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Le bébé avec l'eau du bain... *

Publié le par Jeanne-A Debats

Le bébé avec l'eau du bain... *

Oui, le viol est une arme de domination, oui les mecs arrivés de Syrie ou d'ailleurs sont peut-être encore plus susceptibles d'en commettre que nos propres salopards.
(Parce qu'ils viennent d'endroits violents et qu'ils n'ont pas survécu pour rien, parce qu'ils sortent d'une culture encore plus patriarcale, parce qu'ils ont des revanches à prendre et que les femmes sont toujours en première ligne pour payer ce genre d'addition.)
ET :
(J'ai pas dit "mais")

Nuançons nos propos, ne servons pas la soupe à l’extrême droite qui va en profiter pour virer d'autres femmes (les syriennes et autres réfugiées) elles aussi victimes du patriarcat. Les ONG qui travaillent dans les camps de réfugiés occultent assez facilement ce problème devant les "urgences vitales"
(Et ça c'est NOUS voyez-vous, quand on ne fait pas gaffe, quand on ne signale pas dès l'entrée que nous protègerons les femmes, parce que c'est n'est pas un problème URGENT. Vous voyez le message qu'on envoie aux jeunes mecs de ces endroits ? "Vous pouvez violer les vôtres" . De là à passer à "Vous pouvez aussi violer les nôtres", il n'y a qu'un pas.)

Mais hélas depuis toujours, on vit la bonne vieille hypocrisie : il y a les femmes qu'on peut violer, les pauvres et les putes, et puis les gentilles bourgeoises. Et ça c'est TRES MAL. Non là, y'a que leurs maris.

(C'est pourquoi je suis abolo : dès lors qu'on peut acheter le ventre d'une femme, ça signifie qu'on peut acheter le mien tout autant. Que je suis un objet. Mais il se trouve que je suis un objet "de luxe", alors les migrants pas touche. L'hypocrisie patriarcale elle est là : il y a les femmes respectables qui sortent pas en minijupe et qui se vendent "pour un anneau d'or" et les autres qui se vendent pour trois euros et qu'on peut prendre si on veut, le gibier tout venant. )

(Je suis rapide là, je sais)
(Autant le dire illico : je ne crois pas à la mixité dans les situations de crise extrême.)


Rappelons que les migrants ne sont pas UN groupe mais un ensemble d'individus disparates venus de partout qui ne devrait pas porter les agissements de quelques-uns comme la marque de ce qu'ils sont.

Je suis scandalisée par ces vagues de viols et d'agression, ET presque autant par l'instrumentalisation qui en est faite. On parle de silenciation des femmes au nom de la cause. (Et c'est vrai directement : voir l'histoire de la militante ONG allemande découragée de porter plainte)

Mais ce qu'est en train de faire l'extrême droite est une autre forme de silenciation indirecte : c'est pas le patriarcat, c'est pas eux -- dont pas les 1000 mecs allemands par jour qui vont dans ce clandé en Allemagne -- ce sont les réfugiés les agresseurs -- (TOUS les réfugiés) la cause des femmes comme arme du racisme.

IL FAUT NUANCER bordel. Refuser les réponses simples qui peuvent se résumer dans les coms à "Fusillons ces socials traitres bisounours qui nous mettent en danger en acceptant les réfugiés", sisi je l'ai lu un nombre hallucinant de fois depuis ces affaires.

Affaires qu'il FAUT porter au grand jour, plaintes qu'il FAUT déposer, ET aussi se livrer à des actions de sensibilisation dans les camps (là je suis pas sure que ça marche, justement parce que ce ne sont pas UN groupe mais des gens de partout, et que contrairement à ce que NOS discours européens laissent croire, nous ne parlons pas à UNE communauté). Il faut poursuivre ces hommes et les mettre en taule, comme nous ferions pour les nôtres, parce qu'ils sont devenus les nôtres.

(Eh oui)

Parce que l'alternative, c'est qu'on laisse des gens se noyer en Méditerranée ET que les femmes soient quand même violées. Les syriennes ou nous, les syriennes ET nous.
Les bonnes femmes, quoi.
Et ça, c'est insupportable.
Repassez-moi du homard.
Merci.
Bisou.

 

* C'est de très mauvais goût, j'en conviens aisément.

Militance

Publié dans Mauvais esprit

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Appel à textes Parchemins et Traverses

Publié le par Jeanne-A Debats

Les nouvelles de l’imaginaire aiment à nous faire voyager léger – les héros qui les peuplent ne s’encombrent guère de bagages. Hardis et joyeux, ils partent seuls vers l’aventure, ou s’entourent de sages compagnons pourvus de talents et de courage.
Bien souvent, les autres restent à quai. Les autres : ceux qui ne savent rien faire de bon ni d’utile.

Parchemins et Traverses s’indigne, et leur offre une chance : votre voix ! Car la prochaine anthologie donne la parole aux…

Vulnérables !

Ils sont fragiles, démunis, incapables de survivre seuls. Nous pourrions nous passer d’eux, mais nous les protègerons quand même – ou pas.

Quelles sont les limites de notre compassion et de notre générosité ? Doivent-elles s’étendre à tout ce qui la réclame ?
Robots rouillés, mutants déformés, vieillards radoteurs ou bambins vagissants, les prendrons-nous avec nous ou les laisserons-nous sur le bas-côté ?
La vie ne leur a pas fait de cadeaux, ou les leur a repris. Alors faites-leur cadeau de leur histoire. Stupides, fragiles, maladroits, encombrants, ils seront les héros de vos imaginaires.
Tous les genres de la SFFF seront bienvenus, et la science-fiction tout particulièrement, parce qu’on ne se refait pas.

Envoyez vos textes (entre 2 000 et 60 000 signes, espaces comprises) à Sylvie Lainé :

Sylvie@parcheminstraverses.fr, avant le 1er juin 2016.
Le Guide de soumission est disponible sur
http://parcheminstraverses.com/node/18 ."

 

 

 

 

 

Militance

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Le nom de la grosse

Publié le par Jeanne-A Debats

(L'écrivain partagé.) (Entre l'albatros et le canard) (Allégorie)

(L'écrivain partagé.) (Entre l'albatros et le canard) (Allégorie)

 Note de service [1] à l’usage des gentils lecteurs, libraires, interviewers, blogueurs que je n’ai pas le plaisir de connaître.

Mon nom de famille [2]ne se prononce pas :

Deubat x_x.

Ni :

Débat [3] X_x.

En France, la typo exige que les maj soient accentuées si elles le sont, donc s’il y a pas d’accent, euh...

Et pas plus :

Deubate.

Encore moins :

Débate [4]. X_X.

Je suis d’origine aquitaine[5], toutes les lettres se disent [6]. Par exemple, chers Parisiens, la ville d’Éauze, ne se prononce pas « Ose », [7] mais « Eh, Ose[8] » !

 et donc, pour moi, ça donne :

Jana DEUBATSEUH [9], Nom de Zeus ! :D

Siouplé.

Merci.

Bisou.[10]

 

 

[1] Et de rappel.

[2] Qui n’est même pas un pseudonyme, j’ai pas assez d’imagination.

[3] Y’a PAS d’accent eh, vous avez vu ?

[4] Combo !

[5] Une région en dehors du Périphérique, massivement au sud de la Loire.

[6] Et plutôt deux fois qu’une.

[7] Ce qui serait joli, je n’en disconviens point.

[8] Pas mal non plus.

[9] Et on peut quand même me dire tu.

[10] Pour ceux qui ont peur de la contagion, je peux me contenter d’un salut citoyen et équitable.

 

 

 

Militance

Publié dans Omphalos

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Harcèlement à l'eau

Publié le par Jeanne-A Debats

Harcèlement à l'eau

Je ne sais pas bien par où commencer, il y a tant à dire...

J’avais environ 8 ans. À l’école, il y avait deux petites filles, elles étaient jolies, arboraient de longues tresses enrubannées et de grandes jupes colorées sous les blouses à carreaux qu’on portait encore dans ma primaire de campagne. Elles étaient gitanes. Le jeu dans la cour de récré était de les toucher, puis d’agiter sa main d’un air dégoûté avant de l’essuyer sur la blouse d’un copain en criant « T’as Baron [1] ! ». C’était leur nom de famille.

Les gosses faisaient comme s’ils se refilaient la peste ou quelque chose d’affreux de ce style. Je ne supportais pas ça, je n’avais que 8 ans, mais je trouvais déjà qu’ils étaient odieux, les autres. Ma tactique, c’était de me faire toucher puis de disparaître dans la salle de lecture. Ça arrêtait le « jeu » puisque j’étais censée « refiler » mais que je le ne faisais pas. Une fois un garçon m’a frappée pour ça, mais je me suis rendue et j’ai été punie.

« Parce qu’une petite fille ne se bat pas  [2]».

Plus tard en colo, pour me punir des garçons m’ont « touchée » et les moniteurs ne réagissaient pas.

«  Parce que c’était moi qui les provoquais ».

A 17 ans à l’internat, j’ai été obligée de casser la figure à la meneuse d’une bande de filles qui voulaient me traîner nue dans la cour de récré après m’avoir collée sous la douche, juste parce que j’étais nouvelle.

(Devant l’échec du frontal, la rouste ayant été dissuasive au moins pour ça, elles se sont attaquées à mon lit et l’ont rempli de boue et de merde. J’ai dormi dans des couvertures toute cette semaine-là [3])

(Et j’ai été collée. Pour la rouste.)

(Je hais le bizutage de haine pure.)

Et jusque tard dans mon existence, encore il y a moins de trois ans, quand j’ai été harcelée, le harceleur était toujours vaguement excusable. La victime souvent punie, surtout si elle avait eu le front de protester, ou de rendre coup pour coup.

Ce qu'il faudrait réaliser, c’est que notre société toute entière encourage et protège le harcèlement. Et que la victime a toujours tort de faire du bruit.

À tous les niveaux.

En famille.

À l'école.

Dans la rue.

Au travail.

On s’en rend compte seulement MAINTENANT, c’est tout. Et encore, certains harcèlements [4] sont toujours difficiles à faire admettre en tant que tels [5].

Inutile, les gens, de tomber sur les profs, ils sont comme vous, comme nous. C’est à dire que soit ils comprennent à 8 ans que c’est dégueulasse, soit ils laissent faire, comme de bons protecteurs de harceleurs que sont beaucoup d’entre nous, soit ils ne voient pas ce qui se passe en dessous de l’eau.

Parce que la victime n’a PAS CRIÉ.

NE S’EST PAS BATTUE.

Et que SURTOUT, SURTOUT, personne à côté n’a dit STOP.

D’où le clip qui énerve tant de mes collègues. [6]

Eh mais, chers collègues, c’est pas scandaleux ce clip ! L’instit ne capte rien parce qu’on ne lui laisse rien capter. Une classe, c’est comme une mare étale, il faut beaucoup d’attention (et ne pas avoir de cours à donner ) pour distinguer les brochets qui marinent en dessous.

Ce qui serait scandaleux, ce serait si elle NE FAISAIT rien en VOYANT.

Ce n’est pas ce que raconte ce clip qui dit seulement à la petite fille de 8 ans :

« Tu sais, Bichette, c’est dégueulasse ce que tu vois se passer dans le dos de ton instit. Ne détourne pas les yeux. Ne laisse pas faire. Agis. »

 

 


[1] Changé pour préserver l’anonymat de ces deux femmes qui méritent d’avoir la paix après toutes ces années.

[2] Nous parlons des années 70.

[3] Plus tard, animatrice, on m’a fait presque le même coup. Je l’ai raconté plus tôt. Marrant comme les méthodes des salauds sont toujours les mêmes.

[4] De rue, au hasard.

[5] Oui merci, Perceval.

[6] Alors, c’est vrai que les gens nous tombent dessus, sur notre supposé « laxisme », sans parler de ceux qui nous accusent direct de sadisme, mais ils le font toujours, de toutes façons. Remettez vous.

 

 

 

Militance

 

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Ayerdhal

Publié le par Jeanne-A Debats

«Il est arrivé un matin, au petit matin, le cinquième jour de la fermentation, quand le miel prend sa première amertume. C'était l'année où le Prince adouba son ainé, l'année où il lui confia la ville pendant qu'il guerroyait pour son Roi sur d'autres rivages. Il est arrivé avec le vent de mer, un havresac au bout du bras droit, le chat sur l'épaule gauche.»

L’an dernier, j’avais prêté Parleur, MON Parleur, à deux de mes élèves. Celui où tu me disais qu’en latin comme en fortran, nous deux, partagions cette étrange capacité à dire non. Elles en étaient sorties comme moi, jadis, transformées. L’une d’entre elles regrettant que Karel soit seulement un personnage de fiction, sa camarade lui avait répondu qu’il existait, que c’était toi. J’ai pensé à l’arrivée de Karel sur le Causse et j’ai ri tendrement, à vous trois, mes deux élèves et toi, parce qu’elle avait raison ma gamine.

J’ai ri tendrement, parce que le rire et la tendresse n’étaient jamais loin de tes révoltes et de tes indignations. J’ai ri parce que j’avais transmis  le flambeau que tu m’avais donné avec ce livre, à moi comme à tant d’autres.

Yal, tu es parti ce matin, l’hiver prend son élan sur un tapis de soleil doux. C’est l’année où nous avons perdu déjà tant de monde que je me fiche bien de ce que font les rois, mais tu es sûrement parti avec un chat sur l’épaule.

Il est une photo où nous sommes tous les trois au premier plan. Toi, lui et moi, tout embrassés. Dans notre dos, un mur d’amour, celui de nos amis, et surtout celui de Sara. Tu t’en servais comme bannière sur ton mur Facebook, j’aimais la voir apparaître quand tu avais une gueulante à pousser. Souvent. Je me retrouvais face à nos trois sourires. Celui de Rô qui m’arrachait un peu les tripes, le tien qui me réconfortait.

Hasta siempre, Yal, je te promets de continuer à me réchauffer à ton sourire.

Ayerdhal
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Les changelins des autres.

Publié le par Jeanne-A Debats

Je suis très en colère

Or donc voici les faits :

Églantine Emeyé, journaliste, mère d'un enfant autiste a placé son fils à 800 km de chez elle dans un établissement à forte tendance psychanalytique qui pratique notamment le packing, dont elle fait d'ailleurs la promo. Elle a écrit un livre là-dessus, elle y cogne au passage sur la sacro sainte méthode ABA (que j'ai utilisée pour le plus grand bien être de mon propre fils)  qui n’a pas fonctionné avec son gamin.

Elle se mange un backslash absolument ignoble, totalement contreproductif et parfaitement misogyne de mon point de vue.

 (Peut-être bien parce qu’elle ne s’y est pas investie à fond dans ABA, ou qu'elle avait de mauvais formateurs -- ils pullullent -- mais quand elle dit « Je ne veux pas être la thérapeute de mon gamin », j’entends. Je comprends tout à fait même. Même si moi je l’ai été, la thérapeute du mien. C’est que je connais l’addition, l’énergie, le désespoir, que ladite position suppose.)

 (Packing = un truc assez horrible quand même, que quasiment tous les pays ont banni sauf le nôtre et qui consiste à entourer le môme de linges gelés jusqu'au réchauffement par le corps, ensuite on le lui enlève, on le réchauffe et il s'apaise -- bien tiens, mon con, on a cessé de le torturer ! )

(ABA, méthode comportementaliste « douce » -- on va dire – qui est ce qu’on a trouvé de mieux – selon moi -- pour sinon soigner, du moins accompagner les symptômes de l’autisme.) (Mais il y a des critiques contre et pas seulement venues de la psychanalyse, pour être parfaitement honnête.)

Ce qui lui est reproché c'est :

 

a) D’être totalement la marionnette des « labos » et des « psys » pro packing pour des raisons financières essentiellement.

b) De nuire aux autres parents d’enfants autistes dans leur combat, notamment dans la « promo » de cette méthode épouvantable qu’est le packing.

c) D’être une mère horrible et abandonnique.

 

a) On pourrait envisager juste deux minutes qu’elle soit sincère, car je n’imagine pas qu’elle entende nuire à son môme ni à ceux des autres délibérément. Au passage, on oublie facilement à quel point la parole des médecins est celle de l’évangile : s’ils vous disent que c’est bien, combien d’entre nous sont capables de résister ? Vous avez réussi, j’ai réussi, bravo ! Mais accepter l’idée que tout le monde ne soit pas capable de cette résistance serait un grand pas en avant.

(Tiens ça me rappelle une conversation récente à propos d’examens mammaires superfétatoires)

b) Voilà, les mecs, pourquoi je n’ai JAMAIS PU faire partie d’aucune association de parents d’enfants autistes, quand bien même elles auraient partagé mes choix éducativo-thérapeutiques. Ce ne sont rien de plus que foutues nouvelles chapelles qui du point de vue de la dogmatique et de la morgue valent largement celles de la psychanalyse. Donc présenter un avis différent, c’est « nuire aux autres » ? On me répondra qu’Églantine bénéficie d’une large audience médiatique qui pousse son discours au-devant de la scène. Mais faut pas déconner, l’autre discours, le NÔTRE, aussi.

On fait quoi, là, du débat nécessaire, de la confrontation des idées, voire de la démocratie tout court, lorsqu’on prétend qu’un discours différent est « nuisible » ?

 

c) And Last But Not Least :

(Et je crois que c’est bien ce qui me fout le plus en boule.)

Cette femme s’est choisie, elle a choisi de ne plus être (quelque part) « une maman d’enfant autiste ».

 (Gnagnagna.)

(Le premier qui s’avise de me définir ainsi s’en mange une, je ne suis pas « une maman d’enfant autiste », je ne suis pas une « maman » tout court, je suis une femme qui a eu des enfants, dont un autiste, et je vous emmerde.)

(Les seuls êtres au monde qui ont le droit de me définir ainsi sont mes deux fils et éventuellement, leurs soignants et professeurs puisque c'est à ce titre que je les rencontre.)

(Oui, je sais, je suis hargneuse.)

(Non, je n’ai pas mes règles, je suis légitimement, définitivement, terriblement, en colère et, comme un homme, je la manifeste nettement, sans m’excuser de la ressentir)

Ça vous emmerde hein, une femme, jolie, aisée, qui ne soit pas dans le sacrifice ? Déjà parce que c’est une femme, elle n’a pas le droit hein, de ne pas être une mère. Mère, c’est ce qu’il y a de plus beau et refuser de l’être c’est dégénérer.

MAIS MERDE.

Cette femme a eu le courage insolent de ne pas mourir auprès de son enfant. Je la soutiens. Ce n’est pas mon choix, ce ne sont pas mes options thérapeutiques, mais je la soutiens. Vous auriez préféré qu’elle en crève et son gosse avec elle ? Oui, vous auriez préféré. Parce qu’en renonçant, elle vous renvoie à votre propre choix, elle le met en cause, et une petite voix perverse vous souffle « Et si » « Et si j’avais décidé d’avoir une vie » ? Alors vous l’étouffez bien vite, et pour mieux l’étouffer, vous foncez sur la coupable pour la pendre haut et court. Vous dites « penser à l’enfant », ouais, vous pensez à son frère ou sa sœur qui aurait été sacrifié aussi sur l’autel de l’autisme ? Non, celui-là, il peut crever lui aussi. Comme sa mère.

Je n’ai pas fait son choix, je me suis battue autrement, sans doute mon fils était plus gérable aussi, je n’en sais rien.

Je refuse viscéralement que les femmes soient systématiquement sacrifiées à leurs mômes. Qu’on prétende systématiquement « penser à l’enfant » d’abord.

 (À quand les accouchements où on choisit le gosse, à quand la fin du droit à l’avortement ? ) C’est un choix qu’elles seules peuvent opérer ; les autres, vos gueules.  Ou alors après ne vous étonnez pas que certaines les congèlent.

Je défendrai toujours ici le droit des femmes, celui notamment à n’être pas « mère courage », ce qui est un autre forme de combat, parce qu’elle va s’en manger du mépris et de la haine, Églantine. Je lui souhaite toute la bravoure du monde.

Et si vous voulez vous battre contre le packing, fort bien, je serai avec vous... tant que vous ne tromperez pas de cible.

 

 

Les changelins des autres.

 

En tout cas, de mon côté, mon fils vit plutôt chez son père depuis ses treize ans. Il est trop grand, trop fort pour moi, maintenant. Et moi aussi, après des années de combat, j’estime que j’ai bien travaillé, j’ai passé la main.

(Notamment pour avoir une carrière et accessoirement une vie, amoureuse, à tout hasard.)

(C'est super mal, je n'en doute pas.)

Ils sont très heureux tous les deux. Et là, mon gremlin ne va pas tarder à venir me chercher pour qu’on « travaille », c’est les vacances, on prend du temps.

Je me demande où est le père de ce môme tiens, personne n’en parle ?

C’est peut-être dans le livre d’Églantine, je vais certainement le lire.

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BHL, expert européen*, nous déclare :

Publié le par Jeanne-A Debats

"Les terroristes de Daech sont juste bons à faire les fiers-à-bras devant l'objectif"*

(BHL, aux Thermopyles)

(BHL, aux Thermopyles)

* Ben, il s'y connait au moins, là.

Publié dans Mauvais esprit

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Le Contrôleur

Publié le par Jeanne-A Debats

Et donc nous étions dans le tram et elle était assise à côté de nous. Une blonde un peu rousse, un peu ronde, très pays de l'est, sanglée dans une doudoune bordeaux et un jean clair moulant. L'air sage. Le contrôleur arrive. Lui, il a la tête du beauf quinqua des grands jours, version maigre et bien rasée. C'est clair, il boit trop aussi. Son teint le dénonce.
Elle n'a pas de ticket.
Je me tends sur mon siège, pauvre choute, ça ne va pas être sa fête.
Elle ne comprend rien à ce qu'il lui demande d'une voix posée qui sent son flic à dix bornes. Elle lui tend un billet de 5 euros. Elle n'a pas les 50 réclamés. Il lui demande ses papiers. Elle n'en a pas.
Il lui fait signe de le suivre un peu plus loin près des portes. Le tram arrive à la station.
Et là...
Et là...
Il la pousse dehors doucement juste avant que les portes se referment.
Ses collègues n'ont rien vu.
Clair qu'il savait que pour elle ce serait plus qu'une histoire de ticket cette affaire.
Clair qu'il lui a sauvé la peau.
Clair que je l'avais très mal jugé, cet homme.
Clair tout court parce que j'aime bien voir les gens humains...

Le Contrôleur

Publié dans Le Murmurant Paris

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Les sept sonneries que j'entends à propos de piratage

Publié le par Jeanne-A Debats

(ceci est un albatros, normal on est à la mer)

(ceci est un albatros, normal on est à la mer)

 

 

 

Mes bien chers frères, mes bien chères soeurs,

Qui crevez de faim[1] avec moi tous en choeur.

***

Quand de notre clocher, j’entends sonner le bronze

Qu’en chaire l’on conspue[2] l’infatigable gonze

Qui jusque dans nos bras pirate nos beaux livres

L’envie de vous secouer me saisit, j’en suis ivre.

Il serait temps de prendre une injection salée

De ce que l’on appelle (à tort ?)  réalité.[3]

 

 

1) 1 téléchargement = 1 vente perdue

Cette équation est débile et ne repose sur rien. Sauf l’angoisse.

Perso, au tout début, quand c’était pas totalement interdit, je piratais.[4]

 Je peux vous assurer que JAMAIS je n’aurais acheté ce que je piratais[5]. En revanche, il m’est arrivé ENSUITE d’acheter quand j’avais envie de soutenir.

Tous ceux que j’ai vu pratiquer le piratage, à l’exception de quelques malades mentaux qui de toute façon ne liront jamais tout ce qu’ils ont téléchargé [6], ont eu ce genre de pratiques.

 2) Les pirates sont des enfants gâtés qui préfèrent payer leur I-Phone que les oeuvres d’art.

Les pirates sont en général des jeunes, on connaît le taux de chômage jusqu’à 30 ans. Ils font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, et mieux vaux s’offrir l’accès illimité à la culture, qu’un bout ridicule de culture par mois.

C’est juste des maths.

3a) Le piratage est la mort de l’auteur.

C’est surtout d’abord la mort de l’éditeur.

Je ne dis pas qu’il faut le laisser crever, mais s’il pratique en numérique des prix imbittables, il cherche.

Petite démo :

Sur un de mes livres jeunesse (que je ne nommerai pas) le ratio achat papier / achat numérique est de 1000 exemplaires papier pour 0,5 numérique EN UN AN D'EXPLOITATION.

(Je ne déconne pas : j’ai les chiffres sous le nez, validés par le comptable de cette maison d’édition qui ne rigole que chaque fois qu’il lui tombe un oeil.)

Le livre papier est à 16 euros environ, le numérique à 11 euros

Sur l’Héritière, mon dernier roman aux éditions Actusf, les achats numériques ont dépassé les 500 exemplaires en MOINS de TROIS MOIS.

le livre papier est à 18 euros, l’exemplaire numérique à 5, 99 euros

Cherchez l’erreur.

3b) Qui vole un livre numérique arrache le pain direct de la bouche de l’auteur.

Eh ben non.

Si on vole un exemplaire papier, LÀ, on vole directement l’auteur. Cet exemplaire contenait un pourcentage qui devait lui revenir à coup sûr. Mais en numérique ? Le fichier est toujours en vente non ?

 

Edit : Yal Ayerdhal, qui est un pote en plus d'être un dieu vivant de la littérature de SF, me dit que je m'emmièle les ailes dans les palmes :

Apparemment, l'auteur ne perd même pas sur un exemplaire papier volé : c'est le libraire qui casque.

4) Qui vole un livre numérique augmente drastiquement le futur prix des futurs livres.

Je me demande d’où ça sort, ça. Je ne vois pas sur quels calculs on peut avancer une prédiction pareille. Les éditeurs sont débiles d’accord [7] , mais d’ici qu’ils mettent un livre à 30 euros sur ces bases, il neigera en enfer ou on leur aura offert de jolies chemises aux manches nouées dans le dos.

5) Le piratage a tué la musique, le livre suivra.

Non, le piratage a tué les Majors qui faisaient éhontément leur beurre en vendant jusqu’à 30 euros des CD qui leur en coûtaient 1. Dès qu’une offre légale, normale, au prix abordable, a vu le jour, l’industrie de la musique a relevé son joli museau trempé de larmes et de vodka.

Edit : Yal Ayerdhal, qui est un pote en plus d'être un dieu vivant de la littérature de SF, me dit que je m'emmièle les ailes dans les palmes :

En fait, les Majors, ça va merci, elles ont envoyé leurs auteurs au charbon pour se battre contre les pirates mais au final, ce sont ces mêmes auteurs qui ont vu leurs revenus baisser.

 

6) Les DRM protègent du piratage.

Erreur : les DRM POUSSENT au piratage. Quand pour la troisième fois au moins, le lecteur honnête ne peut PAS lire son fichier qu’il a tout à fait légalement acheté, il craque. (Lui et le fichier)

7) Il faut un système de surveillance des pirates.

Vous n’en avez pas un peu marre de Big Brother ? Vous êtes vraiment sûrs que vous désirez échanger les 2 euros que ça va (éventuellement) (mais sûrement non) protéger contre votre vie privée ?

 

 

Conclusion :

Mes chers , chères collègues,

Regardons également un poil la vérité en face, nous sommes aussi peu piratés que nous vendons. Si nous nous lançons en groupe à la poursuite du vilain pirate, ce ne seront pas nos 2 euros que nous défendrons, mais ceux d'Amazon et de Musso. Eux oui, ils sont massivement piratés, et franchement, je ne verse pas une larme, même imbibée de vodka.

Mesdames et messieurs les pirates,

Foin de vers, ici, je ne vous encourage pas à pirater, soyons clairs.  (Même s’il reste en moi une vieille anar qui pense comme jadis : « Vous ne pouvez pas acheter mes livres ? Volez-les ! » [8]) (Parce qu’un écrivain ça veut manger certes, mais ça veut être lu. ) D’abord parce que ce n’est pas légal et que je défends les lois de cette fichue république dont je suis, il faut l’avouer, l’un des agents dévoués. Et puis 2 euros, c’est 10 chouquettes pour mes mômes. [9]

Et ça représente en fait une somme de boulot[10] de ma part dont vous n’avez pas idée.

Mais je comprends. Et surtout je comprends que tant que le marché crispera sur des bases obsolètes, il n’y a aucune raison valable que vous arrêtiez de pirater.

 Je ne vous bénis pas donc, mais je vous absous.

Allez en paix.

Ite missa est.[11]

 

 

[1] Attention : Pathos !

[2] Oui, enfin, parmi vous, j’aimerais bien connaître le nombre de ceux qui n’attendent pas l’arrivée du dernier épisode de GoT ou de True Blood dans leur torrent. (Pour rire)

[3] Pardon, je ne le ferai plus, c’est juste que je suis en train de corriger Timothée Rey. (J’me comprends)

[4] Il y a prescription, Monsieur l’Agent.

[5] J’ai arrêté, Monsieur l’Agent, dès que c’est devenu illégal. Je suis professeur, je suis censée donner l’exemple. Mais c’est uniquement par respect maladif,  et souvent pervers, de la loi et du bien collectif.

 Par exemple, je ne me sers pas non plus de la photocopieuse du collège à mon usage personnel. ^^

[6] Et du coup, ça revient à ne PAS avoir volé le livre, si, si, réfléchissez ^^

[7] Non, Mireille, Denis, Jérôme, je déconne, je vous aime, smourch.

[8] Enfin c’est comme ça, avec cette philosophie, que la librairie au coin de la Sorbonne coula. Elle se laissait voler par les étudiants désargentés.

[9] Pathos bis.

[10] Pathos ter.

[11] Paye ta réforme des collèges.

 

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les dix petites choses crispantes régulièrement proférées par les écrivains

Publié le par Jeanne-A Debats

(ceci n'est pas Julien Gracq, ni un albatros)

(ceci n'est pas Julien Gracq, ni un albatros)

 

Je ne sais pas si c’est seulement franco-français, mais la surestimation permanente à laquelle on se livre dans ce pays quant aux écrivains me les brise, menu, menu. Primo [1], parce qu’elle est totalement schizophrène, je l’avoue.

D’un côté, on leur demande leur opinion sur tout, comme si leur art les rendait quasiment omniscients, de l’autre on les paye au mois (pour la plupart, sauf la petite trentaine qui parvient, par la grâce de ses ventes, à tirer son épingle du jeu) comme on n’oserait pas rémunérer à l’heure le dernier lampiste de chez Thomson Armements.

Je ne veux pas dire que le fric est la condition sine qua non [2] sans laquelle une opinion n’est ni sérieuse ni documentée, non quand même pas. Mais tout de même, si nous sommes géniaux, pourquoi nous traiter le reste du temps comme des mendiants mal embouchés ? Absque argento omnia vana [3].

Secundo [4], parce que ça encourage ces grands dépendeurs d’andouille dont je suis à se croire d’un autre métal que le vulgus [5] et à perpétuer des légendes [6] qui datent de Victor Hugo et peut-être même a Deucalione [7].

Donc, l’auteur français, sorte d’albatros aux ailes pendantes, tout livide au milieu des tempêtes, pieds nus sur le roc anguleux, ne se contente pas d’écrire des sonneries alis aquilae [8] dans son clocher d’ivoire. Non, non. Parfois, il descend le bec claquant pour en dire quelques autres tout en secouant bien fort sa crinière au vent dans un grand mouvement de cheveux d’écrivain. Avec la bénédiction béate du public énamouré.

Ce qu’il y a  de terrible surtout, c’est que ce sont toujours les mêmes et qu’elles témoignent la plupart du temps soit d’un égocentrisme forcené, soit d’un ego monstrueux trimballant avec lui la certitude ancrée de n’être pas tout à fait comme les autres pauvres couillons de cette Terre.

N’est pas Julien Gracq qui veut pourtant, ni Totor à Guernesey. Et quand bien même, ça ne protège pas de la sonnerie ronflante et trébuchante : voir le même Julien Gracq dont j’ai appris depuis que son mépris du public allait jusqu’à avoir refusé l’introduction de son oeuvre en poche. Le pauvre chou, effectivement, ça aurait été horrible si des prolos pourris avaient pu le lire sans se saigner aux quatre veines.

Alors que si. J’en suis persuadée, l’écrivain n’est pas autre chose qu’une concentration bouillonnante de pauvre couillon, justement. C’est cela, rien de plus, qui sort de sa plume, et non son sang comme il prétend nous le faire accroire ad nauseam.[9]

Il faudrait pourtant se rendre compte qu’au fond tout ça n’est que du marketing, l’artiste maudit en représentation, au point que lui-même se regarde jouer et y croit (parfois^^). Certains se targuent de ne manger que des fruits pourris, d’autres portent des lunettes noires, des chapeaux, ou annoncent à grand ramdam qu’elles vont se  fader des endives braisées.

Ergo [10], ça m’énerve un peu (même quand c’est moi) , c’est pourquoi absit reverentia vero [11], et je vais le faire hic et nunc [12] voire ad usum delphini [13]:

 

1) Je souffre en écrivant.

Non mon pote, t’as juste du mal à te mettre au boulot comme n’importe quel mineur de fond.

2) Écrire pour ne pas mourir.

Et si pour changer on écrivait pour vivre ? Je sais, c’est révolutionnaire comme idée. Pourtant, la catharsis, papa, ça se commande, si, si.

3) Mes livres sont mes enfants.

Ah ? Et tes vrais enfants aussi, tu les vends à 3000 euros d’à-valoir et 10 pour cent de droit ?

4) Mes personnages font ce qu’ils veulent. (variante : j’ai du mal à tuer mes persos, ils sont trop proches de moi.)

Ouais, ben les miens, si ça les prend, c’est deux baffes et au lit sans dîner. C’est qui le démiurge, ici ? Non, mais sans rire, ça sert à quoi de dire un truc pareil ? Que tu es en train de louper ton bouquin ? Que la vraie vie ça n’existe pas ? Ou juste que ça masque ton angoisse térébrante à l’idée que, comme tout le monde, tu ignores comment fonctionne ton inconscient ?

5) L’écriture est une ascèse.

Ouais, ben au bureau, j’ai pas vu qu’ils se gavaient de gâteaux en permanence (Tu dois bien te lever pour aller te faire un café, non ? Ah non, c’est la bonne, oki. ) ni n’organisaient des orgies dans les open space ou à l’usine.

6) J’ai une vision.

Arrête de fumer du hérisson, tu veux ? Dans la vraie vie, ça s’appelle une hallu. Ou alors, tu veux juste dire que tu as une bonne idée de roman.

7) Le lecteur est un con/ Le lecteur est un dieu.

En fait, c’est la même qui dit en gros que tu trembles d’horreur à l’idée de n’être pas lu. La deuxième est juste plus proche de la vérité.

(Au fait, qu’on me l’amène « LE lecteur », j’aimerais bien voir sa tronche ! Oh merde, c’est moi !)

8) Ma femme est exceptionnelle. (réservé aux hommes)

Traduction : c’est elle qui va au bureau tous les jours gagner de quoi payer l’électricité, elle répond aussi au téléphone et tient mon agenda. (Option : « Je la quitterai pour une pin up dès que j’atteindrai le mass market. »)

9) Mon mari est exceptionnel. (réservé aux femmes)

Traduction : il fait pas trop la gueule quand je me barre en festival, si et seulement si, le frigo est plein et que j’ai laissé des plats tout prêts dans le congélo.

10 ) Je n’écris qu’à la plume d’oie plaquée or, d’ailleurs ce modèle m’a été offert par mon mentor (name dropping in progress).

Toujours de bon ton de cracher sur la technologie et se targuer d’un rapport bio à son écriture, hein ?

L’écriture sans gluten et sans pesticides.

 

La meilleure pour la fin, celle qui s’adresse en général au critique :

11) C’est un connard jaloux qui crève de ne pas écrire et qui se cache sous un pseudo pour me dégommer.

Euh... t’as pas honte ?

On peut vraiment pas détester ce que tu fais à froid ? Comac ? Gratos ? (Et le coup du pseudo, franchement, après 10 ans d’Internet et 250 hadopi like, faut arrêter. L’anonymat, ça n’existe plus.)

 

 

 

[1] Paye ta réforme des collèges.

[2] Paye ta réforme des collèges.

[3] Paye ta réforme des collèges.

[4] Paye ta réforme des collèges.

[5] Paye ta réforme des collèges.

[6] Des siècles, ’videmment.

[7] Paye ta réforme des collèges.

[8] Paye ta réforme des collèges.

[9] Paye ta réforme des collèges.

[10] Paye ta réforme des collèges.

[11] Paye ta réforme des collèges.

[12] Paye ta réforme des collèges.

[13] Paye ta réforme des collèges.

Publié dans Mauvais esprit, Oups

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