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pacion y concepcion vont en bateau

Le 11 septembre aujourd'hui, je m'en fous... *, **, ***

Publié le par Jeanne-A Debats

Que ceci soit bien clair : je SAIS très exactement ce que je faisais le 11 septembre, il y a dix ans. Je me souviens de TOUT. Je pourrais vous raconter minute par minute ma prise de conscience ce matin-là et ma compréhension des images relayées sur tous les écrans, ma certitude que le monde allait changer de paradigme et pas en bien.


J'ai même écrit à l'époque une nouvelle qui paraitra bientôt dans l'anthologie Ghost Stories aux éditions Lokomodo et dont la fin s'encastre dans ces deux tours.

Si le 11 septembre est pour moi une journée de deuil, c'est parce que j'ai vu tomber plus lourde la chape de plomb occidentale sur le monde arabe qui n'avait pas besoin de ça, parce que mes rêves d'intégration pour mes élèves, pour mes voisins,  s'envolaient en fumée et délires complotistes.


 

 

 

 

Alors,  je refuse de m'associer publiquement de près ou de loin à celui des Américains du Nord quant à leur certitude divine d'être au-dessus des contingences et cataclysmes des guerres dans le monde.
Je ne dis pas que je me réjouis de cela, trois mille morts c'est toujours atroce ;  mais il est toujours terrible le prix de l'arrogance et du mépris, surtout à l'échelle d'un pays, et je peux  citer trois cent mille autres morts dont on ne dira rien parce qu'ils n'étaient pas américains et dont le dixième anniversaire n’arrachera pas l'ombre d'un souvenir, d'un soupir, à quiconque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* D'autant plus qu'on est le 12

** CF chansons de brassens

*** Et puis flutabec et cornegidouille, c'est quand même à cause du 11 septembre que les douaniers suisses m'ont barboté cet été la bouteille de raki stambouliote destinée à Ayerdhal (qui aime les sucettes à  l'anis) au motif ahurissant que je ne l'avais pas achetée en Europe.

Et là, il y a vraiment de quoi prendre le deuil.

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Mystères et complots du Vingtième Siècle. N°1

Publié le par Jeanne-A Debats

Comment a-t-on réussi à faire passer les gens du lait de vache, chaud, crémeux, parfumé, sorti de la vache, à la pisse d'âne désormais baptisée du nom de lait stérilisé sans déclencher une révolution ? O_o 15, 16

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15. Au point que trouver MÊME du lait entier devient difficile X_X

16. Et le chocolat, hein ? T'as vu le chocolat ? Au fait, t'étais pas punie, toi ?

15. Me parle pas du chocolat, je vais pleurer. Sinon, oui, j'étais collée mais la patronne est si shootée de sa rentrée qu'elle a levé la sanction.

16. Moi, je dis elle baisse et c'est pas beau de vieillir...

 

JA2B : Ok les deux comiques, collées toutes les deux ! C'est la note de bas de page N°17 qui reprendra vos fonctions !!


17. Hein, quoi ?!! Mais j'ai rien dit moi !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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Téléportation, Mr Stock ?

Publié le par Jeanne-A Debats


 

HomeJ'avais cru dans mon immense naïveté que, question mur du çon éditorial, Anne Clarke avait passé les bornes de la Sublime Porte et que grâce à elle, nous nagions, enfin, dans les eaux sereines de « On-a-plus-rien-à-craindre-le-pire-est-déjà-là ».

Mais non.

Heureusement que, parmi nous, au cœur de cette merveilleuse communauté qu’est la Scène Littéraire Française, il reste quand même de vrais hommes capables de sentir un défi quand ils en voit un. Et de le relever. Haut et fort.

Il faut dire qu’eux-mêmes se gargarisent à loisir de la fameuse « exception française ».1

Au risque de se la prendre dans la bobine, en même temps que les pieds dans le tapis.

Ainsi, c’est Monsieur Roberts, directeur éditorial chez Stock qui gagne le pompon, le mickey, les oreilles et la queue.

(C’est l’été, la corrida est un marronnier de saison.)

Monsieur Roberts vient de découvrir :

a) l’existence des ordinateurs3.

b) le piratage

c) le malaise des librairies.

Cet homme est un explorateur tellement avant-gardiste qu'il a inventé la découverte vintage, peut-être même la rétro uchronie****, dans la foulée.

 

Le pauvre en est tout ébaubi. Mais comme c’est un vrai mec, il sait ce qu’il faut faire.

Il a trouvé la parade.

Interdire internet.

Le faire disparaître de la surface de la Terre et revenir aux signaux de fumée.6

Non, je déconne, mais ce n’est pas si loin, si on pousse le truc au bout, ce qui est une des manies agaçantes d’un bon locuteur en Klingon comme le faisait remarquer Alain Damasio sur France Cul. pas plus tard qu'il y a deux jours.*

 

Et sa vraie solution est ?

Je vous le donne en mille.

Imposer un lieu unique d’achat du livre ( les librairies) et par conséquent ne plus autoriser la vente en ligne (y compris numérique, je suppose)7. Et là, ce n’est pas du Klingon, je vous jure, il l’a vraiment dit.

Personne ne sait comment il compte s’y prendre et c’est tant mieux, parce que tout de même ça imposerait une surveillance d’Internet auprès de laquelle la censure chinoise aurait l’air d’une remontrance d’institutrice distraite par un sms amoureux de son IEN.

Mais le plus beau, le Spoonmaker** même, c’est quand même cette déclaration du bonhomme qui conclut presque l’émission  ( déclaration liée au déchant des ventes de Musso8) :

"Le temps de cerveau disponible est beaucoup moins important, et malheureusement que ce soit pour les radios, pour les éditeurs, pour les libraires, je pense qu'il y a tout un temps consacré à aller sur un blog, choper une info, un scoop, une rumeur qu'on a pas... les gens passent deux à trois heures quotidiennes de leur vie à faire ça et pendant ce temps-là ils ne lisent pas".

Alors    a) en fait, si Toto, ils lisent, parce que pour utiliser un ordinateur faut savoir lire, déjà.

Ensuite b) Loulou, je dois t’avouer que j’adore l’expression « temps de cerveau disponible » tant elle suinte de mépris inconscient chez ceux qui l’utilisent9. Et toi, je ne sais pas, mais moi mon cerveau fonctionne en permanence, sinon j’aurais du mal à respirer quand je descends un escalier ou que je mâche un chewing-gum. Tu dois avoir vu un de ces vieux épisodes de série antédiluvienne (Typo Stargate) où on te serine la vieille sornette selon laquelle on n’utilise son cerveau qu’à dix pour cent de ses capacités, c’est pas possible autrement10.

De plus c) qui tu es Jojo, pour décider à la place des gens ce qui est le mieux pour eux ? (Genre : lire plutôt qu’aller en salle de muscu ou à la plage ?)

En outre d) comme souvent avec les stats, Chouchou, tu rapproches deux chiffres qui n’ont pas forcément de rapport entre eux (le temps des gens sur le net vs le temps qu’ils AURAIENT passé à lire) en décidant que c’est le même.

 J’aime !

Où est le bouton « like »13 ?

           

C’est marrant, et si je décidais d’en faire moi aussi des stats ?

Du style :

Puisque les blogs les plus actifs que je connaisse sont ceux de lecteurs dévorants qui passent leur temps à lire, à parler de ce qu’ils lisent, avec passion, quand ils ne déconnent pas sur FB ou G+ à échanger des photos de chats rigolos***, il n’y a plus qu’une solution :

obliger tout le monde, sous peine de reconduite à la frontière, à avoir un blog de chronique littéraire (à jour, s’il vous plaît), aimer les lolcats et à s’inscrire sur les réseaux sociaux.

Voilà.

Bon du coup, évidemment, ça risque de mettre les critiques au chômage.

Too bad.

Hélas, on a rien sans rien.14

Enfin, je ne sais pas ce qu'ils prennent au petit-déjeuner chez Stock, mais ne me donnez pas l'adresse de leur dealer : c'est pas bon.coke 

 


 

1. Notamment celle qui consiste à ignorer résolument un genre reconnu partout ailleurs dans le monde.2

2. Non, je ne parle pas du thriller ésotérique.

3. Je suppose que chez Stock, ils congèlent leurs directeurs éditoriaux et ne les réveillent qu’une fois par an pour signer les chèques, du coup, ils sont un poil en décalage avec la marche du monde.4

4. Ou alors ils ont mal compris le message de l’épisode 3 « To the last man » de la saison 2 de Torchwood.5

5. Série que je vous recommande des deux pieds des deux mains, si vous ne l’avez pas déjà vue.

6. Ça tombe bien je connais des auteurs fumants.

7. C’est sûr qu’avec le succès que l’on connaît au prix unique du livre, il FAUT absolument rééditer ça dès que possible.

8. C’est tout aussi sûr qu’à 200.000 exemplaires, on peut parler de chant du cygne. Vous m’excuserez si je ne fais pas partie du chœur des lamentations. (En revanche, j’ai eu une envie féroce de taper sur ce monsieur qui a laissé tomber du bout des lèvres qu’il « n’avait rien contre la littérature populaire. »)

9. Et c’est notamment là que Roberts fait mieux que Clarke.

10. Il faut bien reconnaître que, parfois, la SF a de petits côtés nocifs.

11. Ça me fait furieusement penser à ceux qui croient dur comme fer que si on supprimait tous les « mauvais » bouquins, les gens se rueraient sur les « bons ».12

12. Ne me demandez pas comment ils trient le bon grain de l’ivraie, pas la moindre idée, et en fait, je préfère ne pas savoir.

13. Non, pas .

14. Ça  se voit, hein ?^^

 

 

*Oui, il leur arrive de parler Klingon sur France Cul. Farpaitement !


** Voir billet "Un diamant gros comme le Ritz" sur ce blog.

 

 



*** Mon lolcat préféré ever :         chat-qui-louche-jpg-uic283076-1 je trouve qu'il va très bien avec Mr Stock et ses fadaises, comme le faisait remarquer Roland C. Wagner pas plus tard qu'il y a vingt quatre heures.

**** Si ma tante en avait, on l'aurait appelée Tatie jean-Marc.

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Éloge de la synergie ( en pataugas) 2

Publié le par Jeanne-A Debats

HomeMais évidemment, comme le faisait justement remarquer Pierre Pevel hier, tout le monde n’a pas besoin de béta lecteurs, surtout s’il a un éditeur (et un bon).

Sauf que l’éditeur lui-même est un béta lecteur de pointe, high tech même*, et en général il est suivi par son sbire infâme, j’ai nommé : sa /son correctrice/ teur**, qui fait grosso modo le même boulot que le type de béta lecteur dont je causais tout à l’heure.

La seule chose qu’ils ne font pas, ces deux-là,  c’est celle-ci :

« Woah ,c’est bien ! »***

Puis, plus rien.

Ce type de béta lecteur bon pour l’ego, nul pour le reste, ne se retrouve jamais dans l’éditeur.

L’éditeur peut très bien COMMENCER sa phrase par :

« Woah, c’est bien… »

Et c’est là qu’il faut rentrer les épaules et attendre que le « MAIS » du Commandeur tombe. Rien de ce qui a été prononcé AVANT ce « MAIS » ne compte. Tenez-le vous pour dit et concentrez-vous.

Perso, je suis toujours tentée dans ces cas-là ( Quand on en est à « Woah, c’est bien !») de demander :

« Cut the shit, passons aux choses sérieuses ! »

Je n’aime pas perdre du temps à me faire lustrer le poil avant qu’on ne m’estoque. Mais ça, c’est moi. Mon ego, je le mets dans le livre fini, imprimé, distribué, dans les mains du lecteur. Avant, il n’existe pas en quelque sorte, il est en gestation.

Personne ne vexe une femme enceinte en lui disant :

« Là, ta gastrulation est un peu molle du genou et toutes les cellules en train de migrer vers l’épiblaste n’ont pas encore atteint le degré de maturation nécessaire. »

Ou alors, la dame est quelqu’un de TRES angoissé. ***

 

Le truc rigolo, c’est que malgré toutes ces relectures, il restera quand même des couillonnades !!!****

C’est ça qui est fou.

Un exemple ?

Plaguers.

Ce roman a été lu par une bonne quinzaine de gens différents, si ce n’est plus.

Et au dernier moment, tandis que je planchais sur le Bon à Tirer, encore une semaine et le bouquin partait à l’impression, je m’aperçois d’un truc :

Scène A

Deux personnages meurent, ils sont pulvérisés par une vague d’énergie.

Scène B

Leurs camarades emportent les cadavres censément réduits en cendres trois lignes plus haut.

ARGH.

Quinze relectures, dont quatre ou cinq de redoutables pros, et personne ne l’avait vu et moi encore moins. La seule différence, c’est que j’avais eu le temps (deux mois) d’oublier le texte tandis que les autres avaient la tête dans le guidon. Mais ce sont eux qui m’ont permis d’oublier, figurez-vous, qui ont donné au roman la part d’étrangeté nécessaire dont j’avais besoin pour le relire d’un œil neuf. L’enfant avait grandi sans moi, je me suis aperçue qu’il avait besoin d’aller chez le coiffeur.

Deux mois plus tôt, j'aurais trouvé cette longueur adorable.

 

...

(à être continué)

 


 

 

 

* Bon c’est une évidence, mais je le dis quand même : si vos 15 bétas lecteurs ont dit un truc et que l’éditeur dit autre chose, ne brandissez pas vos avis contraires comme des étendards. Discutez, si ça vous fait plaisir, mais si au bout de dix minutes, l’éditeur persiste, y’a de grosses chances que ce soit lui qui ait raison. C’est son boulot.**********

** Je trouve marrant que la plupart des correcteurs soient des correctrices, mais selon moi c’est largement corrélé avec le côté maso indéniable de l’écriture.

*** Y’a aussi l’option « Vous êtes une super star de l’édition, vous vendez à un million d’exemplaires dans 140 pays et plus personne n’ose rien vous dire car même si vous sortez un guide des tabatières des îles Kerguelen à travers les âges, ça se vendra au moins à deux millions d’exemplaires dans 280 pays.

Mais dites-vous bien un truc, si on ne vous corrige plus rien, la plupart du temps, ce n’est pas parce que vous ne commettez plus d’erreurs… (Et la conclusion, je vous laisse y arriver tout seuls^^).

**** OK, l’écrivain TRES angoissé, c’est un peu pléonastique, comme groupe nominal. Mais ça se soigne, sisi. Trouvez un/e copine/ ain (un/e bon/ne), faites-lui régulièrement vos adieux au music hall, ou crevez d’horreur parce que votre manus est en lecture et ça passera. MAIS SURTOUT, SURTOUT n’emmerdez JAMAIS un autre écrivain avec vos doutes. Il a les mêmes, ou a eu les mêmes, pas la peine de lui tendre un miroir grossissant où il aura le plaisir mitigé de se retrouver sous votre avatar.******

***** Sans compter celles qu’on a rajouté en corrigeant.

****** Bon si c’est quand même un/e très bon/ne copain/ine, bien sûr vous pouvez, ça peut même être encore plus efficace parce que là, lui/ elle saura de quoi vous parlez et aura la bonne réaction : UN PUTAIN DE COUP DE PIED AU CUL !!

 Mais si c’est juste une connaissance, évitez. Y’a pas de raison de faire souffrir des gens qui ne vous ont rien fait.*******

******* Vous ne raconteriez pas votre épisiotomie ou votre cancer de la prostate à n’importe qui, hein ? Eh bien, c’est pareil !*******

******** Ou alors, tenez un blog  et larmoyez dessus à pleins baquets : les gens qui viendront malgré tout pour vous regarder geindre seront volontaires a priori.^^

********* Un des refrains favoris de Gérard Klein (Immortel éditeur de la collection l'Àge des Étoiles et de la collection Ailleurs & Demain) est "Le client a toujours raison" **********. Or, votre premier client, c'est l'éditeur, c'est même lui qui va payer le plus cher, même s'il espère vaguement faire AUSSI du blé avec votre prose.

********** Preuve que Gérard Klein ne dit pas QUE des conneries (Il en édite aussi, mais seulement pour des raisons commerciales************)

*********** Preuve qu'il ne fait pas QUE des conneries ! ************

************Douze notes de bas de pages, Yesssssssssssssss!

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Éloge de la synergie (en Louboutin) 1

Publié le par Jeanne-A Debats

 

Home« Sans technique, le talent n’est qu’une sale manie. », disait le regretté Georges Brassens à propos d’autre chose, il ajoutait que vu la hauteur des talons, un souteneur s’avérait bien souvent, hélas, un mâle nécessaire*. 


 C’est que c’est une tâche ardue que de donner du plaisir aux autres.** Surtout que, de la même manière dans le déduit, la seule chose qu'on connaisse à peu près, c’est ce qui nous fait plaisir à nous, et encore, cela, dans le meilleur des cas, on l’a appris à la dure. ***


Mais pas tout seul.


Car tout ce que la masturbation intellectuelle en solo**** risque de nous apporter, c’est d’être encore plus sourds à notre entourage.*****

Et donc, compte tenu du fait que nos ailes de géants nous empêchent de marcher******, j’avoue que tenter le décollage en talons aiguilles sans personnel au sol est une idée qui ne m’a jamais traversée.

Je garde une reconnaissance fervente à mes nombreux et précieux aiguilleurs du ciel :

 Joseph Altairac, Ayerdhal, Karim Berrouka, Sébastien Desbois, Jean-Claude Dunyach, Magali Duez, Anne Fakhouri, Denis Guiot, Menolly, les membres de l’atelier d’écriture du forum de Parchemins et Traverses, Mireille Rivalland, David Skurnick, Emmanuel Tollé  et d’autres encore que je ne nommerai pas parce qu’ils préfèrent sans aucun doute oublier ces passages pénibles de leurs vies. Quoi qu’il en soit, et malgré les aléas de la vie et de l’histoire, tous, cités comme anonymes, sachez que vous avez pour toujours une place spéciale dans mes pensées, ne serait-ce qu’à cause de cela.


Bref, tout ça pour dire que le dragon ne s’est pas envolé tout seul, juste bercé par le chant plaintif de son génie naturel, vu que le génie naturel en question possède plein de défauts rédhibitoires, notamment celui de réinventer avec une constance qui force le respect  le fil à couper le beurre, l’eau tiède et les nouilles au beurre.*******

J’ai d’abord eu des béta lecteurs.


Le béta lecteur est une sale race, je vous préviens.

 Il ne comprend rien à rien, se fait chier à vos passages les plus aboutis ou les plus poétiques (quand il les repère), croit voir une faute de syntaxe dans un tour de force stylistique, traque la virgule comme un épagneul une portée de lièvres, ou au contraire en sème des kilos, tant que vous vous demandez s’il ne les achète pas en gros chez Leroy Merdier, vous fait remarquer que si votre personnage continue à sourire comme ça entre deux répliques d’un dialogue qui dure depuis plus de deux pages et il va nécessairement souffrir de crampes atroces à la troisième, n’a pas les bases culturelles pour comprendre à demi-mot ce que vous insinuez lourdement depuis 70000 signes ou alors il les a tellement qu’il sait dès les cinq cents premiers comment l’histoire doit finir, est allé vérifier le trajet de vos héros dans une carte connue de lui seul et vous démontre par A+B que s’ils étaient passés par là, ils auraient été dévorés par une portée de blattes géantes ou arrêtés par les troupes napoléoniennes. Il sait également qu’il faut trois jours pour traverser la forêt de Compiègne en patins à roulettes et que par conséquent votre timing est déplorable.


 Il ne vous rate jamais, le béta lecteur est une ordure !


Mais n’oubliez jamais ceci :

VOUS LE NON-PAYEZ POUR ÇA ! ********

Et sa seule présence est un cadeau des dieux.


Alors, ravalez votre morgue hautaine, Routiers et Capitaines, répondez éventuellement avec humilité, que vous « aimeriez mieux ne pas », mais écoutez ce qu’il vous dit sans vous faire prendre quand vous planquerez les putains de virgules surnuméraires sous le premier tapis volant qui croisera dans les parages.


Là où le béta lecteur est extrêmement précieux, c’est au moment où il vous réécrit un truc parce que c’est comme ça qu’il le sent.


Non, ce n’est pas de l’intrusion (enfin si), mais ça n’est pas grave. Parce que hein, vous êtes grands, c’est votre texte, si ça ne vous plait pas, ne prenez pas (mais poliment). En tout cas, ce qu’il fait à ce moment là, l’intrus, c’est qu’il vous montre TRES exactement ce qui fonctionne mal selon lui. Alors, il a peut-être tort mais au moins c’est déjà clair, à vous de voir si c’est valide en prime.


L’avantage du type qui refait en un coup de cuiller à pot votre phrase si amoureusement ciselée durant des semaines de doutes existentiels sans se demander si par hasard, il ne va pas vous vexer à mort : c’est qu’il VOUS FAIT GAGNER UN TEMPS FOU !!

Parce que je ne sais pas vous, mais moi quand on me dit « Là, c’est maladroit. », ben je suis con*******, dans la mesure où la phrase est correcte grammaticalement, je ne vois pas forcément le souci.


Alors peut-être que vous ne choisirez pas la solution proposée, peut-être que vous mettrez un point d’honneur à trouver MIEUX quitte à y fondre deux ou trois neurones au motif que c’est VOTRE BORDEL DE TEXTE et que l’art doit venir tout entier de vous, (Moi, je n'ai pas ça, hein ? Si c’est mieux, je prends. En remerciant éperdument du cadeau. Mais la seule chose qui soit plus grande que mon ego, c’est ma feignasserie.) peut-être donc. Mais en attendant, vous savez où ça coince pile et parfois vous avez même une idée sur le genre de rustine à poser. Tout bénef.


Rengainez votre orgueil où vous voulez, (Non pas :  lorsqu’il s’agit d’un orgueil d’écrivain, c’est rarement anatomiquement possible.), respirez un grand coup et relisez attentivement la proposition.


Un auteur adulte n’a pas peur d’être un peu réécrit.**********

( à être continué)

 

 

 

 

* Pardon.

** Désolée.

*** Navrée, vraiment.

**** Ce ne serait pas un pléonasme, ça ?

***** Je ne peux pas m’en empêcher, c’est nerveux.

****** Bon d’accord, je change de métaphore... sans conviction.

******* Remarquez toutefois la progression nécessaire dans l’acquisition des compétences.

********  Il n’est pas exclu tout de même que vous lui offriez un café crème à la gare du RER.

********* La preuve, j'ai réussi à faire neuf notes de bas de pages parfaitement inutiles, juste parce que j'adooooooore la NdBdP

********** Bien sûr, si le type vous réécrit ABSOLUMENT tout, posez-vous des questions : sur lui d'abord, sur vous, ensuite. Mais surtout sur vous.

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Chateaubriand ou Bidule !

Publié le par Jeanne-A Debats

Avez-vous jamais entendu quelqu’un dire ceci ou quelque chose de ce genre ? *

— Je viens de relire les travaux de Schrödinger**et jamais je ne me suis senti si petit physicien.

La réponse à ceci pourrait être :

— Et donc tu n’es pas content d’être Alfred Bidule, inventeur du bidule, qui réjouira les générations dans les siècles des siècles, ou au moins tes deux enfants, Ermintrude et Albertin ?***

Ah ben non. Il n’est pas content du tout, se sent nul et arrête d’inventer des bidules (enfin pendant cinq minutes, faut pas rêver non plus).

Et il n'est pas le seul.

Mais ça les mecs***’, c’est de l’orgueil vraiment super mal placé, et je peux vous en parler.

La preuve :

la dernière fois qu’un médecin m’a fait un certificat médical attestant de mes capacités à faire du sport, c’était il y a cinq ans et je remontais à cheval.

— Je te préviens, me dit-il, c’est zéro chute ! Sinon l’an prochain, je ne te le fais pas.

(Oui, mon toubib me dit « tu », c’est dans le sud-ouest, on n’est pas si formaliste quand on a fait suer la même maitresse d’école ou quand nos grand-parents respectifs se sont retrouvés à chaque extrémité d’un même fusil en 1945.)

J’ai fait du deltaplane également (il y a un siècle), du golf (il ya deux siècles), du ski (il y a trois siècles), des sports de solitaires, comme le cheval, ou du moins des sports où l’on n’est pas obligés de comparer sans cesse avec ce que fait le voisin pour voir où on en est.

C’est que je vais vous faire une confidence : le voisin ne semble jamais un étalon (huhu) assez fiable pour me montrer où j’en suis. Même et surtout quand le voisin est champion olympique.

Ce qui compte pour moi, c’est où j’en suis au regard de ce que j’ai réalisé la dernière fois. Et si j’étais ravie jadis quand Gene Kelly*****venait de se faire un slalom spécial sans faute, c’était sans voir la moindre relation avec mon dernier chasse-neige à La Mongie.****** Pour lequel j’étais tout aussi ravie : deux descentes de noire sans chute*******, hosanna !

Ça, c’est de l’orgueil !

(Force m’est d’avouer que j’en suis pourvue à ma convenance, car bien que notoirement des plus difficiles à contenter en toute autre chose, je n’ai point coutume d’en désirer plus que j’en ai.)********

Bref, pétez d’orgueil, les mecs, be yourself et surtout aimez les livres des autres ! Vous n’auriez pas pu les écrire de toutes façons, et ce n’est pas une question de talent, absolument pas.

Cela dit, j’ai arrêté le cheval.

Tout ça parce qu’une fois, il y’a trois ans, j’ai franchi un obstacle une seconde avant ma monture.

Où mène la concurrence mal placée, tout de même !

The harder they fall...

 

 

 

 

 

 

 

* À propos de macramé, de danse de salon ou même, je dis ça complètement par hasard, de littérature…

**  Et c’est Schrödinger qui remporte le prix Nobel de la Séduction Quantique (Si,si regardez bien les autres !) Désormais, mon quanticien à moi que j’ai ce sera Erwin, Erwiiiiiiiiiiiin !


erwin-schrodinger

Erwin Schrödinger (1887-1961)

Quote : “I don't like it, and I'm sorry I ever had anything to do with it.”


*** et ***' Vous noterez que je sous-entends fortement que la personne qui profèrerait ça serait forcément un monsieur. Non, c’est pas du sexisme, juste de l’intuition féminine.****

**** Intuition renforcée par cinq exemples récents, ce qui aide salement les intuitions.

***** Pardon Jean-Claude

****** Station des Pyrénées surtout connue pour Le Tour de France. *******Enfin, une fois je m’étais volontairement assise pour éviter un sapin, mais ça ne compte pas si ?

******** Faut dire que si on m’en rajoutait, je devrais faire l’emplette d’une combinaison spatiale : la stratosphère n’est pas un endroit très respirable, ce me semble. Ni très chaud.

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Piracy is a crime. Noooooooon ? Si, si !

Publié le par Jeanne-A Debats

 

Je viens d’acheter un DVD.

 Parfaitement légal.

 Je le mets en lecture sur mon portable (même pas tombé de camion), pourvu de la version Genuine Windows parfaitement légale, elle aussi !

 Et là, et là, et là PENDANT dix fichues minutes, je me débats avec les bandes annonces de films débiles que JAMAIS je n’achèterai.

 Bon admettons.

 Mais ça, encore ça n’est rien vu que ces pubs veulent bien qu’on les zappe.

Non, le pire c’est la FICHUE vidéo d’avertissement qui te chante pendant un temps infini «  Qui vole un film vole un bœuf et affame toutes les pauvres petites majors du tiers-monde basées à Hollywood ».

Et celle-là, non, hors de question qu’on la zappe, il faut boire le calice jusqu’à la lie, jusqu’à la conclusion inévitable :

 « Piracy is a crime ! »

Voire.

Peut-être bien, les mecs. Vous avez remarqué qu’il y a quelque chose de légèrement contradictoire dans le fait de coller d’office CE truc-là à l’acheteur légal ? Mhm ?

Vous pensez vraiment que les pirates ne sont pas au courant, ou vous avez peur que les non pirates finissent par se rendre compte de l’arnaque ?

N’empêche là, moi, j’ai une furieuse envie de pirater.

N’importe quoi ! Donnez-moi un lien pour pirater « Dorothée contre les reliques nazies* de la mort des Incas », je craque au bout de trois secondes. Je ne sais pas pourquoi.

L’esprit de contradiction sans doute...

Y’a pas de raison.

(Et c’est rien de le dire.)

 

Une petite vidéo pour la route (suggérée aimablement par Stupid chou) :link

  (Bon, avouons que je n'ai toujours pas appris à intégrer le titre au lien.)

(Plus tard, quand je disposerai d'une connexion correcte, au lieu d'un réseau transitant par missi dominici.)

 

 

 

* Est-ce que ça compte ça comme point Godwin ?

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Linda et les garçons

Publié le par Jeanne-A Debats

 

Dans une note de blog, signalée par Jean-Claude Dunyach,  Linda Nagata fait un retour sur sa carrière en tant que femme écrivain de hard science à l’occasion d’un débat qui semble faire le tour du Fandom américain (Tandis que nous, en France, nous penchons sur des questions autrement importantes, typo : « Peut-on admettre dans l’uchronie, un roman avec voyage dans le temps inside ? » ou bien "La cuisse de grenouille est-elle meilleure frite à l'ail ou pendue haut et court dans un saloir ? " -- Ce qui, dans le dernier cas, est une interrogation terriblement française, je n'en disconviens pas.).

 Tout en constatant qu’elle a été accueillie et aidée par ses collègues masculins, soutenue par les nombreux prix qu’elle a reçus, si j’ai tout bien capté : à ce jour, elle aurait vendu 10 000 bouquins, c’est tout. Elle conclut bien sinistrement que si c’était à refaire, elle prendrait un pseudo masculin. Elle avait même renoncé un temps à écrire, dit-elle. Dans le même ordre idée, elle espère désormais en l'édition numérique.


Je vous avoue que j’ai douté un instant, même si je suis loin de posséder son talent et que je n’ai certes pas vendu autant qu’elle.


Mais non, même si je doutais VRAIMENT un jour, ce ne serait pas d’avoir avancé à visage découvert. Si Linda ne vend pas, si je ne vends pas, nos filles le feront peut-être. Gagner du blé, c'est bien, j'adore ça -- après je peux m'acheter des milliers de paires de chaussures aussi improbables qu'importables -- mais ça ne va pas suffire à me couper un sein, ou les deux, même métaphoriquement. Et ça n'est même pas par militantisme, c'est juste que c'est un peu difficile de renoncer à soi.


Et si vous me faites vraiment suer, je ferai de la paranormal romance, peut-être même de la blanche !


Et ce sera bien fait !


Na !

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