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Jingle Hells (track four)

Publié le par Jeanne-A Debats

Jingle Hells (track four)

Roulée en boule, la fille pleurait doucement. Les trois « K » lui jetèrent des regards effarés. Alphonse se retourna pour demander :

- Ces zozos, ce sont les seuls que vous avez croisés dans le coin ?
- Oui, m’sieur ! fit Kamel
- Vous les avez énervés avant, ou bien… ?
- Oh non, m’sieur ! répondit le jeune Beur qui décidément était le porte-parole du groupe. Ils ont juste tiré sans sommation dès qu’on s’est pointés.
- Et elle ?

Kévin avala sa salive :

- Elle était sur le pieu, m’sieur, et ils l’aidaient au départ. On l’a virée pour se planquer derrière le matelas. Et alors, ils ont voulu la shooter, elle aussi !
- Ça n’a pas de sens ! grommela Alphonse en vérifiant son portable.

Pas le moindre réseau, les murs étaient à l’épreuve des ondes et le labo ne disposait pas de téléphone, ainsi qu’il s’en assura à travers la baie vitrée. Parfait. Leurs adversaires ne pourraient appeler personne au secours.

Merde, moi non plus, pensa-t-il.

Je ne répondis pas cette fois : nous n’étions plus dans le feu de l’action et je ne tenais pas à ce qu’il me calcule plus que ça.

Alphonse examina la salle blanche avec plus d’attention. Le type qu’il avait touché, gisait mort, un col romain dépassait sous la veste de bloc à moitié défaite. Il avait buté un curé ! Toubib, qui plus est ! Alphonse tiqua avant de se reculer instinctivement : fous de rage, deux des compagnons du défunt saint homme avaient empoigné un banc et en usait en guise de bélier pour enfoncer le double-vitrage blindé, lui aussi. Il tenait bon. Le dernier était en train d’écrire quelque chose au marqueur sur un feuillet A4 qu’il appliqua bien en vue du biker sur le verre agressé.

« Rendez-nous la femme, sinon… »

Alphonse haussa les épaules et se pencha à nouveau vers la parturiente :

- Mademoi… Madame ? Ça va aller ?

Seul un œil morne et douloureux lui répondit.

- Elle a pas prononcé un vrai mot depuis qu’on est là, m’sieur, intervint Kévin. J’crois pas qu’elle sait causer. Ou alors pas comme nous.

On sentait toute la réprobation du monde dans ce « pas comme nous ». Le garçon avait eu l’air moins choqué lorsqu’il avait parlé des tueurs.

- Faut qu’on se tire ! ordonna Alphonse. Vous trois, vous la portez !

Kévin tenta de protester qu’elle allait les retarder, mais ses deux amis avaient déjà enlevé la future mère dans leurs bras réunis pour former une chaise à porteurs sur leurs mains entrelacées. Karl se contenta de geindre :

- Elle me bousille mon jean avec toute cette merde !

Mais il baissa le nez en croisant les regards conjugués d’Alphonse et Kamel. Il se tut tandis qu’ils se ruaient dans le couloir vers la sortie. À l’extérieur, les maudites cloches annoncèrent onze heures trente.

- Eh, je sens un truc ! hurla Kamel d’un ton révulsé en s’arrêtant si net qu’ils faillirent s’écrouler tous les trois, leur fardeau, Karl et lui.
- Bougez pas !

Alphonse se courba pour scruter entre les doigts qui soutenaient la fille.

- C’est la tête du gosse, fit-il d’un ton si calme que les deux autres s’abstinrent de s’évanouir d’horreur. Écoutez, tenez bon ! On va pas loin !

Il leur fit signe de foncer dans l’escalier et se tint devant eux en cas de défaillance. Une fois dehors, il les conduisit vers la porte du jardinet par laquelle il était venu. Les trois « K » s’y précipitèrent avec leur charge.

- Dans le pavillon, vite ! fit Alphonse en remontant la porte pourrie sur ses gonds et en la bloquant à l’aide d’un vieux frigo abandonné qu’il fit basculer en travers de l’ouverture.

Cette fois, Kévin se rendit utile : ayant avisé un lave-linge dans le tas de rebuts, il entreprit de le traîner vers le biker. Kamel se délesta un instant de sa charge qu’il laissa à un Karl terrorisé et vint leur prêter main-forte. La machine à laver disloquée se retrouva par-dessus le frigidaire. Puis, il revint vers Karl, lequel naviguait au bord de la panique absolue :

- La tête est complètement sortie ! larmoya-t-il.

Peut-être était-ce surtout l’attitude de leur protégée qui l’effrayait le plus. Elle n’avait plus du tout l’air souffrant. Au contraire, elle observait ses cuisses souillées avec une sorte de curiosité passive, non loin de celle de la vache au pré qui considère le passage d’un train.

L’enfantement dans la douleur ne m’a jamais paru essentiel.

De plus, il est meilleur pour les enfants de sortir d’une matrice en vie, me suis-je laissé dire.

Dix minutes plus tard, ils avaient déniché un matelas pas trop sordide dans une des chambres du pavillon abandonné. Alphonse avait envoyé Kamel chercher de l’eau dans le bar tout proche. Les deux autres étaient trop terrorisés pour envisager de revenir si on les autorisait à quitter les lieux. Et Alphonse ne tenait pas du tout à se retrouver seul face à ce qui allait suivre. Il ouvrit à nouveau son portable. Pas de réseau, ici non plus, inutile de songer à supplier Déborah de venir à la rescousse.

Le timing aurait été serré quoi qu’il en soit, mais ça, j’étais le seul à le savoir.

- Elle a pas de nombril, constata Kamel qui rentrait enfin, une grande bassine d’eau encore tiède dans les mains.

Ma protégée venait de relever sa jupe devant eux sans manifester la moindre gêne et scrutait son propre bas-ventre avec un sérieux comique, toujours aussi bovin. L’enfant venait de sortir deux épaules écarlates maculées de déjections diverses. Une odeur d’excréments envahi la pièce obscure et Karl se précipita dehors. On l’entendit vomir longuement.

- J’ai vu un film, une fois… commença Kévin d’un ton incertain.
- Ah, on s’en fout que tu mates des snuffs ! s’énerva Kamel qui épongeait les longues jambes rougies de sang comme il pouvait.

Alphonse appuya la remarque acerbe d’un hochement de tête sec, Kévin rougit mais s’obstina :

- Non, mais c’est pas de ça que je parle ! La gonzesse sans nombril, j’ai vu ça, je vous dis ! C’était un clone !

Publié dans Nouvelles

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Jingle Hells (track three)

Publié le par Jeanne-A Debats

Jingle Hells (track three)

Alphonse se rua dans l’escalier, son cran d’arrêt en main. À mi-hauteur, il l’ouvrit, le claquement froid de la lame sortante lui arracha un sourire nostalgique. Il n’avait pas dû s’en servir autrement que pour découper du saucisson depuis au moins vingt ans. Il gravit les dernières marches à pas comptés espérant arriver discrètement tout en épargnant son palpitant usé qui commençait à faire des siennes. Mais il refusait net d’envisager ce dernier point et mettait avec résolution son essoufflement croissant sur le compte de la concentration.

Quand il parvint sur le palier, il se colla contre le mur et jeta un œil à travers la vitre qui ornait un genre de porte coupe-feu close et marquée du sigle du risque biologique. Les trois cercles imbriqués les uns dans les autres ne lui disaient rien, il s’en moqua donc. De même, il négligea la serrure palmaire qui interdisait le passage au personnel non autorisé et qui avait été désactivée d’un coup de coude rageur par Kévin, quelques minutes plus tôt. J’avais un peu aidé : en général, ce type de circuit effectue son shut-down en position fermée.

De l’autre côté, une nouvelle balle siffla et se perdit à proximité. Alphonse sursauta, mais se détendit lorsqu’il constata que le panneau avait arrêté le projectile. En vitupérant ferme, il se coucha pour ramper dans l’entrebâillement de la porte. Cette fois, rien ne vint s’écraser près de lui, on ne visait pas dans sa direction.

Sur les coudes, il parvint en pestant dans une grande salle d’attente au lino d’une propreté redoutable et envahie d’une puissante odeur d’eau de javel ; une autre porte vitrée se découpait dans la paroi d’en face mais aussi une espèce de sas entrouvert donnant vers ce qui semblait un laboratoire. Du sol, Alphonse pouvait apercevoir les étagères étincelantes couvertes de flacons remplis de liquides multicolores. Il se mordit les lèvres lorsqu’il distingua également une large flaque rouge fleurissant au pied d’un lit d’hôpital renversé, à moitié masqué par le vantail blindé du sas.

- Et merde ! songea-t-il assez fort pour que je l’entende.
- T’inquiète, lui répondis-je sur le même ton, personne n’est blessé, mais dépêche-toi bordel !

Le barbon ne perdit pas de temps à se demander d’où lui venait cet acouphène et se pressa d’autant. Il se redressa à peine et jaillit dans la pièce dans un roulé-boulé assez technique pour que ses os de vétéran n’en pâtissent outre mesure. Une seconde plus tard, il se retrouvait étendu sur le dos des « K ». Les garçons pleurnichaient de concert tandis qu’une pluie de balles s’abattaient autour du lit d’acier derrière lequel ils s’étaient abrités. Ils ne furent même pas surpris de l’apparition d’Alphonse. Ils étaient trop occupés à crever de trouille pour ça ; au point de ne même pas comprendre que s’ils ne se bougeaient pas un peu, le verbe crever cesserait bientôt d’être métaphorique.

Tout en déroulant son corps large, Alphonse constata qu’effectivement aucun de ses protégés n’était atteint, mais alors d’où venait ce sang ? Il suivit du regard la traînée écarlate qui s’élargissait vers la droite, dessinant un chemin évident vers une quatrième personne. La mâchoire d’Alphonse tomba quand il comprit que, loin d’être touchée, la jeune fille aux grands yeux noirs qui le fixaient sans ciller, perdait son sang pour une raison parfaitement naturelle : elle était en train d’accoucher.

Là, au milieu du champ de bataille.

De l’autre côté de la pièce, quatre hommes en blanc, leurs visages barrés par des masques stériles, et dissimulés derrière un bureau tiraient sur tout ce qui bougeait, la dame y compris. À ce stade, je ne m’intéressais plus à Alphonse que de façon marginale, trop occupé que j’étais à dévier les balles qui menaçaient la parturiente. Inventer des prétextes plausibles à la dispersion de projectiles sur une portée de deux mètres demandait toute mon énergie, je suis désolé.

Alphonse évalua la situation et se décida en moins d’une seconde. Il se mit brusquement à genoux, visa un des tireurs, celui qui portait des gants de latex maculés de rouge, et lança son couteau. Il fit mouche. La victime s’écroula sur ses comparses consternés qui en lâchèrent leurs armes et le vieux biker se rua en avant pour tracter la fille à l’abri du lit retourné. Dans l’enthousiasme, il fit un véritable infarctus mais je retrouvais assez de disponibilité pour redémarrer son muscle cardiaque déficient et il ne le sentit même pas.

Voilà, c’est bon, maintenant, tu décroches, Papy ! lui enjoignis-je d’un ton ferme.

Alphonse s’ébroua avec agacement comme pour chasser une mouche importune et fit signe à Kamel de secouer ses copains. Ce dernier lui obéit les yeux exorbités.

- À trois ! gronda le vieil homme d’un ton sans réplique.
- À trois, quoi ? gémit Karl qui avait à peine capté qu’on venait lui prêter main-forte.
- On se tire ! traduisit Kamel.
- Un, deux, maintenant ! souffla Alphonse.

Plié en deux, la donzelle hurlante en travers de son épaule, il ne sut jamais que je le soutins tout du long jusqu’au couloir. Kamel et Kévin s’écrasèrent à ses pieds aussitôt. Karl déboula à son tour une seconde plus tard en braillant :

- J’ai pas entendu trois !!

Alphonse ne répondit pas, il refermait le sas sur les tueurs. Les balles ricochaient sur la surface de métal avec un bruit mat et les chocs se répercutaient dans les poignets du vieil homme tandis qu’il bloquait définitivement la serrure électronique en détruisant le clavier numérique à coups de tatane.

Publié dans Nouvelles

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Jingle Hells (track two)

Publié le par Jeanne-A Debats

Jingle Hells (track two)

Alphonse était persuadé que les « K » mijotaient quelque chose. C’était tout à fait exact, je les avais sommés pour cela. Il n’était pas difficile de planter des idées dans ces crânes vides, la place ne manquait pas. L’ancienne maternité toute proche, désormais désaffectée, mais rachetée par une mystérieuse boîte de soi-disant consulting en biotechnique regorgeait de matériel – pardon, matos – hors de prix, sans compter l’argent – pardon, la thune. Mes petits favoris temporaires en bavaient d’avidité, ne cessant de jeter des coups d’œil peu discrets à la façade du lourd bâtiment années cinquante qui défigurait soviétiquement la place du marché.

Ils y étaient nés ainsi que la plupart des gens du quartier, mais ça n’expliquait pas cet intérêt fasciné. Alphonse n’avait pas manqué de s’en rendre compte. Ça ne m’arrangeait pas, mais je me rappelle m’être dit qu’il laisserait couler. Grossière erreur d’appréciation, dont j’eus bien de la chance de ne pas avoir à me mordre les…

Bon.

Certes, Alphonse ne songeait qu’à rejoindre sa dulcinée septuagénaire, à Céline, à Tafa, à l’oie même. Je m’étais arrangé en outre pour que ces rêveries soient vraiment taraudantes, poursuivant ses narines joviales d’un doux mélange de parfum à la lavande mâtinée graisse de volaille au four. Mais des décennies de programmation patriarcale vinrent entraver mes manœuvres. J’avoue que j’avais négligé cet aspect de la question lorsque j’avais poussé mes débiles chéris à se réfugier dans sa taverne après leur éviction par ce lâcheur de Driss. Sur le moment, je n’avais pas trouvé intelligent de les laisser tourner en rond autour de leur objectif, au vu et au su de tout ce que la ville contenait de pandores.

Bref, l’ancêtre ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter des turpitudes à venir de ses ouailles. Il les avait vus croître en furoncles et en bêtise, ça crée des liens. C’est bien naturel.

Lorsque la dernière ampoule s’éteignit sur la façade de leur cible, Karl, Kamel et Kevin s’empressèrent de quitter les lieux avec un air innocent qui les aurait fait pendre illico dans d’autres parties du monde. Aussi, Alphonse décida-t-il de voir un peu dans quelle nouvelle mélasse idiote, ils couraient se fourrer. Il éteignit le plafonnier central, laissant son établissement baigner dans une faible lueur bleue sans doute issue d’une veilleuse cachée derrière une bouteille et les suivit.

Il se carra dans son antique perfecto et se coula derrière les trois andouilles dans les ruelles perpendiculaires à la place. Le vent s’était mis de la partie, des rafales glacées fouettaient les pommettes et cinglait les oreilles. La chaussée traîtresse glissait sous les rangoes comme une savonnette. Les réverbères timides éclairaient des cercles mesquins de boues en voie de congélation. Mais l’air qui fleurait bon la neige et les hydrocarbures était d’une limpidité de cristal. Alphonse aperçut très distinctement mes sombres idiots mesurant du regard les grilles du bâtiment. Je décidai que c’en était trop, dépêchai le vent souffler du côté des Champs Elysées et renvoyai le blizzard à ses chères études. Un bon vieux smog à couper au couteau ferait mieux mes affaires. J’espérai y dérober mes sbires aux yeux encore trop vifs de leur poursuivant.

Peine perdue, malgré une purée de poix presque londonienne, il les pista à l’oreille grâce au porte-clés de Karl et aux bottes à chaînes de Kevin qui tintinnabulaient avec de petits sons argentins grotesques. Il les surprit à l’instant où Kamel franchissait avec difficulté les grilles de la maternité décatie. Le beau « beuret » était le dernier car il avait fait la courte échelle aux deux autres.

Alphonse mesura la clôture du regard, renonça à l’escalade en haussant les épaules, avant de prendre en hâte une ruelle adjacente. Trois pavillons plus loin, Le vieux biker poussa un portail qui avait dû être pimpant dans les années soixante-dix et pénétra dans le jardinet envahi de rebuts hétéroclites et de broussailles d’une maisonnette abandonnée aux volets violâtres. Il se faufila entre les graminées gelées et les appareils ménagers démantibulés jusqu’à l’arrière-cour. Là, une porte de bois de la même couleur que les volets et mangée de termites s’ouvrait dans un mur mitoyen. Elle s’effondra au deuxième coup d’épaule, pourtant à peine plus convaincu que le premier.

Alphonse s’engagea dans l’étroit passage entre le mur du jardin et l’immeuble, examinant les soupiraux à la base de ce dernier les uns après les autres. Autrefois, quand il était minot, les fenêtres du sous-sol étaient le moyen le plus sûr pour pénétrer dans la maternité et le vieil homme s’y était planqué une paire de fois dans ses parties de cache-cache avec la flicaille. Désormais, c’était impossible : les ouvertures étaient condamnées par un grillage rébarbatif qu’il aurait été difficile de vaincre à la scie à métaux.

Alphonse haussa les épaules derechef, se résignant à faire le tour de l’édifice. Normalement, il aurait préféré disposer de sa propre entrée de service, voire issue de secours, mais les « K » avaient forcément eu un plan pour se glisser à l’intérieur et le vieil homme doutait qu’il avait été subtil. Il pourrait sans doute emprunter la même voie qu’eux.

Bingo ! Une porte secondaire pendait misérable sur ses gonds défoncés. Elle était défendue par une serrure digitale et une caméra, mortes toutes deux ainsi qu’en témoignaient les diodes éteintes sur leurs boîtiers respectifs. En passant, Alphonse les examina et se demanda instantanément pourquoi trois mille sirènes différentes ne résonnaient pas à leur faire péter les tympans pour rameuter l’intégralité des poulets privés de réveillon qui rodaient dans le coin.

Au lieu de cela, le clocher voisin sonna onze heures et malgré les frissons que me causait ce bruit atroce, je ricanai. Évidemment, les trois ahuris n’étaient pour rien dans la défaillance de l’alarme ni de la caméra. Ils n’avaient même pas pensé à leur présence éventuelle, sans parler du courant électrique qui habituellement faisait ronfler le haut de la grille qu’ils venaient de franchir. En revanche, ça ne vous surprendra pas d’apprendre que je suis assez doué avec ce qui implique des étincelles, jusque dans ces jolies choses qu’on appelle des circuits électroniques, n’est-ce pas ?

Le silence succéda à la litanie sinistre du clocher, Alphonse n’hésita plus et pénétra à son tour dans le couloir illuminé par les néons blafards. Dix mètres plus loin, un embranchement l’arrêta, il tendit l’oreille. Les coups de feu claquèrent à cet instant précis. Le vieux biker hésita à nouveau : se prendre une bastos qui ne lui était même pas destinée n’entrait pas dans sa conception d’une soirée réussie, même celle de Noël. Puis, l’image du beau Kamel et de ses potes baignant tragiquement dans leur sang s’imposa à son esprit.

J’étais assez fier de cette vision, je l’avoue. Je l’avais soignée, notamment les yeux noyés de larmes des trois pathétiques débiles. Il aurait fallu un cœur de titane pour résister à cet appel au secours. Celui d’Alphonse était un artichaut, tout juste plaqué alu, et je venais de changer d’avis. Il allait m’être utile, en fin de compte : les ressources de mes dark minables ayant trouvé leurs limites exactement un étage plus haut.

(to be continued)

Publié dans Nouvelles

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Jingle Hells (track one)

Publié le par Jeanne-A Debats

Un conte de Noël pour fêter cet été si pourri qu'il ne parvient même pas à l'être 24h sur 24h :

nouvelle  dans le cycle de Navarre, sans Navarre,

mais avec Lucifer et Alphonse le Biker en guest morning stars...

(Un peu de ACDC ? Ou de Wlakwithneydead ?)

(Un peu de ACDC ? Ou de Wlakwithneydead ?)

J’ai l’impression que les anges font de la rétention anale, en prime de leurs petits problèmes de définition de genre. Sinon, ils auraient renoncé à cette idée : réclamer une histoire de Noël de mon cru.

Il n’y avait que moi qui n’avais pas encore apporté ma contribution à l’Anagnose Mielleuse. Je rajoute « mielleuse », vous vous en doutez. L’esprit de Noël, ça n’est pas vraiment ma partie. C’est même ma contrepartie, si j’ose dire. Mais bon, le privilège de contempler ce grand échalas de Gabriel, la plume basse et l’auréole en berne, se dandinant dans mon salon et osant à peine poser la question, n’est pas donné à tout le monde. Rien que pour cela, ça valait le coup. D’habitude, il me snobe d’une hauteur qui mériterait à elle seule sa catégorie olympique, c’était presque orgasmique que de le voir embarrassé. J’ai donc accepté, ne serait-ce que pour l’air délicatement consterné qu’il arbora ensuite.

Quand on ne sait pas ce qu’on veut…

Je hais Noël. J’abomine Noël. J’exècre les vitrines dégoulinantes de faux ors et de victuailles sous le nez des petites marchandes d’allumettes roumaines à l’agonie, l’odeur du sapin mourant dans le séjour, le cri désespéré des volatiles sacrifiés en masse, les familles stressées qui agressent les postières parce que le jouet du petit n’est pas encore arrivé, la dispute obligatoire du jeune couple dans la voiture avant le réveillon chez les beaux-parents, la vexation du cousin oublié dans la distribution générale de cadeaux improbables, les programmes télé intolérables, sans compter les suicidés de minuit, l’heure où la solitude vient les toucher pile entre les deux yeux. C’est à Noël itou que les boutiques de cochonneries ornementales font leur plus gros chiffre d’affaires et rien que cette raison devrait suffire à faire effacer cette date purulente du calendrier. Ce n’est pas tant que j’aime le monde dans son ensemble, non, vous vous en doutez bien, c’est seulement que j’ai horreur du mal stupidement traditionnel.

En revanche, j’aime bien les motards.

Notamment, les vrais. Ceux qui arborent des favoris à faire damner une petite maîtresse dix-neuvième (siècle) et conduisent des Harley capables de réveiller l’intégralité du douzième (arrondissement) au démarrage. Même s’ils ont leurs défauts, eux aussi : entre autres celui de cogner parfois à mort la blondinette décolorée qui orne l’arrière de leurs chromes, ou de l’empêcher d’avoir sa propre moto. Sans doute ont-ils peur qu’il lui pousse un cerveau après qu’elle ait appris à distinguer une clé à pipes d’un kit de tunning. Il est vrai que le risque est grand, en cas de floraison inopinée des synapses, que la jeune dame se trotte en compagnie d’un individu plus recommandable.

Je n’en déteste pas pour autant les wannabe motards ; ceux-là ont un scooter centenaire qu’ils garent deux rues plus loin que leur zinc de prédilection dans lequel ils feront une entrée triomphale, un casque rutilant sous le bras. J’ai un faible pour les minables : en cas de crise, ils sont capables d’agir de façon passionnante. Le dark minable, c’est carrément le top, si vous me passez toutes ces expressions modernes (En tout cas, on m’a affirmé qu’elles l’étaient.). Le dark minable recèle des ressources insoupçonnées refoulées depuis des années et qui ne demandent qu’à être employées à mauvais escient. Qui supplient même pour l’être.

C’est l’histoire d’un vrai motard et d’une bande de nuls que je vais vous conter.

Il était donc un vingt-quatre décembre, dans la banlieue parisienne, à Montreuil-sous-Bois, plus précisément. L’horloge se traînait aux alentours de dix heures du soir. Il avait neigé la veille, mais la température s’était radoucie entre-temps si bien qu’une boue noirâtre avait remplacé très vite le blanc manteau de rigueur. On pataugeait dans la bouillasse répugnante, transi de froid et d’humidité malsaine, les joues rougies et la goutte au nez.

Au bar de L'Escale, le vieil Alphonse, ancien Hell’s Angel garanti sur facture et rangé des bécanes depuis plus de trente ans, avait renoncé à passer la serpillière sur le carrelage souillé. De toute façon, il n’attendait qu’une chose, cet homme-là : que les trois jeunes crétins boutonneux déguisés en bikers d’opérette veuillent bien libérer son café de leur présence. En d’autres temps, ces guignols n’auraient même pas osé lui demander l’heure ; là, ils ne cessaient de réclamer d’autres tournées de la bière la moins chère du comptoir, tout en ne se bousculant guère pour régler l’addition.

Alphonse sentait la moutarde monter à son nez olympien qu’il avait cassé en plusieurs endroits et à différentes époques. Lui, il ne rêvait que de l’oie rôtie qui l’attendait chez Déborah sa vieille copine, en compagnie de Tafa, son fils adoptif, et la femme de ce dernier qui, elle, attendait plutôt un bébé. Alphonse était tout chose chaque fois qu’il jetait un œil gêné à ce ventre de plus en plus rond. N’empêche, il crevait d’envie de retrouver sa famille et ce soir-là, il avait espéré fermer plus tôt. Le réveillon, rien à battre : Déborah et Céline étaient juives, Tafa, très vaguement musulman quand il y pensait, et, lui, Alphonse ne croyait ni à Dieu ni à …

Passons.

Au lieu de cela, il avait hérité des trois « K » que Driss le patron du bar d’en face avait dû se résigner à virer pour la énième fois. Il y avait Karl le gros black, laid et boutonneux qui haïssait l’univers entier. En face de lui trônait Kévin, son clone gaulois mais en version faf, rasé jusqu’à l’intérieur de la tête, tellement niais qu’il ne s’était toujours pas aperçu que ses deux meilleurs potes – et les seuls en ce monde – appartenaient à deux genres dont il prétendait désirer ardemment la disparition de la surface de la Terre. Kamel, le joli petit beur, assis en bout de table, l’œil bleu vert et le cheveu de jais, était doté des rares neurones de la meute, mais il en faisait volontiers profiter ses deux camarades.

Le CPE de leur ancien collège, les surnommait les « trois cas ». Les mains courantes les concernant soutenaient plusieurs fois le plafond du commissariat voisin mais personne n’avait encore pensé à transformer ces pilastres de papiers en plaintes en bonne et due forme. Ils n’étaient même pas parvenus à se rendre suffisamment nuisibles.

(To be continued)

Publié dans Nouvelles

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Clap clap de fin

Publié le par Jeanne-A Debats

J'aimais bien Robin Williams.

Clap clap de fin
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L'été, c'est le temps des Critiquaquatiques (2)

Publié le par Jeanne-A Debats

Top ten des critiques qu’on peut balancer à un critique[1]

 

1) Il  n’a pas lu le livre[2]. VAPLPCP[3]

2) Il attribue à l’auteur un projet qu’il n’avait pas, et du coup le juge loupé[4].

3) Il réécrit le bouquin à la place de l’auteur. [5] VAPLPCP

4) Il reproche à l’auteur des erreurs inexistantes.[6]

5) Il déniche une incohérence qui n’existe que dans sa tête et parce qu’il n’a pas lu le bouquin jusqu’au bout. (Ou ses suites)

6) Il s’indigne du fait que les héros utilisent des références aux livres du même genre, comme si les héros en question DEVAIENT habiter une uchronie où le genre n’a pas vu le jour.

7) Il voit deux fois un mot qui l’agace et décide que c’est trop sur 800 pages.

8) Il décide que le personnage de cruche[7], là, représente l’essentiel des convictions de l’auteur quant aux femmes, ou que l’insupportable macho[8] est la preuve du féminisme exacerbé de la romancière… VAPLPCP

 (Le fait que ces gens existent dans la vraie vie n’a aucune espèce d’importance.)

9 ) Il décide que par définition[9] les opinions du personnage principal sont celles de l’auteur.

10) Il s’indigne que l’auteur se « soit fait plaisir [10]».

11[11]) Il présume d’office que l’auteur ne sait pas ce qu’il fait (voir 2, 3, 5, 6, 9)

12)[12] Il déteste le bouquin parce qu’il est copain avec untel qui hait l’auteur[13].

 

 

 

 

 

[1] Si on a du temps à perdre, qu’on s’ennuie, et pas peur de passer pour un connard sans dignité avec la bave aux lèvres.

(Moi, ça me gêne pas^^)

[2] Et ça se voit.

[3] Valide Aussi Pour Les Pires Critiques Positives.

Il y’en a.

[4] Ben tiens !

[5] Coupe, rallonge, change l’importance d’un personnage, le sens de l’histoire, la structure du scénar, tant et si bien qu’à la fin t’as un peu envie de lui balancer la critique numéro 1 du top ten précédent.

[6] Bien vérifier quand même, avant de brailler.

[7] Syndrome de Podkayne, fille de Mars

[8] Syndrome du Sécateur

[9] Syndrome de Marcel Proust.

[10] Le plaisir, c’est le mal, même en littérature. Pour la scène de cul, de viol, de massacre : manifester urbi et orbi l’intense malaise que vous avez eu à l’écrire. D’ailleurs, hurlez partout que vous écrivez pour ne pas crever. C’est sûrement vrai, mais c’est pas obligé d’être la mine non plus.

[11] Je ne sais toujours pas compter.

[12] Et ça se voit.

[13] Et ça se voit. (Arguments ad hominem, mettant en cause le chat, la femme, l’homme, la vie sexuelle de l’auteur, ses positions hardies pendant une guerre quelconque et son caractère de merde) (Tout cela pouvant être totalement vrai mais n’ayant que peu à voir avec la littérature)

(Le Kritique dans le Kollimateur, allégorie)

(Le Kritique dans le Kollimateur, allégorie)

Reste que se friter avec un critique est dans l’ensemble toujours une mauvaise idée.

 Le salopard a beau jeu, il est gagnant à tout coup :

ce qui reste après la guerre, c’est sa foutue critique orientée, partiale, maladroite qui parle de VOTRE[1] BOUQUIN[2].

 (Ce qui n’empêche pas le salopard de prendre des airs de pétunia quand il lui arrive de s’en manger une d’un auteur ulcéré, ou de ses fans outrés.)

(Lui chantonner « C’est le jeu, ma pauvre lucette » sur l’air de la carmagnole)

 

[1] Qui du coup existe.

[2] Oderint dum metuant.

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L'été, c'est le temps des Critiquaquatiques

Publié le par Jeanne-A Debats

Le top ten des critiques à NE PAS BALANCER à un critique :

 

1) T’as qu'à essayer d'écrire, tu causeras après[i].

2) Quand on se cache derrière un pseudo, on la boucle[ii]. Nooooon[iii] !

3) Contester un argument de goût : « Moi j’aime pas le post apo[iv] » OK, il/ elle n’avait qu’à pas en lire, mais si on avait été vraiment bon, ben on aurait dépassé cet a priori. En tout cas, on n’a pas été ASSEZ bon, pour CE lecteur-là. Se résigner à ne pas plaire à tout le monde.(Et dites-vous que l’argument de goût est le moins pire en fait^^) (c’est même mon préféré) J’ai un de mes critiques favoris[v] qui peut pas supporter mon héros récurrent, je lui en veux pas du tout (Puis faut avouer que Navarre est un sale môme^^)

4) Y’a des fautes d’orthographe[vi].

5) Le critique est mal baisé, il se venge[vii].

6) C’est un con. C’est fort possible, mais ça ne résout rien : la plupart des gens sont des cons, les lecteurs sont des gens, donc…

7) Le critique dit « C’est nul » au lieu de dire « je pense que c’est nul [viii]»

8) Tous les autres ont aimé, pour qui il se prend[ix] ?

9) Il n’aime pas ton livre, mais il aime Twighlight[x].

10) Il a pas le bagage littéraire nécessaire pour juger du style, du scénar, du[xi]

11[xii]) c’est normal qu’il ait pas aimé, il est copain avec untel qui me hait[xiii].

 

 

 

 

 

 

[i] Oui, Dudule, ou alors tu n’écris que pour les collègues ? Ça s’appelle un lecteur, ça, sisi.

[ii] Un peu de bonne foi, Totoche, le milieu est pas assez grand, tu le connais forcément le désagréable contempteur de ton œuvre immortelle, ou alors tu vas le connaître très vite. Y’a pas que la NSA qui trouve des renseignements en deux clicks sur internet

[iii] Parce que toi, Trucmuche, tu t’appelles VRAIMENT Georgina Wiltman ? o_o

[iv] Ou la romance, ou les nouvelles à chute, ou le polar.

[v] Coucou, Philippe ! <3

[vi] Dans tes manus aussi, Bidule, avant que la correctrice passe armée de prolexis ou antidote. (Et même après^^)

[vii] Comme vous êtes tous les deux dans ce cas, statistiquement, (Les gens bien baisés ne courent pas les rues, le monde serait plus cool.) je serais toi, Tatave, je la bouclerais.

[viii] T’as pas l’impression de sodomiser des diptères rhétoriques, là, Totor ?

[ix] Faut vraiment que j’explicite ça ? Perso, je pourrais JAMAIS regarder le docteur Who trop de gens adorent^^.

[x] Je suis hyper fan de certains films de Michael Bay, sisi, et ceux de Bergman (toi aussi, Chouchou, cherche dans ton panthéon l’horreur inavouable : tu es sûr de pas écouter en boucle les valses de vienne, ou Florent Pagny quand personne est dans le coin ?)

[xi][xi] C’est bien possible, c’est même certain, seulement RAPPEL : si tu écris, Mon petit chat, que pour les universitaires et les collègues (bis) tu ne mangeras pas souvent.

[xii] Oui je sais pas compter.

[xiii] C’est peut-être vrai mais ça va être difficile à prouver publiquement sauf si l’autre a franchement passé les bornes. (ça arrive)(voir « critiques valides à balancer » dans post ultérieur)

(Une librairie après le passage d'un Critique, allégorie)

(Une librairie après le passage d'un Critique, allégorie)

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ImaJ'nère Interview

Publié le par Jeanne-A Debats

Mon portrait chinois par jean-Hugues Villacampa en mai 2014

Publié dans Interviews

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Ayas, Humour et esprit de la commune

Publié le par Jeanne-A Debats

Roland Wagner était l'un des piliers des séminaires de Peyresq. A ce titre, les Peyrescans que sont certains d'entre nous, ont désiré lui rendre hommage à travers la dernière table ronde qu'il anima pour nous.

"Ayas, humour et esprit de la commune" est l'enfant de ce désir.

En compagnie d' Estelle Blanquet, Simon Bréan, Jean-Luc Gautero, Samuel Minne, Pascal J. Thomas, Jean-Louis Trudel, Eric Picholle, ainsi que de trois nouvelles-hommages, sous la plume d'Ugo Bellagamba, Claude Ecken et moi-même  avec :

RÔ, L'improbable
Ayas, Humour et esprit de la commune

 

" Paris. France. Aéroport Charles de Gaulle. 01 mai 2084. 12h51.  Enregistrement officiel  restitué, Aya  n°666.

Du fond de sa guérite à l’entrée des pistes de l’aéroport, Georges le gardien ouvrit des yeux exorbités. Une fille malingre se perchait en équilibre sur le mur d’enceinte à quinze mètres de là. La paroi de béton blanc était censément électrifiée sur toute sa hauteur, et au sommet en particulier. Ou quelqu’un avait désactivé le système, ou la gamine était déjà morte.

Georges secoua sa terreur pour sortir en vitesse. Il poussa un soupir de soulagement lorsqu’il la vit balancer les jambes et atterrir avec souplesse. Elle portait un tee-shirt bleu ciel maculé de larmes magenta et vert anis sous laquelle ses petits seins ronds pointaient. Ses longues cuisses flottaient dans un sarouel du même bleu que le tee-shirt, rayé d’un orange flambant. Ses cheveux blonds voletaient sur ses omoplates saillantes. Un renard en slip kangourou gambadait à ses côtés.

Elle divagua à travers les allées de hautes herbes, sinuant entre les pistes d’atterrissage, cueillant au passage des brassées de marguerites sauvages et de bleuets. Elle ne s’arrêtait pas pour les coquelicots. Elle savait peut-être qu’ils ne tiendraient pas cinq minutes, une fois coupés. Le vent emporta une odeur de foin et de fleurs jusqu’à la guitoune.

Sidéré, Georges n’eut pas un geste pour arrêter la promeneuse, il se rua vers le mur d’enceinte. Il le considéra un moment et fit la dernière connerie de sa vie. Il testa l’électrification de la clôture avec le doigt.

On ramassa son cadavre carbonisé quelques heures plus tard, avec ceux des petits animaux fouisseurs et des oiseaux imbéciles..."

(To be continued-------> )

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Tu sais que tu es un écrivain quand...

Publié le par Jeanne-A Debats

Ce dimanche, c'est Lionel Davoust qui nous emmène au temple de la SFFF !

Tu sais que tu es un écrivain quand...

(Avec l'aimable autant qu'involontaire participation de Sylvie Miller, Nicolas Barret et Willy 30 )

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