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requiescant in bibliotheca

Un diamant gros comme le Ritz (bis) Francis Scott Fitzgerald

Publié le par Jeanne-A Debats

 

livresJ’ai le regret de vous annoncer la fin tragique de Francis Scott Fitzgerald à l’âge approximatif de 44 ans*, il y a environ 63 ans*’. L’auteur de Gastby le Magnifique n’est plus à présenter, aussi ne le ferai-je point, d’abord parce que ça m’arrange, ensuite  parce que, pédago dans l'âme, je crois à la nécessité des recherches personnelles en cas de coup de foudre soudain pour un nouvel intérêt obsessionnel, de plus, ça m'arrange une deuxième fois et parce que , surtout, pour finir, je ne pourrais rien vous dire que vous n’apprendriez sans mal de notre ami Wikiqui S. Eplanteparfois-Maipassissouventqueça.F. Scott Fitzgerald, 1921

(Pour ceux que ça titillerait quand même, son histoire ainsi que celle de sa femme Zelda fut follement romantique, façon entre-deux guerres, au point que c’est un réel truisme** que de le dire, de même que d’ajouter qu’ils furent les héros de leur propre roman****)

 

 

 

 

 

Un diamant gros comme le Ritz est une bonne grosse nouvelle d’environ cent mille signes, peut-être un peu plus, limite novella.

Elle raconte l’histoire d’un descendant de Washington ayant découvert une (littéralement) montagne de diamant qui se terre, paranoïaque, dans le palais voisin du trésor en compagnie de ses esclaves, de son fils et de l’adorable Kismine.

 Tout va très bien dans le meilleur des mondes clos et quand, par hasard, un étranger s’avise de tomber dessus involontairement, on s’en débarrasse sans trop d’états d’âmes. Jusqu’à ce que le fiston invite un de ses copains de classe…

Zelda Fitzgerald, 1922

L’intérêt de cette nouvelle est tout entier dans l’atmosphère fantastique, mythologique, que Fiztgerald tisse petit à petit, en commençant par la toponymie déjà (Ville nommée Hadés, Collège Saint Midas), puis qui glisse lentement mais implacablement vers la démesure, la richesse invraisemblable de Braddock le père, ses solutions ultimes pour la conserver, et le désastre annoncé d’une pleine piscine d’hubrys dans laquelle on plonge à sa suite, au point de tenter de négocier avec Dieu...******

Et c’est toujours à la fin de ce genre de nouvelle, que je me pose deux questions :

a) Comment les gens font-ils pour ne pas voir que c’est de la SFFF ?*******

b) Le rapprochement avec les histoires de « mondes perdus » ou Ridder Haggard est-il si difficile que cela ? Pourquoi est-ce que j’entends dans la voix de Braddock des accents de Celle-qui-doit-être-obéie ?

Ah oui, mais non, pardon, ce n’est pas de la SFFF, c’est une fable philosophique. Bon sang, mais c’est bien sûr !

Cruché-je !

Navrée.

288px-Rolls-Royce Spirit of Ecstasy 


 

* Je ne sais pas compter.


*’Toujours pas.


** Hop un truisme !


*** Hop, un deuxième !****


**** Jusqu’à trois je sais, après je compte en troll :

 Un, deux, trois, beaucoup, puis beaucoup-un, beaucoup-deux, beaucoup-trois… etc, jusqu’à des tas, des tas-un… bref !*****


***** On peut compter en marronniers aussi, je pense, mais ça prend plus de place.


****** Qui, dans cette histoire, a clairement appris à négocier au Marché Égyptien d’Istanbul ou avec Bruce Willis dans le Cinquième Élément.


******* Parmi les gens qui haïssent cette nouvelle********, il serait intéressant de connaître ceux qui font également profession de détester la SFFF.*********


******** Il y en a et c’est leur droit.**********


*********Je vous le dis tout de suite : dans ma famille de fous, on approche un joli 99 pour cent, sauf le snob de service qui ne parviendra jamais à avouer même sous la torture qu’un texte de Fitzgerald le fait suer.***********


********** Si !


*********** Moi, j’y arrive très bien. Cf : « Le propos de Gastby le Magnifique m’emmerde, rien à battre du malaise des parvenus face au rejet de la jet-set de l’époque ! En revanche, quand Fitzgerald m’emmerde il le fait avec style, ce qui n’est pas donné à tout le monde.************ Cela dit, ça ne le sauve que pendant dix minutes… »*************


************ Seulement à Proust et à Flaubert.*************


************* Un /e troll/esse velu/e s’est glissé/e dans ces lignes, Lectrice/teur, ma/on semblable, mon/a frère/soeur, sauras-tu la/e dénicher ? *************’


*************’Et oups, un/e autre !


************** Et à quelques auteurs ou romancières*************’’ encore en vie à qui je ne veux pas retirer le beurre des nouilles**************


*************’’ Et oups, un/e autre !


************** Eco, ça ne compte pas, il a sûrement de quoi s’acheter une motte de beurre grosse comme le Ritz.

 

 

 

 

 

 

 

 

Photos :

1. Francis Scott Fizgerald, 1921, par Gordon Bryant pour Shadowland magazine

2. Zelda Sayre Fitzgerald, 1922, par Gordon Bryant pour Shadowland magazine

3. Spirit of Ectasy in front of a Rolls Royce Silver Shadow par Dan Smith. Licence Creative Commons

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Fendragon de Barbara Hambly

Publié le par Jeanne-A Debats

livresBarbary Hambly n’est pas morte et c’est tant mieux !

Na !

Née en 1951, elle a connu bien des avatars, d’écrivain à professeur de karaté en passant par mannequin et vendeuse d’alcools chics. Elle a étudié un peu partout et fort loin de sa Californie natale, jusqu’à chez nous à l’université de Bordeaux. Troisième femme à s'asseoir sur le siège présidentiel de l’association Science Fiction and Fantasy Writers of America* (après Marta Randall et Jane Yolen) elle est la première auteur de fantasy à occuper ce poste, actuellement tenu par John Scalzi.

Femme de goût, elle épousa George Alec Effinger**.

La série dont Fendragon est le premier tome n’a jamais été traduite en France. C’est bien triste.

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La Jenny de Fendragon, elle, vit dans le péché avec John, le seigneur du coin parce que dans le triste pays de mornes bouseux dont ils sont originaires, ils sont les seuls à pouvoir se comprendre l’un l’autre ; déjà, ils sont les seuls à savoir lire.

 John l’érudit compulsif qui tente de retrouver le savoir dans les manuscrits conservés de la chute d’un antique empire et Jenny la sorcière frustrée qui sait que l’art se nourrit de l’art et qui doit composer entre sa vie de femme, de mère et cette magie qui est toute sa vie à elle.

Jenny trimballe sa culpabilité de préférer l’une à tous les autres, c'est-à-dire la magie au compagnon et aux enfants qu’il lui a demandés.

Parce que jamais elle n’a voulu d’enfant, elle.***

John trimballe sa culpabilité de l’avoir clouée au sol près de lui quand elle pouvait voler.

Ils ont trouvé un modus vivendi mais ce statu quo ronge la jeune femme qui se sent de plus en plus portée vers la magie. Elle aime les siens mais elle veut être elle-même. John la regarde tristement mais sans rancune s’éloigner des enfants et lui un peu plus chaque jour.

Lorsque Gareth, prince dégingandé, idéaliste et maladroit, vient demander leur aide pour chasser le dragon qui ravage le sud du royaume…

C’est un conte de fées (le dragon, la méchante marâtre), un roman de fantasy (le guerrier mutique) une parodie (le guerrier mutique porte des lunettes et lit les manuscrits de cuistres improbables datant des temps antiques, les nains sont dans les mines et le dragon dort sur une pile d’or addictif), une histoire d’amour avec un trio infernal (Jenny, John, le dragon, sisi, un trio infernal zoophile) une étude sociologique (perso, je me retrouve tout à fait dans la superwoman banale qui jongle avec les priorités de tout le monde en râlant pour creuser une petite place pour les siennes et qui est tous les jours confrontée à la tentation d’envoyer paître toutes ces sangsues et de vivre enfin SA VIE).

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Ce qui peut sembler répétitif à certaines^^ (cf Sybille Marchetto, ici ) n’est que la tension même du roman, hors du sujet apparent (vaincront-ils la marâtre ?).

Quant au style, je n’ai jamais été bien fan des traductions du regretté Demuth, je l’avoue,  la VO est tout de même bien plus flamboyante et les morceaux de bravoure (descriptions aussi emperlées de joyaux que boueuses d’ichors de toutes sortes suivant les circonstances), sont une vraie jouissance pour la baroque que je suis. Et paradoxalement, entre ces orgies descriptives et les préoccupations on ne peut plus terre à terre des personnages, il naît une petite musique qu’il est difficile d’oublier, car c’est comme un refrain de vraie vie sur une ligne mélodique onctueuse (règle élémentaire n°3) (J’me comprends).******



Ce roman n’est pas un GRAND roman, ce roman n’est pas un roman ULTIME, on ne crie pas AU GÉNIE******* à la lecture. Mais on le garde sur une étagère pour toujours et de temps en temps, on le relit en souriant tendrement.

C’est déjà énorme.

 

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* Comme je trouve que ce mois d’Août est assez mou, je propose qu’on en fonde une de ce genre ( l’association des Auteurs de SFFFF ou AAdSFFF, genre on la surnommerait azedeffe^^) ça nous ferait de quoi nous battre sur un nouveau sujet, les marronniers usuels n’étant plus de la première fraîcheur.

** Mortel auteur, hélas, de Gravité à la Manque.

*** Je vous jure qu’à l’époque du roman ce genre de position est encore assez révolutionnaire pour une nana, et que celles qui revendiquent le choix de ne pas en faire s’en mangent plein les narines, et même maintenant, mes copines bréhaignes**** m’affirment que ce n’est pas si facile *****

**** Terme antique gascon (bon pas forcément positif, je l’avoue) pour désigner une femme qui n’a pas d’enfants.

***** Pardon

****** Voir ici, la règle n° 3 et merci à Soslan chou de m'avoir indiqué cet article

******* Je vais vous faire une confidence: depuis quelques mois, les génies m’emmerdent de toutes façons.

 

 µ ( Note pour mes lecteurs : si quelqu'un sait comment insérer un lien valide dans overblog, je lui offre un pot à la prochaine convention du Village des Fous. Je piétine le système comme un éléphant depuis trois jours et je ne trouve RIEN! Argh.) µ'

µ' et un grand merci à Cachou qui a gagné une tournée de bière :)

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En attendant le bus galactique

Publié le par Jeanne-A Debats

 

           Parke Des étudiants en virée pour fêter leur diplôme, quoi de plus banal ?

  Sauf que ces deux-là, êtres de pure énergie, ont dessaoulés sur notre planète aux alentours de -30 millions d’années. Leurs potes, las de les attendre, se sont tirés ; ils reviendront les chercher un jour...

  L’un des deux frères, brillant généticien et exobiologiste, se fait suer en attendant, alors il donne un tout petit coup de pouce à l’évolution intellectuelle d’une tribu de singes tout près de leur bivouac...

 

            30 millions d’années plus tard, c’est le bordel intégral :


  un nouvel Hitler risque de faire son apparition aux States, et les deux frères espèrent faire un peu de nettoyage du labo avant le retour tout proche de leurs copains. Heureusement qu’ils peuvent compter sur Judas, Jésus, un joueur de saxophone et l’assassin d’Abraham Lincoln.

  Faut dire qu’ils risquent d’avoir de sacrés comptes à rendre...

 

           

 

Un roman à la fois rigolo, tendre et profond, très profond même, que je conseille à tous. Moi ,ça fait une bonne dizaine de fois que je retourne attendre ce bus-là, je ne le regrette jamais. Une pinte de bon sang et une grosse dose d’intelligence, ça fait toujours plaisir :)livres

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Le Non de la Prose.

Publié le par Jeanne-A Debats

livresZut, Umberto Eco n'est pas mort ET JE SUIS TRÉS DÉÇUE !

Pas qu'il soit encore en vie, hein ?

Je ne veux pas la peau du type qui a écrit Le Nom de la Rose, quand même pas.

Mais dès le deuxième post dans cette catégorie, il m'oblige à rompre une promesse que je m'étais faite sous votre nez : ne dire que du bien des livres dont je causerai.

Et là, avec Le Cimetière de Prague, ben, c'est fichu, je ne peux pas. Oh, c'est divinement écrit, prodigieusement documenté, parfois on voit passer Dumas (avec son pantalon) et JE ME SUIS FAIT SCHMIIIIIIIIIIIIREUH....

Terrible.

Affreux.*

Je ne crois pas au personnage, que voulez-vous ? Il est tellement antipathique, sans l'ombre d'une lumière (à la page 170) que je ne peux plus continuer. Je m'ennuie, j'attends qu'il crève, ce n'est quand même pas normal ! Même dans La Mort est Mon Métier (Merle), j'étais parvenue à empather avec Rudolf Hoess, c'est dire...

Mais là, ce n'est juste pas POSSIBLE. Le héros est tellement con, borné, veule, fourbe, fou, anti hommes, femmes, enfants, chats, chiens, guéridons, que non.

Il n'est même pas -- et c'est le comble -- crédible, à ce stade. Du coup, on s'en tape de ce qui lui arrive, on se fiche de l'histoire de l'italie, on en a rien à carrer du Manifeste des Sages de Sion, parce qu'on n'avale pas une minute que cet abruti manipule quoi que ce soit dans l'ombre : IL N'EXISTE PAS.

(En tout cas, on se dit qu'on préfère qu'il n'existe pas, puis on pense à la Norvège, et on se dit brrr, c'est pas si évident.)

Bon, on peut se dire que Eco en a sûrement remis une louche, voire une pelleteuse, pour que les mals comprenants, sachent immédiatement que non, lui, Eco n'est pas antisémite, mysogine, raciste, confit dans le christianisme le plus hypocrite, le plus répressif et le plus épais, etc, etc.

Que le livre se positionne contre tout ça justement (Et on le comprend d'être précautionneux, quand on voit le "Malentendu Starship Troopers", au hasard. ).

Mais non, non, non et non, je suis navrée, mais trop c'est too much, vous n'auriez pas dû, colonel Jones !

À un moment, même le traducteur craque. On sent qu'il n'en peut plus de ce sale mec. Il lui fait dire "flic"** ou "fric"**', je ne sais plus, mais ce dont je suis à peu près sûre c'est que ce mot-là est une erreur de traduction, compte tenu de l'ambiance générale, du ton et du style superbe de ce même traducteur.

Cela dit, le héros non plus ne s'aime pas, alors le lecteur serait un saint, s'il y réussissait.***

Or moi j'aime les persos, j'ai besoin d'aimer au moins un petit poil les persos pour m'intéresser à ce qui leur arrive.

donc bon.

NON.

Voilà.

Un conseil, si vous avez envie d'Italie au mois d'Août relisez Giuseppe Tomasi  di Lampedusa.

Le Guépard, c'est toujours aussi sublime.

D'ailleurs, j'y retourne immédiatement...

 

 

 

 

 

 

 

* Ma seule consolation, c'est qu'il y a forcément quelqu'un dans le monde qu'un de mes bouquins fait chier quelque part. C'est bas comme revanche, j'en conviens, je ne dis pas que c'est juste, je dis que ça soulage.

** et **' dans les deux cas, ça colle bien avec le sujet du roman.

*** Et mes prétentions à la sainteté, vous vous en doutez, sont assez minces...

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Les Fleurs bleues - Raymond Queneau

Publié le par Jeanne-A Debats

 

 

livresDans les vaisseaux spatiaux qui m’emmènent régulièrement sur Alpha du Centaure, ou  sur le dos de mes voisins, les dragons collectionneurs de nains de jardins, j’emporte toujours avec moi un exemplaire de ce livre.
Je le relis chaque année au moins une fois depuis trente ans, depuis l’année de mes dix ans, depuis le jour où ma mère me l’a fourré dans les pattes comme une bonne grosse tartine de confiture en me disant :
— Tu n’y comprendras rien, mais ce n’est pas grave.
En effet.
Ce n’était pas grave.
Tout y est passé, le beurre, ce côté brûlé du pain que j’évitais toujours, et quand la confiture s’est mise à dégouliner : j’ai tout avalé.
 Gloub. D’un coup.
Je n’y ai toujours rien compris.
J’ai juste compris que ce n’était pas grave.
La vie non plus d’ailleurs.
Ce livre, c’est mon entrée dans l’adorable absurdité du monde et le merveilleux non sens de la vie. Le non sens qui vous rend définitivement libre de tous les canons, les règles, les lois, les diktats...
Ceux du bon goût en priorité, du bon goût en littérature, notamment.
Je ne crois pas que ma mère se soit rendue compte qu’elle m’offrait la clé pour les mondes lointains qu’elle enrage aujourd'hui de me voir visiter, car je suis une traîtresse, contemptrice d’un sous genre pour décérébrés, une prêtresse autrefois prometteuse, désormais défroquée de la sacro-sainte littérature.
Grâce à vous Monsieur Le Livre. Monsieur, je vous dis Monsieur, même si je vous connais (par coeur) depuis si longtemps, même si j’ai dormi la tête sur la forte poitrine du duc d’Auge, ivre d’essence de fenouil dans le hamac de la péniche de Cidrolin  et si je puis indiquer aux Iroquoiselles en sac-à-dos/pataugas la direction du camp de campigne pour les campeurs au décimètre près.
Le vingt-cinq septembre douze-cent-soixante-quatre au petit jour, j’ai considéré un tantinet soit peu la situation historique : elle était plutôt floue.
Tant mieux.

J’ai pu cueillir dans la boue, ça et là, de petites fleurs bleues.

 

 

(Article paru août 2007 dans "Mots comptent double")

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Michaël Moorcock

Publié le par Jeanne-A Debats

livresJe commence par lui.

A tout seigneur, tout honneur.

Michaël Moorcock, j’aime autant vous le dire, à son âge vénérable, possède au moins déjà deux qualités :

a) il n’est pas mort.

(En tout cas, je vous certifie qu’il ne l’était pas samedi dernier quand nous sommes allés faire les groupies, Roland C. Wagner et moi.)

La preuve :

 Moorcock&Colin

 

Michaël Moorcock et Fabrice Colin

Samedi 18 juin 2011 chez Gibert, Paris. 

(Détail rigolo : ce week-end-là et pour la première fois de ma vie, je croisai deux Elric* d'un coup. L'un d'entre eux, pas plus de trois ans, s'est fait photographier avec sa Stormbringer auprès de Moorcock, c'était chou ! )

 

b) il court certainement moins vite que moi.

 

Mais ce ne sont pas les seules.

Ce type est juste un des dieux non-morts de la SF.

Anglais (nobody’s perfect), né en 39 à Londres, il a sans doute dû s’acheter un parapluie en titane pour survivre, après le Blitz, à l’avalanche de prix qui lui a dégringolé sur la margoulette depuis son premier Nebula en 1967.

Dix ans plus tard, ma main fine de préadolescente je-commence-déjà-à-faire-la-gueule-dans-mon-coin-alors-v’voyez-vous-ne-perdez-rien-pour-attendre se tendait vers une étagère de la médiathèque de Maisons-Alfort, une des premières du genre, et en retirait deux volumes :

a) La Cité et les Astres d’Arthur C. Clarke chez PDF (il me semble)

b) Le Chevalier des épées de Moorcock chez Opta

Je ne sais pas lequel j’ai lu en premier, mais si je suis entrée en SF cette année-là, si j’ai toujours refusé d’établir une quelconque distinction qualitative voire nominative entre SF et Fantasy,  c’est parce que tout découle de ces deux bouquins dénichés quasi côte à côte et qui jouaient des coudes contre l’intégrale d’Asimov et deux ou trois opus de mon futur grand amour : Robert A doré Heinlein (Y’avait Révolte sur la Lune, dedans, j’en suis certaine).

En tout cas, Corum Jhaelen Irsei, le prince à la robe écarlate, a posé son manteau sur mes épaules et je ne l’ai jamais lavé depuis (Coruuuuuuuuuum !).

Ensuite, il m’a présenté à Jerry Cornelius et aux Danseurs de la Fin des Temps me convainquant définitivement ainsi que la SF, c’était la vorpale épée, le torse huilé, plus l’électricité (mais avec des boulons), sans compter le LAGS**.

Non que Moorcoock ce soit du pulp, mais il y a quand même du LAGS dans son œuvre et c’est réjouissant. Des persos, aussi, de sacrées figures, que je n’ai jamais oubliées.

D'ailleurs, ce n'est sans doute pas un hasard si après avoir présenté nos respects au grand-père terrible de la science-fiction et fait une bise à son complice, nous nous sommes retrouvés une heure plus tard avec Roland devant un de ces genres de thés bizarroïdes qu'ils servent au Quartier Latin (ambrés, avec de la mousse) à discuter du manque flagrant de personnages tangibles dans la SF en général.

(Défi : citez-moi sans réfléchir dix personnages de SF au sens strict en moins de trois minutes)

(Allez, top chrono, sans tricher !)

(Question subsidiaire : comment s'appelle l'acolyte de R. Daneel Oliwaw*** dans Face aux Feux du Soleil ?)

Yerk, Yerk !!

(Non, Herbefol, Georges, Oncle Joe, vous jouez pas ! Le concours n'est pas ouvert aux IA.)

Nous avons conclu sereinement, au deuxième thé, que peut-être bien que la métaphysique**** est l'une des raisons du déni de la SF en France (encore que ça fonctionne super mal avec ma mère, cette assertion, vu que la métaphysique est la SEULE raison de sa lecture de la SF) mais que l'absence de personnages ne devait pas être innocente non plus, en ce siècle individualiste et féru d'autofiction.

 

 

Ajoutons pour finir en beauté, que le brave Moorcock a également pondu un des premiers romans de steampunk, s'est lancé avec un succès non démenti dans l'uchronie (Gloriana ou La Reine Inassouvie, un chef-d'oeuvre), s'est rendu coupable de quelques chansons assez rock (notamment pour Blue Oyster Cult et la BO du film Métal Hurlant), a été chanteur lui-même dans le groupe Deep Fix, avant d'écrire le roman The Great Rock 'n' Roll Swindle, inspiré par le film des Sex Pistols.


Un vrai prince punk, non ?





Et si le fait que je continue d’inonder les rayons de ma production vous agace, vous savez désormais à qui envoyer vos tueurs à gages.

 

 

  * Elric de Melniboné, l'un des autres héros récurrents de Moorcock,  sans doute le plus célèbre, qui compose avec Erekosë  et Corum la figure du Champion Eternel.

**LAGS : Lézard à Gros Seins, icône incontournable de la SF, si on vous le dit !

** *Dans mes stats persos, j'ai constaté, et toujours trouvé marrant, que le premier dont on se souvienne en général, soit LE ROBOT !

**** Voir ci-dessous Le Petit Dico Troll de la SF. Métaphysique est un mot d'une incroyable grossièreté en SF.

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