En réponse rapide à Maere qui pose la question dans un commentaire un peu plus bas :
Oui, ma belle, ma mauvaise humeur a à voir avec ça.
Mais aussi avec le flot de commentaires de tous bords que je vois fleurir à droite et à gauche.
Pas seulement parce qu’il existe TOUJOURS des psychanalystes qui s’accrochent à l’autisme comme la punaise de lit au matelas alors que leur nocivité (non je ne parle même plus d’inefficacité à ce stade) en ce domaine a été largement démontrée. Non, pas seulement à cause d’eux.
Bien que.
Mère d’enfant autiste, tu imagines ce que j’ai enduré, ce que j’ai affronté, ce que j’ai appris.
De la culpabilisation des mères à leur disqualification permanente par des gens qui ne se rendent pas compte à quel point ils ont un problème AVEC LES FEMMES, problème qu’ils justifient comme jadis on justifiait l’esclavage des noirs, à coup de sauce scientiste à peine délayée d’une pincée de beaux arguments d’autorité paternelle indiscutable via Lacan, ce putois jaune, comme disait Brétécher.
Je tiens à le dire ici : la seule envie de pénis que les femmes (en tout cas, celle que je connais) ressentent est une envie d’ordre strictement hétérosexuel dans le cadre de relation majeure et consentante, n’en déplaise à Freud et consorts, à moins qu’on fasse du pénis la seule icône acceptable du pouvoir (oui, oui, il m’arrive d’avoir envie de pouvoir, pas vous ?), mais dans ce cas, ils feraient mieux de cesser de se la mesurer.
Ça les détendrait.
Quant à dévorer leurs enfants, les bouffeurs de gosses désolée, ce sont les hommes en général, les ogresses sont moins nombreuses que les ogres dans la littérature occidentale, ce me semble, et le mythe a un sens, je le crains, en psychanalyse.
Les femmes, il leur arrive de tuer leurs mômes, c'est vrai, de les congeler, de les nier ; mais c'est surtout parce qu'on leur a raconté toute la vie qu'elles ne seraient de vraies femmes qu'après en avoir eu.
Le jour où la réalité tombe (c'est à dire qu'être une vraie femme consiste à avoir les mains dans la merde, être surbookée, épuisée, sans vie perso, ne plus ressembler à rien et être toute dévouée à un truc qui ressemble longtemps à une amibe, puis finit par lui cracher à la gueule dès que ça atteint ses quinze ans, pour enfin souffler au moment où elle n'est plus baisable par quiconque et là, cerise sur le cheesecake, l'amibe se tire vivre sa vie) et bien ce jour-là, certaines pètent un câble, parfois dans les grandes largeurs.
Et c'est logique, même si c'est atroce, car à la hauteur du mensonge dans lequel on les a tenues.
Il faudrait également qu’ils (les psys) règlent leur problème avec la fonction répressive de la psychanalyse (vi, vi, répressive) car soigner une pathologie mentale, ça n’est rien d’autre que de la répression plus ou moins douce, vu qu’il s’agit en général de réinsérer le malade dans le social qui le rend dingue.
Afin que :
a) ça le rende moins dingue
b) le social l’accepte un peu plus y compris s’il reste des traces de dinguerie.
Je sais, c’est horrible de se dire :
« Au fond, on est des flics de la pensée, nous qui prônons en face la liberté absolue de l’individu de ressentir les choses et antipsychiatrie, et patati et patati et patata », yeurk.
Je les comprends, c’est dur, mais il y a des paradoxes comme ça, l’éducation des enfants en est pleine :
Genre :
a)« Je t’aime plus que tout au monde, mais si je veux t’élever comme un bon parent c’est pour t’apprendre à te passer de moi »
ou
b) « Je veux que tu sois libre de toi et de ta pensée, en conséquence je t’inculte de vive force, mais plus ou moins larvée, deux ou trois règles notamment morales infrangibles par toi, sur lesquelles j’espère que tu t’appuieras pour grandir et faire un adulte valable »
c) (et ce n’est pas le moindre des paradoxes) « Même et y compris si j’ai été un adulte contestable »
Freud, qui ne disait pas que des conneries, mais en écrivait aussi, a notamment bramé qu’un enfant, ça n’était pas un être humain miniature, mais un être humain en devenir.
Un truc pas très loin de la bête sauvage et qu’il fallait dresser.
Les termes sont forts et personne j’espère n’éduque plus à la prussienne, mais le fond reste vrai : il faut pour les enfants comme pour les fous, comme pour ces étranges étrangers que sont les autistes, poser un cadre solide dans lequel ils puissent se développer et un jour être assez bien pour en choisir la couleur, la forme, le fond et peut-être aussi l'image.
Alors oui, je suis de mauvais poil.
Pas tellement à cause des psychanalystes dont je n’attends plus rien (en ce qui concerne l’autisme) mais parce que les tenants de l’AUTRE BORD, celui dont je suis, commencent à me les chauffer également.
Bordel, mais vraiment, c’est impossible d’abattre une religion sans la remplacer par une autre ?
Les TCC, c’est très bien, c’est génial, je m’en suis servie, mais je n’en ai pas fait une religion. J’aimerai que les miens ne lynchent pas les psychanalystes, ils peuvent encore servir, si, si.
Notamment à moi qui ne suis pas autiste, mais qui suis passablement névrosée, fatiguée et quelquefois désespérée.
Il y a deux psys qui m’ont suivie pendant la petite enfance de mon gremlin, ils m’ont empêchée de le tuer, ils m’ont aidée à lui survivre aussi et ils m’ont accompagnée longtemps.
À ces deux psychanalystes* non culpabilisateurs, qui savaient où ils pouvaient agir, qui prenaient compte du monde, qui se foutaient de l’origine, mais ont bossé à rendre le PUTAIN DE SYMPTOME supportable, je dis merci.
Pour moi.
Pour mon fils.
Jeter CES psys-là, ceux qui s'interrogent, qui aident, jeter la psychanalyse en la confondant avec ceux qui s'en sont parés pour mieux régner, avec ceux qui ont cru avec Lacan qu'on pouvait diriger les consciences à 100 euros la séance d'un quart d'heure, me semble le comble de la connerie en barre pour ces gens, les miens, qui se sont battus pour TOUT essayer, tout tenter afin d'offrir la vie à leurs enfants.
Bref, le jour où les gens feront dans la nuance, sans jouer à "qui n’est pas avec nous est contre nous » et "Brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé", je serai moins en colère.
* En revanche, je veux ici dire tout mon mépris au connard incompétent qui après avoir nié que le gremlin était autiste m'a fait venir deux fois par semaine pour lui parler de la mienne de mère, sans rien faire pour m'aider avec le gosse, avant que je pique une crise et menace de tout casser dans son cabinet s'il ne se passait pas enfin quelque chose.
Ce même connard, qui des années plus tard, alors que lui avais envoyé une lettre lui expliquant par le menu le diagnostic posé sur le grem, combien il m'avait nui personnellement et lui demandant de bien vouloir ne plus faire perdre leur temps et leur énergie à des parents épuisés, s'est permis d'écrire dans mon dos aux soignants qui s'occupaient du gremlin en s'inquiétant de mon état "dépressif".
Celui-là c'est ma main dans la gueule, de même qu'au kiné de merde qui m'a agressée dans son cabinet parce que "j'autorisais mon gosse à lui résister" pendant qu'il tentait du flapping pour sa bronchyolite.
(Essayez le flapping sur un gamin autiste, vous m'en direz des nouvelles)
Ah oui tiens je suis super en colère.^^
* Tous les deux lacaniens à la base, comme quoi, hein ?