Censure dans l'ascensoeur spatial.e
Mes bien cher.ère. s frère.s zé mes soeur.e.s
La situation est grave et l’écriture inclusive nous tuera tous ! Alerte à Malibu, les féminazghul.e.s sont là ! Leur.e.s cisailles rouillé.e.s tentent de découper nos couill.e.s en tranche.s.[1]
Mais le pire n’est pas là, non le pire , c’est quand un.e allumé.e se met en tête de revoir les vieux dessins animés de notre enfance[2], ou ose s’attaquer à un chef d’œuvre classique en le revisitant sous l’angle du sexisme, voire sans pudeur, allez c'est gratuit, sous l’angle des violences faites aux femmes[3].
La saloooope !
Dites, il faudrait vous calmer et cesser de réagir comme si on vous cassait vos jouets, les gens. Ou qu’on « brisait vos rêves d’enfants ».
Moi aussi, j’ai peur de relire ou revoir certains livres ou films qui enchantèrent ma jeunesse.
Le petit père Robert Merle[1] par exemple, un de ces écrivains qui m’ont formée, accompagnée toute ma vie, jusqu’à ce que nous rompions unilatéralement à cause de Fortune de France. Je ne jurais que par lui aux alentours de mes 16 ans. Je n’ose plus ouvrir ces pages pourtant lues et relues. Parfois, il me remonte des phrases, et le rouge de la honte et de la colère les accompagnent sur mon front : comment est-ce que j’ai pu MARCHER à... ça ?
2001, l’odyssée de l’espace, un des films de ma vie : quasi pas UNE nana, sauf une vague scientifique qui échange trois mots en russe et "l’hôtesse du vide" qui range des stylos dans les poches des mecs endormis. [2]
Alors, oui 99 pour 100 de la productions fictionnelle du MONDE (voire de l’Univers) transporte de bons relents nauséabonds et sexistes[1]. Depuis 5000 ans.
Deal with it et acceptez qu’on le montre.
Personne ne songe à brûler Homère, Perrault, Shakespeare ou Antonioni. Même pas Céline, allez, c’est vous dire si c’est dangereux.
EN REVANCHE, je suis persuadée qu’il est important que nous regardions et pointions ces productions anciennes sous cet angle. Cela ne doit pas en être la seule lecture, bien sûr, il ne faut pas zapper le contexte, MAIS il ne faut pas non plus se laisser susurrer par la fiction que c’est OK d’embraser une fille pas enthousiaste parce qu’à la fin, elle dira oui.
[1] Quand c’est pas raciste, validiste, grossophobe, transphobe, homophobe, antisémite, islamophobe, lesbophobe, biphobe, panphobe, polyphobe, SFphobe et j’en passe des meilleur.e.s, des grave.s et des salé.e.s.
(Et là, il la coince contre le mur, malgré le fait qu'elle lui ai explicitement demandé d'arrêter)
C’est dangereux, parce que c’est ainsi qu’on construit un inconscient, c’est ainsi qu’on raconte qu’une agression n’est pas une agression mais un acte d’un romantisme échevelé.[1]
Ça ne coûte rien de le démontrer pourtant, comme énoncé plus haut, on ne va pas jeter tout ça aux ordures, ni le retourner, ou couper des scènes. Ne serait-ce que parce que en dehors de ça, parfois, le texte ou le film sont excellents.[2]
Mais si on en parle, on désamorce. Si on pointe « ça, c’est sexiste, ce n’est pas plus réaliste qu’un film porno et une femme qui dit non, pense non, en vrai dans la vraie vie . », eh bien, on murmure à l’inconscient des gens que « Oui vraiment ça n’est que de la fiction pensée dans des époques au contexte différent. Cela ne doit pas dicter, même inconsciemment, nos comportements. »
Car oui, la fiction manipule nos comportements. Quand je vois mon fils, le Grem, autiste de son état, ressortir de bon vieux préjugés sexistes à sa sauce perso, je n’ai pas besoin de chercher loin le coupable : mon regard glisse vers l'écran allumé diffusant son dessin animé préféré.[3]
Déconstruire ces conneries avec lui n’est pas une partie de plaisir, je vous jure. C’est pourtant nécessaire.[4]
[1] Sans parler de 50 nuances de Gray, qui est une glorification constante du viol et du harcèlement, et qui n’a pas la moindre excuse SAUF que le bouquin fait justement la synthèse ultime des putritudes qu’on nous fourre à tout.e.s dans le crâne depuis le début des temps.
[2] Définitivement PAS 50 nuances qui a l’air d’avoir été écrit par mes 4° sous acide.
[3] En ce moment La Belle et la bête, je ne vous livre pas la grille sexiste^^
[4] Ne serait-ce que pour l’empêcher de m’acheter du PQ rose au motif que je suis une fille.
(je préfère le Cocteau mais c'est pas mieux, qu'est-ce qu'il fout à l'espionner pendant son sommeil ?
A côté de cela, on peut voir toutes les vraies censures s’imposer :
La clope dans les films (plan fumeux du ministère de la culture) ou dans Lucky Luke, par exemple. Ou bien, plus loin de nous, des livres qui ont le front de présenter des thèses évolutionnistes, ou du simple cul.
Et je comprends qu’on s'inquiète :
« Où est-ce que ça va s’arrêter ? Freinons des quatre fers pour TOUT ! »
Quitte à plonger tout droit dans le déni de réalité.
Quitte à défendre au nom du droit à « rire de tout » , un connard télévisuel qui se croit drôle en faisant une vanne ignoble sur les femmes battues et qui nous joue les calimeros dépassés par l’ampleur du désastre. Tandis que les « Je suis Charlie » ressortent de sous les pavés gluants.
Eh bien non, lui, il n’a pas l’« excuse du contexte » , les gens. Il n’a pas l’« excuse de l’art » . Qu’il vire et direct.
Sans bisou magique.
Comme tous ceux qui, consciemment désormais, propagent une culture du viol sur toutes les ondes et sur tous les papiers.
Soyons clairs : nous sommes tou.te.s sexistes, tou.te.s.
Même moi.[1]
Nous avons été formés par ces textes, par ces images. Notre inconscient érotique ou social s'en est nourri. Y échapper est un combat constant. Souvent contre nous-mêmes.
Il est temps de relire nos classiques, de les expliciter sans peur, sans culpabilité de les avoir aimés, sans déni, sans crainte de les revisiter sous l'angle du sexisme qu'ils transportent et sans cesser de les aimer pour autant. Ce serait nous détester nous-mêmes.
Allez en paix.
Bisou
[1] J’ai beau me surveiller comme le lait sur le feu, je sais que j’en demande plus à mes élèves filles qu’à mes élèves mecs. Au motif apparemment cool, que pour elles ce sera plus dur et que je les veux aussi indépendantes que possible. Mais en attendant, je ne leur passe pas grand chose et je laisse les gars dans leur merde (« Ils s’en sortiront toujours ») (Sauf que non, et c’est injuste pour tout le monde.)
Chose promise...
Avec l'aide et la participation de contributeurs plus aguerris que moi sur Wiki.
Joséphine Raoul-Rochette - Wikipédia
Joséphine Calamatta née Anne Joséphine Cécile Raoul-Rochette le et morte le , est une peintre et graveuse française qui réalisa aussi bien des portraits que des œuvres symboliques ou religie...
Page due
Qu'est-ce que le sexisme impensé ?
C'est ça :
Quand on vous présente une femme artiste peintre qui gagna au moins deux médailles dans des salons d'art de son époque uniquement par les relations qu'elle entretient avec des hommes.
Son beau-fils, son mari.
(Et accessoirement son père si on cherche un pneu)
Qu'elle n'a même pas sa propre page en français dans wikipédia.
Que ses oeuvres ont été dispersées, sont quasi inconnues bien qu'elles se vendent fort bien en vente aux enchères prestigieuses et alors qu'elle fut élève d'Ingres...
Mais non, elle est belle-mère, épouse et fille de...
ELLE n'est RIEN.
Je vais au moins traduire sa page anglaise dans Wiki et changer ça.
Le combat, c'est aussi de petites choses comme celle-ci.
Interview aux Utopiales par la librairie Mollat
y'a des jours, je suis optimiste ^^
la littérature, la littérature de jeunesse, enseigner la littérature, le féminisme, les utopiales... (et réciproquement)
Le printemps vert de Barbie
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours détesté les poupées. C’est mon frère qui jouait avec celles qu’immanquablement je recevais à Noël d’une grand-mère optimiste ou plongée dans le déni, la même qui m’offrait des « boîtes de couture » que j’allais aussitôt enterrer au fond du jardin grand-parental, prétextant jouer au trésor du pirate[1].
Toute petite déjà, je voulais le circuit de voitures, l’appareil photo, Chimie 2000, tout ce qui tombait dans l’escarcelle de mon frère sans qu’il ait même besoin de demander. Mes parents n’y étaient pour rien, mais l’entourage a veillé à la distribution genrée des cadeaux dans la fratrie.
Vers 12 ans, j’ai fait une exception pour les poupées Barbies, une exception exceptionnelle, qui ne dura pas. J’avais une amie, elle adorait y jouer. J’ai donc eu ma Barbie offerte par une mère attentive mais dubitative, qui ne voyait pas bien ce qui me prenait d’un coup. J’ai joué avec, je me suis fait chier. J’ai détesté les jambes trop longues, la gueule de niaise absolue dont on imaginait bien qu’elle ne passait pas ses après-midi dans son camion rose à baver devant Isaac Asimov, la taille de crayon maladif et les seins bombés comme s’ils avaient des armatures à l’intérieur. J’ai cessé de jouer avec la copine pour retourner lire et écrire. Parfois, on est mieux seule qu’à ne pas comprendre les gens qu’on aime bien, malgré tout.
Et à leur en vouloir pour ça.
Puis j’ai oublié Barbie, sauf quand mon fils le Gremlin en a voulu une qu’il a longuement habillée, déshabillée, fait ramper dans la boue, sauter des falaises, grimper aux arbres, et se battre contre le chat. Barbie GI Jo, en slip dans la jungle, c’était sa conception d’une vraie poupée. Je me suis dit que je n’avais peut-être pas tout raté[2].
Bon, voilà que Mattel, au motif avoué d’honorer une grande sportive (on reste dans le GI Barbie) nous en fait une voilée.
Hum.
HUM.
Alors on va être claire :
autant je ne dénie pas aux femmes musulmanes le droit imprescriptible de s’habiller entre parasol et Batman, droit qu’aucun rasé à l’intérieur du crâne ne devrait leur dénier non plus (parce que la libération des femmes chez les fachos, ça consiste surtout à leur arracher leurs fringues, faut bien le dire), autant là, je coince.
Et salement.
Parce que oui, si je ne leur dénie pas ce droit intime, si je me battrai pour qu’on fiche la paix à celles qui l’arborent pour leurs propres raisons perso que je n’ai pas à juger, en revanche non, je n’aime pas le voile. Tout ce qu’il symbolise, transporte de vision putride des femmes, instaure de domination de l’homme sur la femme, sans compter les endroits sur la planète où elles n’ont même pas le droit de conduire.
Je défendrai toujours les femmes qui le portent.
Mais l’objet ?
JAMAIS.
La nuance est subtile mais elle est, c’est comme ça.
Allons Mattel, tu veux juste te faire du fric, pas « visibiliser les minorités non plus qu’honorer une grande sportive ». Tu veux te faire du fric, encore plus de fric, il te manque les musulmans, c’est tout. Ken en bleu, Barbie en rose et désormais en vert, Yolololo ! Après le marketing genré, bonjour le marketing religieux !
C’est dégueulasse.
Oh, tu n’es pas tout seul, Dolce et Gabana a fait la même il y a peu. Et donc dans l’espace public laïc occidental apparaissent les représentations de femmes voilées comme légitimes, comme bankables.
Je ne fais pas un dessin hein ? La représentation, c’est la légitimation.
Une putain d'entreprise occidentale légitime le voile.
Et pour moi non, le voile n’est pas légitime, l’excision et la lapidation non plus.
Et le jour où tu nous en sors une avec la tête rasée et une perruque, ou bien en carmélite, (ou en jupe plissée bleue, chemise blanche, mocassins, croix dans le cou) je râlerai tout aussi fort.
Bon, il y a une logique, venant d’une entreprise qui a élevé une anorexique en icône de l’enfance. La bonne santé des filles ne la gêne pas beaucoup.
Pas merci et pas bisou, Mattel.
[1] L’excuse ne passait pas, j’aime autant le vous le dire.
[2] Bien que, depuis, nous ayons été rattrapés par la patrouille : même autiste, même élevé par une hyène de garde on a du mal à échapper aux représentations genrées qui noient l’ensemble du monde, de la langue à l’environnement fictionnel, sans parler du voisin de palier.