré le bel internet. Une jolie préface pleine de points de vue éditée dans une collection un<br /> peu prestigieuse, à l'heure actuelle, ça pèse sans doute plus lourd qu'une note de blog. C'est probablement plus pérenne aussi.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je ne comprends pas ce que tu veux dire là, quel rapport entre une préface et des gens qui écrivent des critiques ?<br /> <br /> <br /> Et je crois qu'être apprécié et étudié par la critique sérieuse, professionnelle, carrée, documentée, qui fera date, c'est beaucoup plus gratifiant que d'être liké par Kikounet27.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Oui mais le rôle de la critique n’est PAS et n’a JAMAIS été de gratifier l’AUTEUR. Ça au moins, même l’amateur le plus Kikounet42 que tu trouveras, c’est un contresens qu’il ne fait pas.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et que ça fait beaucoup plus mal d'en être méprisé. Donc oui, je conçois qu'on peut s'en foutre, qu'on peut se satisfaire de compter ses ventes. En ce qui me concerne, je sais que ce ne serait<br /> pas le cas, mais je suis vaniteux. De plus, dans un contexte où les ventes sont quasiment certaines d'être extrêmement faibles, on ne peut même pas trop espérer se consoler par le nombre.<br /> <br /> <br /> Une mauvaise critique c’est super désagréable, j’en conviens aisément, pas de critique du tout, c’est sans doute encore pire, mais c’est pas une raison pour la faire payer à la concierge, au<br /> genre et au voisin de table.<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> il est possible que Monsieur R. ait confondu "exactitude scientifique" et "pensée rationnelle"<br /> <br /> <br /> mais qui sommes nous pour juger ?<br /> <br /> <br /> et je n'ai pas ricané ! non, c'est faux !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> enfin, pas en ta présence<br />
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