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Jingle Hells (track five) (and well, this is the end)

Publié le par Jeanne-A Debats

Jingle Hells (track five) (and well, this is the end)

Karl ressurgit sur ces entrefaites. Il avait les yeux rouges et il haletait. Il puait aussi, une véritable infection qui se rajoutait aux remugles d’hémoglobine et de fèces.

- Ouais, je l’ai vu aussi, ce putain de film. On peut mettre une clone en cloques, vous croyez ?
- Une clone en cloques !

Kévin se marrait carrément, mais le torse jaillit à son tour et lui coupa le sifflet. Alphonse se mit à genoux les mains en coupe pour récupérer l’enfant avant qu’il touche le tissu infâme du matelas. Le clocher commença à égrener minuit. Un coup. On vit le sternum. Trois coups. Le haut du ventre. Six coups. Il y eut une pause. Neuf coups. La fille se mit à hurler, je ne pouvais rien pour elle. Dix coups. Les hanches tentèrent de passer. Onze coups. Le hurlement se mua en rugissement d’agonie. Douze coups. Alphonse réceptionnait le gamin.

Juste dans les temps.

- C’est un garçon, annonça-t-il à la mère qui ne réagit pas.

Elle ferma seulement les paupières. Définitivement. Et sous leurs yeux exorbités, son corps commença à se désagréger. En douceur, d’abord, puis de plus en plus vite, avant de disparaître tout à fait dans un nuage de poussière noire.

Je n’aime pas laisser de traces inutiles, même quand ce ne sont pas les miennes. Et consolez-vous, elle n’était pas tout à fait humaine. Ni même autre chose.

Les quatre hommes poussèrent un soupir. Comme s’ils hésitaient à respirer.

- Il s’est passé quoi, là ? tempêta Alphonse. Personne accouche aussi vite que ça !

La situation lui avait totalement échappé à un moment donné et il avait horreur de ça. Ça lui rappelait de mauvais souvenirs, aurait-on dit. À côté de lui, Kévin soupira à nouveau avant de répondre :

- Une clone, dit-il lentement. Pi, z’avez entendu l’heure ? L’est minuit, pile. Une clone, c’est pas vierge, normalement ?
- C’est de StarWar que tu causais tout à l’heure ? demanda Kamel dépassé.
- Pas StarWar, bordel d’arabe à la con ! La bible ! rétorqua l’autre, indigné.
- Tu sais où tu peux te la foutre ta putain de bible ?

Alphonse qui intervint avec une tranquillité pédagogique qu’il était loin de ressentir :

- Ouais, j’aimerai bien savoir où ton pote (Tout en parlant, il nettoyait le nouveau-né avec ce qui restait d’eau tiède.) peut se carrer un des premiers livres saints de l’Islam…

Les deux autres gloussèrent bêtement.
Moi aussi.

Kamel, mouché, se tut et parut plongé dans des abimes de perplexité. Alphonse n’insista pas, secoua la tête avec une pitié consternée et se contenta d’ajouter :

- J’ignore ce qu’ils magouillent dans ce centre, mais je vous conseille de vous en tenir le plus éloignés possible.

Je trouvais l’instant particulièrement bien choisi pour provoquer une autre étincelle dans les circuits de la chaudière du bâtiment dont il était question. Il n’y avait pas que mes quatre séides involontaires que je voulais tenir dans l’ignorance. Les nouveaux proprios de la maternité, une branche techno d’une secte particulièrement démente, n’avaient aucun besoin d’apprendre que j’avais repris un de leurs plans ultra-secrets à mon compte. Au vu de leur réaction, on va dire excessive, lorsque la clone leur avait échappé, ils étaient capable de faire pareil pour mon nouveau projet qui, pour l’heure, vagissait au creux des bras d’Alphonse, ce dernier l’ayant emmailloté à regret dans son perfecto.

- Oui, m’sieur, murmurèrent les trois abrutis en chœur.

Pendant ce temps, le feu se propageait dans la cave du centre et avant la fin de la nuit, il n’en resterait que des parpaings noircis.

- ‘Trouvez pas qu’il est plus gros que tout à l’heure ? demanda soudain Karl, qui les yeux plissés, scrutait le bébé.
- Il a même beaucoup plus de tifs, j’ai l’impression… hésita Kamel.

Alphonse déposa l’enfant en hâte sur le matelas déserté et le considéra avec inquiétude. Pas de doute, il grandissait à vue d’œil. Ses petits membres se tordaient mollement sur le coton passé et s’allongeaient comme des tentacules roses.

- C’est pas normal ! couina Kévin.
- Non, tu crois ?

C’était Kamel qui, toujours vexé par le coup de la bible, en profitait pour reprendre l’ascendant sur ses potes.

- On se tire ! Ça sent vraiment mauvais maintenant ! continua-t-il.

Et avant qu’Alphonse ait pu articuler un mot, les « K » s’enfuirent sans demander leur reste, le laissant seul avec l’enfant qui continuait de grandir, grandir, grandir...

- Et merde ! jura Alphonse pour lui-même.

J’eus pitié de lui et stoppai momentanément la croissance à trois ans à peu près. Je décidai de faire ça la nuit, désormais. Genre, cinq mois par semaine. Le marmot s’agenouilla maladroitement pour tendre ses bras potelés vers le vieil homme. J’en rajoutai une louche sur la chair de poule et les frissons, Alphonse ne put résister et prit le petit garçon contre lui.

- Qu’est-ce que je vais raconter à Déborah, t’as une idée ? grogna-t-il à l’adresse du garçonnet qui lui sourit sans répondre.

Les cloches sonnèrent la demie de minuit, les yeux du bambin luisirent brièvement d’un éclat rubis que je connaissais bien pour le croiser tous les jours dans le miroir. Alphonse soupira et carra ses vieilles épaules en se redressant. Allons, c’était le jour de Noël ! Ce jour-là, moins encore que les autres, on n’abandonne pas les orphelins dans les poubelles.

D’où qu’ils viennent.
Et ça m’arrange.

Ne vous inquiétez pas, il sera adulte et en possession tous ses pouvoirs d’ici décembre prochain.

Joyeux réveillon 2012 !

Publié dans Nouvelles

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Super Fandom contre Mister Bid

Publié le par Jeanne-A Debats

À mon cinquante-millième visiteur passé hier soir discrétos sans se faire annoncer, je dédie cette création purement fandomique...

The bid of the revenge of the daughter of Fu Manchu VS Super Fandom ) (Aka GB in the real life)

The bid of the revenge of the daughter of Fu Manchu VS Super Fandom ) (Aka GB in the real life)

Publié dans Fandom et Parpadelles

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Var, mâtin quel journal !

Publié le par Jeanne-A Debats

Et merci au journaliste de Var matin

.

Var, mâtin quel journal !

L'interview intégrale

"Interview Jeanne-A Debats pour la la fête du livre du var

Jeanne A-Debats, votre roman Pixel Noir est en lice pour le prix des lecteurs de la Fête du livre du Var. Vous qui accumulez les prix depuis cinq ans (notamment pour La Vieille Anglaise et le Continent), accordez-vous toujours de l’importance à ces distinctions ?

Cela dépend de la distinction surtout. Ce sont les prix qu’a récolté la Vieille Anglaise qui m’ont définitivement mis le pied à l’étrier en littérature, je leur en suis profondément reconnaissante. Par conséquent, je ne mépriserai jamais ces choses-là, bien que je préfère désormais recevoir des prix de lecteurs plutôt que de professionnels (dont je fais partie puisque je suis membre du jury du prix Julia Verlanger, prix doté qui récompense chaque année un roman de SF adulte) : l’écrivain est seul au travail, et hors l’éditeur et les ventes, les prix des lecteurs sont les uniques retours tangibles du fait que son œuvre est appréciée. C’est un grand cadeau qui nous est fait.

Vous enseignez les langues anciennes et vous écrivez de la science-fiction. N’est-ce pas contradictoire ?

Au contraire, les civilisations antiques, les Grecs surtout, étaient très attachées à la teknhé et à l’épistémé, le comment et le pourquoi des choses. C’est en Grèce au sixième siècle avant JC que nait l’esprit scientifique, les premières tentatives de démarches rationnelles, de recherches avec l’école de Milet à laquelle appartenait le grand Thalès, de sinistre mémoire pour nos collégiens.
Je connais au moins 3 professeurs de lettres classiques écrivains de SF : Javier Negrete, Pierre Stoltze et Simon Bréan (bien que ce dernier soit plus orienté vers l’étude universitaire du genre que vers l’écriture elle-même avec son Histoire de la Science-fiction Française).
J’ai d’ailleurs participé en collaboration avec de nombreux autres spécialistes à l’élaboration d’un ouvrage de référence en pédagogie, édité dans votre région – à Nice plus précisément – « Science-fiction et didactique des langues» aux éditions du Somnium.
Niché qu’il est, entre la mythologie et la tekhné, un professeur de lettres classiques tombe forcément dans la science-fiction à un moment donné de son parcours personnel.
Ou alors, je ne suis pas sans penser qu’il a raté quelque chose…
Ne serait-ce que parce que « Felix qui potuit rerum cognoscere causas ».
(heureux celui qui connait la cause secrète des choses ).

Comment les Grecs ou les Romains imaginaient le monde de demain, ressemble-t-il à celui qu’ils croyaient se dessiner un jour ?

Les Romains étaient essentiellement des ingénieurs, des avocats, des agriculteurs et des soldats, ils oeuvraient pour un meilleur confort de vie quotidienne, un empire éclairé et efficace, témoins leurs routes, leurs bains, leur voirie ; l’épistémé et la tekhné n’était pas vraiment leur problème, mais c’étaient des champions de la praxis, la pratique des choses.
Quant aux Grecs, ils étaient fascinés par ce que nous appellerions de nos jours la recherche fondamentale.
Ces deux peuples bâtirent autour de la méditerranée un mode de vie qui après son effondrement ne recouvrera un confort équivalent pour la majeure partie de ses concitoyens qu’à partir de la seconde moitié du vingtième siècle si l’on considère l’Europe dans son ensemble (il y eut quelques enclaves de bien-être ici et là, au cours des siècles, notamment la domination mauresque sur l’Espagne, que sa reconquête fait à nouveau basculer dans un âge sombre d’intolérance et d’oppression). Ils n’envisageaient pas l’avenir de la même façon que nous, notamment la notion de progrès sociétal ou technologique parce que leurs manières de penser n’étaient absolument pas judéo-chrétiennes, ni marquées par une scholastique chrétienne. (À savoir que le monde n’était pas censé finir par l’apocalypse, par exemple.) Bizarrement peut-être, le fait que l’univers ne soit pas appelé à disparaitre rendrait la vision de l’avenir totalement différente. En évacuant la notion de chute, on évacue très facilement celle d’ascension ou tout simplement de futur. Pour eux, le monde futur pouvait bien ne pas être très différent de leur monde contemporain appelé à durer toujours. Il est d’ailleurs un très grand roman d’un écrivain américain Robert Silverberg qui répond au titre de Roma Aeterna qui rend assez bien compte de cela à la marge de son propos principal.

Comment vient-on justement à la science-fiction ?

De facto, je suis tombée dedans quand j’étais petite. Mon grand-père était un grand fan du genre, mais un fan honteux. Il cachait ses livres dans sa vieille cantine militaire.
Ma grand-mère était professeur de lettres, ancienne manière. Elle méprisait le genre, au-delà de tout et même pire. Elle jetait les livres de son époux si elle tombait dessus par hasard ou entrait dans de fulminantes et saintes colères.
La littérature de genre représentait à ses yeux une abomination culturelle à étouffer dans l’œuf. Le polar noir trouvait tout juste un semblant d’indulgence devant elle par ses côtés politiques évidents et ses regards vers la tragédie grecque. Elle me confiait donc les classiques qui ont enchanté mon enfance pendant que son époux me refilait en douce « ses » propres classiques, de SF ceux-là. J’ai dévoré les deux avec une égale ferveur, ne voyant pas où était le problème.
Je me souviens surtout de mes premières sueurs froides devant une nouvelle de Belknap désormais classique, elle aussi : les Chiens de Tindalos qui m’empêcha de dormir, noyée d’une fausse terreur délicieuse tout un été.
J’ai sans doute choisi la science-fiction à la toute fin parce que ma famille idolâtrait la littérature classique en général et qu’ils pouvaient être canulants avec ça. En SF, n’y connaissant rien, ils m’ont laissée tranquille.

Pixel Noir met en scène un adolescent plutôt mal dans sa peau, voire même malheureux. Est-ce qu’à cet âge-là, on est toujours condamné à être comme cela et où avez-vous puisé la matière pour décrire si bien votre héros ?

Je ne pense pas que ce soit une condamnation, mais la promesse de l’avenir. L’âge des excès nous apprend tant de choses. Nous faisons tant de bêtises qui vont former l’adulte que nous serons. C’est une période forcément dangereuse et angoissante parce que nous cherchons qui nous sommes, nous décidons qui nous serons. Je continue à l’observer attentivement chez mes enfants ou mes élèves avec un émerveillement ambigu chaque jour : heureuse de les voir grandir, changer, inquiète de leur avenir, et… terriblement soulagée de n’être plus à leur place !

Dans ce monde futuriste que vous décrivez, l’enfant et sa mère dialoguent plus en langage virtuel que dans la réalité. Est-ce que c’est une loupe grossissante du monde d’aujourd’hui ?

En tout cas, ces deux-là dialoguent plus et finalement mieux que les parents et enfants moyens que je connais. Je ne crois pas que le mode de communication soit un problème dès lors qu’il y a communication. Les nouveaux médias offrent seulement une plus grande facilité aux échanges. Qu’importe si Pixel et sa mère correspondent par sms ou conversation virtuelle pourvu qu’ils SE parlent.
À condition de communiquer vraiment, mais là c’est l’auberge espagnole, on reçoit ce qu’on apporte.
Ceux qui ne communiquent pas bien dans la vraie vie, y trouvent parfois l’écrin nécessaire à l’expression de leur individu qu’ils n’auraient pu trouver ailleurs (Un sourd, par exemple, ne l’est pas sur internet, un autiste, ou un handicapé qui ne peut pas sortir facilement). Il y a des dérives bien sûr, mais ce sont les gens qui créent ces dérives. Ils commettraient les mêmes au café du coin.
C’est aussi ma vision des réseaux sociaux à l’échelle de la planète.

D’un cocon à des écrans, d’un espace virtuel à des systèmes qui manipulent les humains, le monde que vous imaginez a-t-il une chance de voir le jour… ou bien n’existerait-il pas déjà un peu ?

Dans mon livre, ce ne sont pas les systèmes qui manipulent les humains, mais bien les humains qui manipulent les systèmes pour asservir d’autres humains. 1984, le roman bien connu, de Georges Orwell semble lu comme un manifeste contre les technologies utilisées par Big Brother. Mais ces technologies ne sont pas coupables de leur usage délétère, ce sont les humains qui les pervertissent. Un marteau peut servir à planter des clous et construire une maison, on peut également l’utiliser pour fracasser un crâne.
Quel que soit le maquillage technologique que prend l’oppression humaine sur les autres humains, c’est la même oppression depuis l’aube des temps, les ficelles sont absolument semblables : l’abdication du libre-arbitre et de l’esprit critique en échange d’une illusoire sécurité. Nous avons appris à résister à celles d’antan, souvenons-nous en pour résister à celles de demain.
Dans Pixel Noir, la technologie présentée pourrait être extrêmement bénéfique et servir aux malades comme aux valides. Elle ne devient nuisible que parce qu’elle a d’abord été modifiée par des incapables sans doute engagés à moindre coût en lieu et place de vrais spécialistes, comme cela arrive si souvent, et qu’ensuite elle sert les desseins d’un dictateur en herbe.
Est-ce une raison pour renoncer à cet espace virtuel ? Ça n’est absolument pas mon propos. Mon propos c’est de dire « De la même façon que vous ne laisseriez pas un adolescent se balader avec une tronçonneuse dans son lycée, vous devez surveiller l’usage de ces technologies. »

Quant à l’existence des espaces virtuels, elle est à peine en dessous de ce que je décris, nous y serons très bientôt et j’ai hâte de voir ça.

Ce qui touche aussi, dans Pixel Noir, c’est votre capacité à parler d’humanité dans un monde de technologies. Vous pensez que cela est (encore) compatible ?

Je ne vois pas du tout où se trouverait l’incompatibilité : ce sont les humains qui ont inventé la technologie. Il n’est rien de plus humain que la technologie qui est le pur produit de la pensée humaine au même titre que l’art auquel elle ressemble par bien des aspects, c’était d’ailleurs l’opinion des Grecs à cet égard.
Cette même technologie nous a libérés bien souvent de nous-mêmes : les femmes savent ce qu’elles doivent d’indépendance à l’invention du lave-linge ou du frigo. Les handicapés la remercient tous les jours lorsqu’ils retrouvent la vue, ou l’usage même partiel d’un membre, sans compter ceux que les nouvelles molécules maintiennent en vie tout simplement.
La technologie pourrait également nous offrir de nouvelles formes d’art (voyez un peu la mutation du graphisme avec les nouvelles technologies informatiques) ou de pensée. Bref, nous permettre simplement d’être encore plus nous-mêmes. Même et y compris en modifiant notre corps pour des raisons autres que médicales, simplement esthétiques par exemple, ou pratiques.
Il faudrait vraiment se débarrasser de Frankenstein, vous savez. C’est une vieille lune qui semble systématiquement condamner l’homme à être dépassé, rendu caduc ou supprimé « par sa création ». J’y ai toujours vu une terreur primitive, tripale, celle du vieillard devant la jeunesse, un discours appris où il faut toujours se méfier a priori de l’étranger, des nouveaux usages, des nouvelles possibilités. On se retranche alors derrière un « ce qui se fait naturellement » illusoire puisque l’homme actuel n’est pas celui qui est sorti des cavernes, il y a deux cent mille ans. Nous nous sommes modifiés nous-mêmes en changeant notre monde. Et moi, femme, professeur et mère, je l’ai déjà dit ailleurs, je pense que chaque seconde qui nous éloigne de ces cavernes est une merveilleuse seconde.
En ceci, je ne partage absolument pas l’avis de mon éminent confrère Alain Damasio qui semble être terrorisé par les possibilités infinies que la technologie pourrait nous offrir de développement vers des voies inattendues, parfois aussi baroques qu’utiles. Il paraît craindre que nous perdions l’essentiel de notre être dans ce qui n’est qu’une émanation concentrée de ce que nous sommes déjà.
L’argument avancé en général pour conspuer la technologie actuelle consiste à dire que nous ne la maîtrisons plus, sommes incapables individuellement de vivre sans, de la remplacer ou de la recréer à partir de rien si besoin (alors que nous maîtrisons a priori le marteau d’un bout à l’autre) (un bâton, une ficelle et hop vous avez un marteau. Essayez maintenant de construire un ordinateur !) Sauf qu’il s’agit d’une simple terreur imbécile de la perte de contrôle dans un monde où de toute façon nous ne contrôlons pas grand-chose (Et déjà, pas le temps qu’il fera demain, ou l’humeur du patron).
Si l’homme se conduit de façon rationnelle, s’il ne mésuse pas de sa création pour opprimer d’autres hommes, l’humanité trouvera sa place au milieu de ses productions. Il se peut même que ce soit cette même technologie qu’on décrie si souvent qui soit l’ultime chance de l’humanité d’échapper à l’autodestruction. Que ce soit en réparant les dégâts que nous les hommes sommes en train d’infliger au monde.
Ou bien, rêvons un peu des étoiles, si elle nous permet de trouver notre voie vers l’espace.
Cela étant, et quoiqu’il arrive, l’humanité est au cœur de mes livres, ce sont mes personnages et leur vie qui m’importent. Ils transportent dans leurs bagages l’essence de leur vie fictionnelle ; la technologie, comme l’art ou l’amour, en fait partie intégralement.

Votre prochain roman sera-t-il pour la jeunesse, toujours de la science-fiction ?
Mon prochain roman est un roman fantastique adulte, il est terminé et paraitra en septembre aux éditions actusf. C’est un roman situé dans un cycle auquel je travaille depuis le début de ma carrière, cycle qui a l’ambition de toucher tous les genres mêmes annexes de l’imaginaire et d’en détourner les codes par l’intermédiaire d’un héros récurrent : le vampire Navarre.
Je dois également absolument terminer un roman adulte « Imajighane » pour ma « maison mère », les éditions l’Atalante, je suis presque aux deux tiers, mais je bloque encore un peu.
J’ai ensuite un projet jeunesse de pure science fiction, mais il n’en est qu’au stade de la rêverie.
En attendant, je fais ce que je fais toujours (car entre autres cordes à mon arc, il m’arrive de faire de l’editing pour les confrères) : je lis et je relis les projets des amis, notamment le merveilleux Bleu Argent d’Olivier Paquet à paraître aux environs de la rentrée aux éditions l’Atalante. Ce roman de science-fiction jeunesse, enfin Young Adult comme dit aujourd’hui, sera une pure merveille. Et je conseille vivement aux prescripteurs du prix de la Fête du Livre du Var d’y jeter un œil pour l’an prochain.

Le monde virtuel que vous imaginez n’est-il pas en réalité cet espace mental qui permet à chacun de nous de s’échapper des soucis du quotidien ?

Même si je crois au pouvoir libérateur de la fiction, je n’en fais pas un moyen d’échapper au monde, mais un moyen de le comprendre. Faire un pas de côté pour regarder les choses sous un angle différent, c’est l’expérience de pensée que propose la Science-fiction. Au final, je suis persuadée que le genre, souvent taxé « d’irréaliste », est au contraire plus proche du réel, plus concerné par le réel qu’aucune autre littérature.
C’est peut-être, sans doute, ce qui éloigne le public de la SF d’ailleurs : la réalité du monde n’est pas si rose ni si simple et la SF transporte du coup la réputation d’être pessimiste et complexe.
(Ce qui est un paradoxe puisqu’elle est tout aussi bien décrite comme un sous genre pour adolescents boutonneux.)
Si je n’avancerai pas que c’est exactement l’inverse sans abuser quelque peu, en revanche, je défendrai l’idée que la SF ne décrit pas des lendemains qui déchantent, elle avertit qu’il est encore temps de les éviter. Je ne vois pas ce qu’on peut trouver de plus optimiste.
Sans compter qu’en général, ce n’est pas demain qu’elle décrit mais aujourd’hui. Robert Heinlein, un grand écrivain de l’âge d’or, disait d’elle qu’il s’agissait de la « pédagogie du réel », l’ensemble de mon œuvre, y compris et surtout en jeunesse, se situe dans cette lignée.
Au même titre que celles de mes collègues préférés : Ayerdhal, Douay, Lainé, Paquet et j’en oublie qui me pardonneront.
Selon Stanislas Lem, un autre grand ancien de la Science-fiction, la SF est la dernière littérature à prendre en charge le discours sur l’humanité ; à ce titre, l’espace mental qu’elle offre est celui de l’expérience, de la recherche, à travers la jubilation et le plaisir de la fiction.


Ce ne sera jamais « seulement » de l’évasion.

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Jingle Hells (track four)

Publié le par Jeanne-A Debats

Jingle Hells (track four)

Roulée en boule, la fille pleurait doucement. Les trois « K » lui jetèrent des regards effarés. Alphonse se retourna pour demander :

- Ces zozos, ce sont les seuls que vous avez croisés dans le coin ?
- Oui, m’sieur ! fit Kamel
- Vous les avez énervés avant, ou bien… ?
- Oh non, m’sieur ! répondit le jeune Beur qui décidément était le porte-parole du groupe. Ils ont juste tiré sans sommation dès qu’on s’est pointés.
- Et elle ?

Kévin avala sa salive :

- Elle était sur le pieu, m’sieur, et ils l’aidaient au départ. On l’a virée pour se planquer derrière le matelas. Et alors, ils ont voulu la shooter, elle aussi !
- Ça n’a pas de sens ! grommela Alphonse en vérifiant son portable.

Pas le moindre réseau, les murs étaient à l’épreuve des ondes et le labo ne disposait pas de téléphone, ainsi qu’il s’en assura à travers la baie vitrée. Parfait. Leurs adversaires ne pourraient appeler personne au secours.

Merde, moi non plus, pensa-t-il.

Je ne répondis pas cette fois : nous n’étions plus dans le feu de l’action et je ne tenais pas à ce qu’il me calcule plus que ça.

Alphonse examina la salle blanche avec plus d’attention. Le type qu’il avait touché, gisait mort, un col romain dépassait sous la veste de bloc à moitié défaite. Il avait buté un curé ! Toubib, qui plus est ! Alphonse tiqua avant de se reculer instinctivement : fous de rage, deux des compagnons du défunt saint homme avaient empoigné un banc et en usait en guise de bélier pour enfoncer le double-vitrage blindé, lui aussi. Il tenait bon. Le dernier était en train d’écrire quelque chose au marqueur sur un feuillet A4 qu’il appliqua bien en vue du biker sur le verre agressé.

« Rendez-nous la femme, sinon… »

Alphonse haussa les épaules et se pencha à nouveau vers la parturiente :

- Mademoi… Madame ? Ça va aller ?

Seul un œil morne et douloureux lui répondit.

- Elle a pas prononcé un vrai mot depuis qu’on est là, m’sieur, intervint Kévin. J’crois pas qu’elle sait causer. Ou alors pas comme nous.

On sentait toute la réprobation du monde dans ce « pas comme nous ». Le garçon avait eu l’air moins choqué lorsqu’il avait parlé des tueurs.

- Faut qu’on se tire ! ordonna Alphonse. Vous trois, vous la portez !

Kévin tenta de protester qu’elle allait les retarder, mais ses deux amis avaient déjà enlevé la future mère dans leurs bras réunis pour former une chaise à porteurs sur leurs mains entrelacées. Karl se contenta de geindre :

- Elle me bousille mon jean avec toute cette merde !

Mais il baissa le nez en croisant les regards conjugués d’Alphonse et Kamel. Il se tut tandis qu’ils se ruaient dans le couloir vers la sortie. À l’extérieur, les maudites cloches annoncèrent onze heures trente.

- Eh, je sens un truc ! hurla Kamel d’un ton révulsé en s’arrêtant si net qu’ils faillirent s’écrouler tous les trois, leur fardeau, Karl et lui.
- Bougez pas !

Alphonse se courba pour scruter entre les doigts qui soutenaient la fille.

- C’est la tête du gosse, fit-il d’un ton si calme que les deux autres s’abstinrent de s’évanouir d’horreur. Écoutez, tenez bon ! On va pas loin !

Il leur fit signe de foncer dans l’escalier et se tint devant eux en cas de défaillance. Une fois dehors, il les conduisit vers la porte du jardinet par laquelle il était venu. Les trois « K » s’y précipitèrent avec leur charge.

- Dans le pavillon, vite ! fit Alphonse en remontant la porte pourrie sur ses gonds et en la bloquant à l’aide d’un vieux frigo abandonné qu’il fit basculer en travers de l’ouverture.

Cette fois, Kévin se rendit utile : ayant avisé un lave-linge dans le tas de rebuts, il entreprit de le traîner vers le biker. Kamel se délesta un instant de sa charge qu’il laissa à un Karl terrorisé et vint leur prêter main-forte. La machine à laver disloquée se retrouva par-dessus le frigidaire. Puis, il revint vers Karl, lequel naviguait au bord de la panique absolue :

- La tête est complètement sortie ! larmoya-t-il.

Peut-être était-ce surtout l’attitude de leur protégée qui l’effrayait le plus. Elle n’avait plus du tout l’air souffrant. Au contraire, elle observait ses cuisses souillées avec une sorte de curiosité passive, non loin de celle de la vache au pré qui considère le passage d’un train.

L’enfantement dans la douleur ne m’a jamais paru essentiel.

De plus, il est meilleur pour les enfants de sortir d’une matrice en vie, me suis-je laissé dire.

Dix minutes plus tard, ils avaient déniché un matelas pas trop sordide dans une des chambres du pavillon abandonné. Alphonse avait envoyé Kamel chercher de l’eau dans le bar tout proche. Les deux autres étaient trop terrorisés pour envisager de revenir si on les autorisait à quitter les lieux. Et Alphonse ne tenait pas du tout à se retrouver seul face à ce qui allait suivre. Il ouvrit à nouveau son portable. Pas de réseau, ici non plus, inutile de songer à supplier Déborah de venir à la rescousse.

Le timing aurait été serré quoi qu’il en soit, mais ça, j’étais le seul à le savoir.

- Elle a pas de nombril, constata Kamel qui rentrait enfin, une grande bassine d’eau encore tiède dans les mains.

Ma protégée venait de relever sa jupe devant eux sans manifester la moindre gêne et scrutait son propre bas-ventre avec un sérieux comique, toujours aussi bovin. L’enfant venait de sortir deux épaules écarlates maculées de déjections diverses. Une odeur d’excréments envahi la pièce obscure et Karl se précipita dehors. On l’entendit vomir longuement.

- J’ai vu un film, une fois… commença Kévin d’un ton incertain.
- Ah, on s’en fout que tu mates des snuffs ! s’énerva Kamel qui épongeait les longues jambes rougies de sang comme il pouvait.

Alphonse appuya la remarque acerbe d’un hochement de tête sec, Kévin rougit mais s’obstina :

- Non, mais c’est pas de ça que je parle ! La gonzesse sans nombril, j’ai vu ça, je vous dis ! C’était un clone !

Publié dans Nouvelles

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Jingle Hells (track three)

Publié le par Jeanne-A Debats

Jingle Hells (track three)

Alphonse se rua dans l’escalier, son cran d’arrêt en main. À mi-hauteur, il l’ouvrit, le claquement froid de la lame sortante lui arracha un sourire nostalgique. Il n’avait pas dû s’en servir autrement que pour découper du saucisson depuis au moins vingt ans. Il gravit les dernières marches à pas comptés espérant arriver discrètement tout en épargnant son palpitant usé qui commençait à faire des siennes. Mais il refusait net d’envisager ce dernier point et mettait avec résolution son essoufflement croissant sur le compte de la concentration.

Quand il parvint sur le palier, il se colla contre le mur et jeta un œil à travers la vitre qui ornait un genre de porte coupe-feu close et marquée du sigle du risque biologique. Les trois cercles imbriqués les uns dans les autres ne lui disaient rien, il s’en moqua donc. De même, il négligea la serrure palmaire qui interdisait le passage au personnel non autorisé et qui avait été désactivée d’un coup de coude rageur par Kévin, quelques minutes plus tôt. J’avais un peu aidé : en général, ce type de circuit effectue son shut-down en position fermée.

De l’autre côté, une nouvelle balle siffla et se perdit à proximité. Alphonse sursauta, mais se détendit lorsqu’il constata que le panneau avait arrêté le projectile. En vitupérant ferme, il se coucha pour ramper dans l’entrebâillement de la porte. Cette fois, rien ne vint s’écraser près de lui, on ne visait pas dans sa direction.

Sur les coudes, il parvint en pestant dans une grande salle d’attente au lino d’une propreté redoutable et envahie d’une puissante odeur d’eau de javel ; une autre porte vitrée se découpait dans la paroi d’en face mais aussi une espèce de sas entrouvert donnant vers ce qui semblait un laboratoire. Du sol, Alphonse pouvait apercevoir les étagères étincelantes couvertes de flacons remplis de liquides multicolores. Il se mordit les lèvres lorsqu’il distingua également une large flaque rouge fleurissant au pied d’un lit d’hôpital renversé, à moitié masqué par le vantail blindé du sas.

- Et merde ! songea-t-il assez fort pour que je l’entende.
- T’inquiète, lui répondis-je sur le même ton, personne n’est blessé, mais dépêche-toi bordel !

Le barbon ne perdit pas de temps à se demander d’où lui venait cet acouphène et se pressa d’autant. Il se redressa à peine et jaillit dans la pièce dans un roulé-boulé assez technique pour que ses os de vétéran n’en pâtissent outre mesure. Une seconde plus tard, il se retrouvait étendu sur le dos des « K ». Les garçons pleurnichaient de concert tandis qu’une pluie de balles s’abattaient autour du lit d’acier derrière lequel ils s’étaient abrités. Ils ne furent même pas surpris de l’apparition d’Alphonse. Ils étaient trop occupés à crever de trouille pour ça ; au point de ne même pas comprendre que s’ils ne se bougeaient pas un peu, le verbe crever cesserait bientôt d’être métaphorique.

Tout en déroulant son corps large, Alphonse constata qu’effectivement aucun de ses protégés n’était atteint, mais alors d’où venait ce sang ? Il suivit du regard la traînée écarlate qui s’élargissait vers la droite, dessinant un chemin évident vers une quatrième personne. La mâchoire d’Alphonse tomba quand il comprit que, loin d’être touchée, la jeune fille aux grands yeux noirs qui le fixaient sans ciller, perdait son sang pour une raison parfaitement naturelle : elle était en train d’accoucher.

Là, au milieu du champ de bataille.

De l’autre côté de la pièce, quatre hommes en blanc, leurs visages barrés par des masques stériles, et dissimulés derrière un bureau tiraient sur tout ce qui bougeait, la dame y compris. À ce stade, je ne m’intéressais plus à Alphonse que de façon marginale, trop occupé que j’étais à dévier les balles qui menaçaient la parturiente. Inventer des prétextes plausibles à la dispersion de projectiles sur une portée de deux mètres demandait toute mon énergie, je suis désolé.

Alphonse évalua la situation et se décida en moins d’une seconde. Il se mit brusquement à genoux, visa un des tireurs, celui qui portait des gants de latex maculés de rouge, et lança son couteau. Il fit mouche. La victime s’écroula sur ses comparses consternés qui en lâchèrent leurs armes et le vieux biker se rua en avant pour tracter la fille à l’abri du lit retourné. Dans l’enthousiasme, il fit un véritable infarctus mais je retrouvais assez de disponibilité pour redémarrer son muscle cardiaque déficient et il ne le sentit même pas.

Voilà, c’est bon, maintenant, tu décroches, Papy ! lui enjoignis-je d’un ton ferme.

Alphonse s’ébroua avec agacement comme pour chasser une mouche importune et fit signe à Kamel de secouer ses copains. Ce dernier lui obéit les yeux exorbités.

- À trois ! gronda le vieil homme d’un ton sans réplique.
- À trois, quoi ? gémit Karl qui avait à peine capté qu’on venait lui prêter main-forte.
- On se tire ! traduisit Kamel.
- Un, deux, maintenant ! souffla Alphonse.

Plié en deux, la donzelle hurlante en travers de son épaule, il ne sut jamais que je le soutins tout du long jusqu’au couloir. Kamel et Kévin s’écrasèrent à ses pieds aussitôt. Karl déboula à son tour une seconde plus tard en braillant :

- J’ai pas entendu trois !!

Alphonse ne répondit pas, il refermait le sas sur les tueurs. Les balles ricochaient sur la surface de métal avec un bruit mat et les chocs se répercutaient dans les poignets du vieil homme tandis qu’il bloquait définitivement la serrure électronique en détruisant le clavier numérique à coups de tatane.

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Jingle Hells (track two)

Publié le par Jeanne-A Debats

Jingle Hells (track two)

Alphonse était persuadé que les « K » mijotaient quelque chose. C’était tout à fait exact, je les avais sommés pour cela. Il n’était pas difficile de planter des idées dans ces crânes vides, la place ne manquait pas. L’ancienne maternité toute proche, désormais désaffectée, mais rachetée par une mystérieuse boîte de soi-disant consulting en biotechnique regorgeait de matériel – pardon, matos – hors de prix, sans compter l’argent – pardon, la thune. Mes petits favoris temporaires en bavaient d’avidité, ne cessant de jeter des coups d’œil peu discrets à la façade du lourd bâtiment années cinquante qui défigurait soviétiquement la place du marché.

Ils y étaient nés ainsi que la plupart des gens du quartier, mais ça n’expliquait pas cet intérêt fasciné. Alphonse n’avait pas manqué de s’en rendre compte. Ça ne m’arrangeait pas, mais je me rappelle m’être dit qu’il laisserait couler. Grossière erreur d’appréciation, dont j’eus bien de la chance de ne pas avoir à me mordre les…

Bon.

Certes, Alphonse ne songeait qu’à rejoindre sa dulcinée septuagénaire, à Céline, à Tafa, à l’oie même. Je m’étais arrangé en outre pour que ces rêveries soient vraiment taraudantes, poursuivant ses narines joviales d’un doux mélange de parfum à la lavande mâtinée graisse de volaille au four. Mais des décennies de programmation patriarcale vinrent entraver mes manœuvres. J’avoue que j’avais négligé cet aspect de la question lorsque j’avais poussé mes débiles chéris à se réfugier dans sa taverne après leur éviction par ce lâcheur de Driss. Sur le moment, je n’avais pas trouvé intelligent de les laisser tourner en rond autour de leur objectif, au vu et au su de tout ce que la ville contenait de pandores.

Bref, l’ancêtre ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter des turpitudes à venir de ses ouailles. Il les avait vus croître en furoncles et en bêtise, ça crée des liens. C’est bien naturel.

Lorsque la dernière ampoule s’éteignit sur la façade de leur cible, Karl, Kamel et Kevin s’empressèrent de quitter les lieux avec un air innocent qui les aurait fait pendre illico dans d’autres parties du monde. Aussi, Alphonse décida-t-il de voir un peu dans quelle nouvelle mélasse idiote, ils couraient se fourrer. Il éteignit le plafonnier central, laissant son établissement baigner dans une faible lueur bleue sans doute issue d’une veilleuse cachée derrière une bouteille et les suivit.

Il se carra dans son antique perfecto et se coula derrière les trois andouilles dans les ruelles perpendiculaires à la place. Le vent s’était mis de la partie, des rafales glacées fouettaient les pommettes et cinglait les oreilles. La chaussée traîtresse glissait sous les rangoes comme une savonnette. Les réverbères timides éclairaient des cercles mesquins de boues en voie de congélation. Mais l’air qui fleurait bon la neige et les hydrocarbures était d’une limpidité de cristal. Alphonse aperçut très distinctement mes sombres idiots mesurant du regard les grilles du bâtiment. Je décidai que c’en était trop, dépêchai le vent souffler du côté des Champs Elysées et renvoyai le blizzard à ses chères études. Un bon vieux smog à couper au couteau ferait mieux mes affaires. J’espérai y dérober mes sbires aux yeux encore trop vifs de leur poursuivant.

Peine perdue, malgré une purée de poix presque londonienne, il les pista à l’oreille grâce au porte-clés de Karl et aux bottes à chaînes de Kevin qui tintinnabulaient avec de petits sons argentins grotesques. Il les surprit à l’instant où Kamel franchissait avec difficulté les grilles de la maternité décatie. Le beau « beuret » était le dernier car il avait fait la courte échelle aux deux autres.

Alphonse mesura la clôture du regard, renonça à l’escalade en haussant les épaules, avant de prendre en hâte une ruelle adjacente. Trois pavillons plus loin, Le vieux biker poussa un portail qui avait dû être pimpant dans les années soixante-dix et pénétra dans le jardinet envahi de rebuts hétéroclites et de broussailles d’une maisonnette abandonnée aux volets violâtres. Il se faufila entre les graminées gelées et les appareils ménagers démantibulés jusqu’à l’arrière-cour. Là, une porte de bois de la même couleur que les volets et mangée de termites s’ouvrait dans un mur mitoyen. Elle s’effondra au deuxième coup d’épaule, pourtant à peine plus convaincu que le premier.

Alphonse s’engagea dans l’étroit passage entre le mur du jardin et l’immeuble, examinant les soupiraux à la base de ce dernier les uns après les autres. Autrefois, quand il était minot, les fenêtres du sous-sol étaient le moyen le plus sûr pour pénétrer dans la maternité et le vieil homme s’y était planqué une paire de fois dans ses parties de cache-cache avec la flicaille. Désormais, c’était impossible : les ouvertures étaient condamnées par un grillage rébarbatif qu’il aurait été difficile de vaincre à la scie à métaux.

Alphonse haussa les épaules derechef, se résignant à faire le tour de l’édifice. Normalement, il aurait préféré disposer de sa propre entrée de service, voire issue de secours, mais les « K » avaient forcément eu un plan pour se glisser à l’intérieur et le vieil homme doutait qu’il avait été subtil. Il pourrait sans doute emprunter la même voie qu’eux.

Bingo ! Une porte secondaire pendait misérable sur ses gonds défoncés. Elle était défendue par une serrure digitale et une caméra, mortes toutes deux ainsi qu’en témoignaient les diodes éteintes sur leurs boîtiers respectifs. En passant, Alphonse les examina et se demanda instantanément pourquoi trois mille sirènes différentes ne résonnaient pas à leur faire péter les tympans pour rameuter l’intégralité des poulets privés de réveillon qui rodaient dans le coin.

Au lieu de cela, le clocher voisin sonna onze heures et malgré les frissons que me causait ce bruit atroce, je ricanai. Évidemment, les trois ahuris n’étaient pour rien dans la défaillance de l’alarme ni de la caméra. Ils n’avaient même pas pensé à leur présence éventuelle, sans parler du courant électrique qui habituellement faisait ronfler le haut de la grille qu’ils venaient de franchir. En revanche, ça ne vous surprendra pas d’apprendre que je suis assez doué avec ce qui implique des étincelles, jusque dans ces jolies choses qu’on appelle des circuits électroniques, n’est-ce pas ?

Le silence succéda à la litanie sinistre du clocher, Alphonse n’hésita plus et pénétra à son tour dans le couloir illuminé par les néons blafards. Dix mètres plus loin, un embranchement l’arrêta, il tendit l’oreille. Les coups de feu claquèrent à cet instant précis. Le vieux biker hésita à nouveau : se prendre une bastos qui ne lui était même pas destinée n’entrait pas dans sa conception d’une soirée réussie, même celle de Noël. Puis, l’image du beau Kamel et de ses potes baignant tragiquement dans leur sang s’imposa à son esprit.

J’étais assez fier de cette vision, je l’avoue. Je l’avais soignée, notamment les yeux noyés de larmes des trois pathétiques débiles. Il aurait fallu un cœur de titane pour résister à cet appel au secours. Celui d’Alphonse était un artichaut, tout juste plaqué alu, et je venais de changer d’avis. Il allait m’être utile, en fin de compte : les ressources de mes dark minables ayant trouvé leurs limites exactement un étage plus haut.

(to be continued)

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Jingle Hells (track one)

Publié le par Jeanne-A Debats

Un conte de Noël pour fêter cet été si pourri qu'il ne parvient même pas à l'être 24h sur 24h :

nouvelle  dans le cycle de Navarre, sans Navarre,

mais avec Lucifer et Alphonse le Biker en guest morning stars...

(Un peu de ACDC ? Ou de Wlakwithneydead ?)

(Un peu de ACDC ? Ou de Wlakwithneydead ?)

J’ai l’impression que les anges font de la rétention anale, en prime de leurs petits problèmes de définition de genre. Sinon, ils auraient renoncé à cette idée : réclamer une histoire de Noël de mon cru.

Il n’y avait que moi qui n’avais pas encore apporté ma contribution à l’Anagnose Mielleuse. Je rajoute « mielleuse », vous vous en doutez. L’esprit de Noël, ça n’est pas vraiment ma partie. C’est même ma contrepartie, si j’ose dire. Mais bon, le privilège de contempler ce grand échalas de Gabriel, la plume basse et l’auréole en berne, se dandinant dans mon salon et osant à peine poser la question, n’est pas donné à tout le monde. Rien que pour cela, ça valait le coup. D’habitude, il me snobe d’une hauteur qui mériterait à elle seule sa catégorie olympique, c’était presque orgasmique que de le voir embarrassé. J’ai donc accepté, ne serait-ce que pour l’air délicatement consterné qu’il arbora ensuite.

Quand on ne sait pas ce qu’on veut…

Je hais Noël. J’abomine Noël. J’exècre les vitrines dégoulinantes de faux ors et de victuailles sous le nez des petites marchandes d’allumettes roumaines à l’agonie, l’odeur du sapin mourant dans le séjour, le cri désespéré des volatiles sacrifiés en masse, les familles stressées qui agressent les postières parce que le jouet du petit n’est pas encore arrivé, la dispute obligatoire du jeune couple dans la voiture avant le réveillon chez les beaux-parents, la vexation du cousin oublié dans la distribution générale de cadeaux improbables, les programmes télé intolérables, sans compter les suicidés de minuit, l’heure où la solitude vient les toucher pile entre les deux yeux. C’est à Noël itou que les boutiques de cochonneries ornementales font leur plus gros chiffre d’affaires et rien que cette raison devrait suffire à faire effacer cette date purulente du calendrier. Ce n’est pas tant que j’aime le monde dans son ensemble, non, vous vous en doutez bien, c’est seulement que j’ai horreur du mal stupidement traditionnel.

En revanche, j’aime bien les motards.

Notamment, les vrais. Ceux qui arborent des favoris à faire damner une petite maîtresse dix-neuvième (siècle) et conduisent des Harley capables de réveiller l’intégralité du douzième (arrondissement) au démarrage. Même s’ils ont leurs défauts, eux aussi : entre autres celui de cogner parfois à mort la blondinette décolorée qui orne l’arrière de leurs chromes, ou de l’empêcher d’avoir sa propre moto. Sans doute ont-ils peur qu’il lui pousse un cerveau après qu’elle ait appris à distinguer une clé à pipes d’un kit de tunning. Il est vrai que le risque est grand, en cas de floraison inopinée des synapses, que la jeune dame se trotte en compagnie d’un individu plus recommandable.

Je n’en déteste pas pour autant les wannabe motards ; ceux-là ont un scooter centenaire qu’ils garent deux rues plus loin que leur zinc de prédilection dans lequel ils feront une entrée triomphale, un casque rutilant sous le bras. J’ai un faible pour les minables : en cas de crise, ils sont capables d’agir de façon passionnante. Le dark minable, c’est carrément le top, si vous me passez toutes ces expressions modernes (En tout cas, on m’a affirmé qu’elles l’étaient.). Le dark minable recèle des ressources insoupçonnées refoulées depuis des années et qui ne demandent qu’à être employées à mauvais escient. Qui supplient même pour l’être.

C’est l’histoire d’un vrai motard et d’une bande de nuls que je vais vous conter.

Il était donc un vingt-quatre décembre, dans la banlieue parisienne, à Montreuil-sous-Bois, plus précisément. L’horloge se traînait aux alentours de dix heures du soir. Il avait neigé la veille, mais la température s’était radoucie entre-temps si bien qu’une boue noirâtre avait remplacé très vite le blanc manteau de rigueur. On pataugeait dans la bouillasse répugnante, transi de froid et d’humidité malsaine, les joues rougies et la goutte au nez.

Au bar de L'Escale, le vieil Alphonse, ancien Hell’s Angel garanti sur facture et rangé des bécanes depuis plus de trente ans, avait renoncé à passer la serpillière sur le carrelage souillé. De toute façon, il n’attendait qu’une chose, cet homme-là : que les trois jeunes crétins boutonneux déguisés en bikers d’opérette veuillent bien libérer son café de leur présence. En d’autres temps, ces guignols n’auraient même pas osé lui demander l’heure ; là, ils ne cessaient de réclamer d’autres tournées de la bière la moins chère du comptoir, tout en ne se bousculant guère pour régler l’addition.

Alphonse sentait la moutarde monter à son nez olympien qu’il avait cassé en plusieurs endroits et à différentes époques. Lui, il ne rêvait que de l’oie rôtie qui l’attendait chez Déborah sa vieille copine, en compagnie de Tafa, son fils adoptif, et la femme de ce dernier qui, elle, attendait plutôt un bébé. Alphonse était tout chose chaque fois qu’il jetait un œil gêné à ce ventre de plus en plus rond. N’empêche, il crevait d’envie de retrouver sa famille et ce soir-là, il avait espéré fermer plus tôt. Le réveillon, rien à battre : Déborah et Céline étaient juives, Tafa, très vaguement musulman quand il y pensait, et, lui, Alphonse ne croyait ni à Dieu ni à …

Passons.

Au lieu de cela, il avait hérité des trois « K » que Driss le patron du bar d’en face avait dû se résigner à virer pour la énième fois. Il y avait Karl le gros black, laid et boutonneux qui haïssait l’univers entier. En face de lui trônait Kévin, son clone gaulois mais en version faf, rasé jusqu’à l’intérieur de la tête, tellement niais qu’il ne s’était toujours pas aperçu que ses deux meilleurs potes – et les seuls en ce monde – appartenaient à deux genres dont il prétendait désirer ardemment la disparition de la surface de la Terre. Kamel, le joli petit beur, assis en bout de table, l’œil bleu vert et le cheveu de jais, était doté des rares neurones de la meute, mais il en faisait volontiers profiter ses deux camarades.

Le CPE de leur ancien collège, les surnommait les « trois cas ». Les mains courantes les concernant soutenaient plusieurs fois le plafond du commissariat voisin mais personne n’avait encore pensé à transformer ces pilastres de papiers en plaintes en bonne et due forme. Ils n’étaient même pas parvenus à se rendre suffisamment nuisibles.

(To be continued)

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Clap clap de fin

Publié le par Jeanne-A Debats

J'aimais bien Robin Williams.

Clap clap de fin
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L'été, c'est le temps des Critiquaquatiques (2)

Publié le par Jeanne-A Debats

Top ten des critiques qu’on peut balancer à un critique[1]

 

1) Il  n’a pas lu le livre[2]. VAPLPCP[3]

2) Il attribue à l’auteur un projet qu’il n’avait pas, et du coup le juge loupé[4].

3) Il réécrit le bouquin à la place de l’auteur. [5] VAPLPCP

4) Il reproche à l’auteur des erreurs inexistantes.[6]

5) Il déniche une incohérence qui n’existe que dans sa tête et parce qu’il n’a pas lu le bouquin jusqu’au bout. (Ou ses suites)

6) Il s’indigne du fait que les héros utilisent des références aux livres du même genre, comme si les héros en question DEVAIENT habiter une uchronie où le genre n’a pas vu le jour.

7) Il voit deux fois un mot qui l’agace et décide que c’est trop sur 800 pages.

8) Il décide que le personnage de cruche[7], là, représente l’essentiel des convictions de l’auteur quant aux femmes, ou que l’insupportable macho[8] est la preuve du féminisme exacerbé de la romancière… VAPLPCP

 (Le fait que ces gens existent dans la vraie vie n’a aucune espèce d’importance.)

9 ) Il décide que par définition[9] les opinions du personnage principal sont celles de l’auteur.

10) Il s’indigne que l’auteur se « soit fait plaisir [10]».

11[11]) Il présume d’office que l’auteur ne sait pas ce qu’il fait (voir 2, 3, 5, 6, 9)

12)[12] Il déteste le bouquin parce qu’il est copain avec untel qui hait l’auteur[13].

 

 

 

 

 

[1] Si on a du temps à perdre, qu’on s’ennuie, et pas peur de passer pour un connard sans dignité avec la bave aux lèvres.

(Moi, ça me gêne pas^^)

[2] Et ça se voit.

[3] Valide Aussi Pour Les Pires Critiques Positives.

Il y’en a.

[4] Ben tiens !

[5] Coupe, rallonge, change l’importance d’un personnage, le sens de l’histoire, la structure du scénar, tant et si bien qu’à la fin t’as un peu envie de lui balancer la critique numéro 1 du top ten précédent.

[6] Bien vérifier quand même, avant de brailler.

[7] Syndrome de Podkayne, fille de Mars

[8] Syndrome du Sécateur

[9] Syndrome de Marcel Proust.

[10] Le plaisir, c’est le mal, même en littérature. Pour la scène de cul, de viol, de massacre : manifester urbi et orbi l’intense malaise que vous avez eu à l’écrire. D’ailleurs, hurlez partout que vous écrivez pour ne pas crever. C’est sûrement vrai, mais c’est pas obligé d’être la mine non plus.

[11] Je ne sais toujours pas compter.

[12] Et ça se voit.

[13] Et ça se voit. (Arguments ad hominem, mettant en cause le chat, la femme, l’homme, la vie sexuelle de l’auteur, ses positions hardies pendant une guerre quelconque et son caractère de merde) (Tout cela pouvant être totalement vrai mais n’ayant que peu à voir avec la littérature)

(Le Kritique dans le Kollimateur, allégorie)

(Le Kritique dans le Kollimateur, allégorie)

Reste que se friter avec un critique est dans l’ensemble toujours une mauvaise idée.

 Le salopard a beau jeu, il est gagnant à tout coup :

ce qui reste après la guerre, c’est sa foutue critique orientée, partiale, maladroite qui parle de VOTRE[1] BOUQUIN[2].

 (Ce qui n’empêche pas le salopard de prendre des airs de pétunia quand il lui arrive de s’en manger une d’un auteur ulcéré, ou de ses fans outrés.)

(Lui chantonner « C’est le jeu, ma pauvre lucette » sur l’air de la carmagnole)

 

[1] Qui du coup existe.

[2] Oderint dum metuant.

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L'été, c'est le temps des Critiquaquatiques

Publié le par Jeanne-A Debats

Le top ten des critiques à NE PAS BALANCER à un critique :

 

1) T’as qu'à essayer d'écrire, tu causeras après[i].

2) Quand on se cache derrière un pseudo, on la boucle[ii]. Nooooon[iii] !

3) Contester un argument de goût : « Moi j’aime pas le post apo[iv] » OK, il/ elle n’avait qu’à pas en lire, mais si on avait été vraiment bon, ben on aurait dépassé cet a priori. En tout cas, on n’a pas été ASSEZ bon, pour CE lecteur-là. Se résigner à ne pas plaire à tout le monde.(Et dites-vous que l’argument de goût est le moins pire en fait^^) (c’est même mon préféré) J’ai un de mes critiques favoris[v] qui peut pas supporter mon héros récurrent, je lui en veux pas du tout (Puis faut avouer que Navarre est un sale môme^^)

4) Y’a des fautes d’orthographe[vi].

5) Le critique est mal baisé, il se venge[vii].

6) C’est un con. C’est fort possible, mais ça ne résout rien : la plupart des gens sont des cons, les lecteurs sont des gens, donc…

7) Le critique dit « C’est nul » au lieu de dire « je pense que c’est nul [viii]»

8) Tous les autres ont aimé, pour qui il se prend[ix] ?

9) Il n’aime pas ton livre, mais il aime Twighlight[x].

10) Il a pas le bagage littéraire nécessaire pour juger du style, du scénar, du[xi]

11[xii]) c’est normal qu’il ait pas aimé, il est copain avec untel qui me hait[xiii].

 

 

 

 

 

 

[i] Oui, Dudule, ou alors tu n’écris que pour les collègues ? Ça s’appelle un lecteur, ça, sisi.

[ii] Un peu de bonne foi, Totoche, le milieu est pas assez grand, tu le connais forcément le désagréable contempteur de ton œuvre immortelle, ou alors tu vas le connaître très vite. Y’a pas que la NSA qui trouve des renseignements en deux clicks sur internet

[iii] Parce que toi, Trucmuche, tu t’appelles VRAIMENT Georgina Wiltman ? o_o

[iv] Ou la romance, ou les nouvelles à chute, ou le polar.

[v] Coucou, Philippe ! <3

[vi] Dans tes manus aussi, Bidule, avant que la correctrice passe armée de prolexis ou antidote. (Et même après^^)

[vii] Comme vous êtes tous les deux dans ce cas, statistiquement, (Les gens bien baisés ne courent pas les rues, le monde serait plus cool.) je serais toi, Tatave, je la bouclerais.

[viii] T’as pas l’impression de sodomiser des diptères rhétoriques, là, Totor ?

[ix] Faut vraiment que j’explicite ça ? Perso, je pourrais JAMAIS regarder le docteur Who trop de gens adorent^^.

[x] Je suis hyper fan de certains films de Michael Bay, sisi, et ceux de Bergman (toi aussi, Chouchou, cherche dans ton panthéon l’horreur inavouable : tu es sûr de pas écouter en boucle les valses de vienne, ou Florent Pagny quand personne est dans le coin ?)

[xi][xi] C’est bien possible, c’est même certain, seulement RAPPEL : si tu écris, Mon petit chat, que pour les universitaires et les collègues (bis) tu ne mangeras pas souvent.

[xii] Oui je sais pas compter.

[xiii] C’est peut-être vrai mais ça va être difficile à prouver publiquement sauf si l’autre a franchement passé les bornes. (ça arrive)(voir « critiques valides à balancer » dans post ultérieur)

(Une librairie après le passage d'un Critique, allégorie)

(Une librairie après le passage d'un Critique, allégorie)

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